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Le Team Benkirane et le dilemme de la croissance
Publié dans Les ECO le 07 - 09 - 2012

Croissance économique . Tel est le leitmotiv du cercle qui continue de foisonner aussi bien dans la sphère de la presse écrite que dans les autres canaux de communication cette année. Ce vecteur crucial du losange de la politique économique a fait l'objet d'un débat très «hot» : Le gouvernement Benkirane soutient le scénario des 3,4%. Le ministre de l'Economie et des finances, Nizar Baraka, indiquait jeudi 2 août 2012 que l'économie marocaine devrait réaliser une croissance d'environ 3,4% au regard de l'évolution qu'ont connue les principaux indicateurs de la conjoncture économique à fin juin dernier au lieu des 4,2% annoncés précédemment.
Le wali de l'institution d'émission du royaume, Abdellatif Jouahri, moins généreux, a présagé un taux du dynamisme économique qui ne dépassera guère les 3%. La boule de cristal du Haut-commissariat au Plan (HCP) avait mis sa main sur le feu et jeté un pavé dans la mare en prophétisant le taux de 2,8%.
Sur le même registre, le Team du Centre marocain de conjoncture (CMC) a auguré, bel et bien, avant la prise des commandes par l'actuel gouvernement sur le trend de 3,2%, avant de revoir ce taux à la baisse pour présager 3%. Dans les années 60 et 70, le Maroc avait l'une des meilleures croissances au monde et était 2e dans le monde arabe après l'Arabie Saoudite. Aujourd'hui, il recule dans le classement des pays arabes.
Notre apostrophe économique est de transcender ce controversé chiffré, notre propos est de nous sublimer de ce débat numérique, de nous distancer des chiffres, de s'abstraire des statistiques pour reméditer les entraves à la croissance et ouvrir un débat méthodologique, sans prétendre aucunement à l'exhaustivité sur les sentiers de la dynamique économique du Maroc :
Faut-il s'immoler et ratiboiser toute une avalanche d'amendements et de refontes économiques pour sécréter une dynamique économique ?
N'est-il pas urgent d'abandonner les formules simples et la quête toujours déçue de «pratiques optimales» au profit d'une analyse économique approfondie de ce qui, au Maroc, fait obstinément obstacle à la croissance ?
N'est-il pas primordial de discerner les véritables réformes indispensables à la croissance de celles qui sont simplement et superficiellement souhaitables pour des questions d'efficacité ?
Cette «duplication du cube» de la croissance économique, toujours erratique, instable et ramollie, quels que soient le sigle et la couleur du gouvernement, reste tributaire, à notre sens, de tout un alphabet d'entraves. Elle demeure aliénée et inféodée par :
L'analphabétisme qui touche une large frange sociale en nous verrouillant dans le panier des pays de catégories faible à moyenne, selon le classement du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).
Une bureaucratie dédaléenne qui demeure dissuasive à l'investissement et au business au Maroc.
Une corruption citée comme l'une des pierres d'achoppement à la fluidité et à la célérité des affaires au Maroc. Un dossier prioritaire au vu du dernier discours du trône du souverain, auquel l'actuel Exécutif doit s'atteler.
Une dette publique où l'endettement intérieur a dépassé la barre des 30% du PIB. La dette publique globale de l'Etat est de 582 MMDH à la fin de l'année 2011, soit 72% du PIB, et la dette publique externe totale est de 190 MMDH, soit 23% du PIB.
Une économie rentière, véritable monstre qui dévore tout arbitrage économique entre les ressources disponibles et entrave les mécanismes de transparence, de méritocratie et de facto plombe la logique du marché.
Une facture pétrolière à travers laquelle le Maroc assouvit ses besoins énergétiques à plus de 95%, considérée comme le principal bouc émissaire de l'érosion du déficit commercial avec à peine 4 mois de couverture en avoirs extérieurs.
Une gouvernance qui laisse encore à désirer et pour laquelle tout un département ministériel a été mis en place dans l'actuel gouvernement Benkirane afin d'instaurer des règles de transparence, de traçabilité des actions et de maximiser les synergies entre les différents intervenants publics et privés dans ces dossiers. Ce portefeuille ministériel est considéré dans la déclaration du gouvernement comme un tronc commun et une priorité dans le suivi et la gestion du travail du gouvernement. Aussi, il est évoqué, dans le discours du trône du 30 juillet, comme un dossier primordial à côté de la lutte contre la corruption, et pour le développement économique et social en général.
Une harmonisation des politiques sectorielles qui fait encore défaut. À cet égard, et pour pallier à cette incohérence, le souverain, à l'occasion du discours du trône 2012, a réitéré son appel au gouvernement pour qu'il assure les conditions de convergence entre les différentes stratégies sectorielles, et qu'il se dote d'outils de veille et d'instruments de suivi et d'évaluation afin d'assurer leur cohérence et mesurer leur efficacité ainsi que l'efficience de l'utilisation des fonds qui leur sont affectés,
Un informel ou une soupape de sécurité sociale qui engloutit plus de 43% du revenu national brut (RNB) et 40% de la valeur ajoutée globale, lequel ligote l'investissement productif national et étranger, une intégration timide en amont et en aval du système productif, ce qui hypothèque la politique commerciale du Maroc en raison de sa synergie symbiotique avec la politique industrielle,
Une justice où les investisseurs souffrent d'une vision timorée de l'indépendance et de l'impartialité du système judicaire. À ce titre, le mardi 8 mai dernier a été jalonné par l'installation par le souverain de la Haute instance du dialogue national sur la réforme de la justice. De surcroît, le discours du trône du 30 juillet 2012 exhibe l'intérêt que porte le roi Mohammed VI à ce grand chantier vital aux affaires économiques du Maroc, en le hissant au rang du dispositif de la nouvelle mouture de la Constitution.
Une main-d'œuvre peu qualifiée qui plombe l'attractivité de l'investissement, dans une ère ayant pour jalons :
Des métamorphoses des déterminants de l'investissement où ceux-ci sont fondés sur l'économie cognitive ayant pour socle la dextérité et la qualification de la main-d'œuvre contre l'anachronique paradigme ricardien d'une main-d'œuvre bon marché et à faible salaire
Des contraintes inébranlables de Just In Time afin de répondre aux calibres du marché extérieur intransigeant en qualité de produit et de délais de livraison.
Un niveau de vie qui se creuse plus singulièrement dans le monde rural, secrétant un hiatus abyssal et un dualisme entre le monde urbain et le monde rural.
Une offre exportable inélastique. À cet égard, il convient de noter que le dernier discours du trône du souverain véhicule un signal fort au Team Benkirane pour orienter ses efforts vers la promotion de différents domaines industriels et des nouvelles technologies par l'aménagement de pôles et d'espaces économiques intégrés propres et à aiguiser la compétitivité des entreprises marocaines, ce qui est de nature à créer un engrenage vertueux entre la politique industrielle et commerciale.
Une privatisation qui demeure tel un feu de paille et sans long feu, dopant les investissements extérieurs.
«Des recettes touristiques, une rente économique et des réserves de change qui ne cessent de baisser», à indiqué le wali de l'Institut d'émission lors de la présentation, devant le souverain Mohammed VI, le 9 août dernier à Casablanca, du rapport de Bank Al-Maghrib (Exercice 2011 et 53e exercice de la Banque centrale),
Un solde de la balance commerciale et par ricochet une balance du compte courant qui ne cessent de se creuser en accusant des baisses, soit pour l'équivalant de 4 mois d'importations de biens & services. Un solde qui s'est érodé de 5,9% en l'espace de 6 mois et, in fine, Un tourisme et des transferts des ressortissants marocains à l'étranger ne couvrant plus que 46% des besoins en devises, ce qui exhibe une ponction importante sur les avoirs extérieurs qui atteignent seulement les 30 MMDH.
Le bilan mitigé relatif à la dynamique économique et la courbe sinusoïdale, pendulaire et cyclique de la croissance économique au Maroc nous apostrophe économiquement et méthodiquement sur un grand nombre de gisements méthodologiques et des «bissectrices» pragmatiques d'actions à mettre en oeuvre pour le présent et le futur.
Il en est ainsi de la synergie des politiques vers le système productif marocain en portant une attention singulière à l'innovation, à la recherche et au développement, au know-how, et aux PME et PMI, véritables mines d'or et de richesses en termes de création d'emplois.
L'expérience de la Malaisie n'est-elle pas édifiante à cet égard ? À ce titre, il importe de signaler que le niveau d'innovation dans l'économie marocaine approché et appréhendé, aussi bien par la part des biens de haute technologie dans les échanges extérieurs que par le niveau des dépenses en recherche et développement dans le PIB, atteste de concert de la minuscule utilisation du progrès technologique et de son faible impact sur la croissance économique.
Les exportations marocaines des produits de haute technologie représentent près de 11% des exportations de biens manufacturés, soit un niveau très bas par rapport à celui atteint par la Corée du Sud et la Malaisie. De plus, notre système social n'est pas arrivé à sortir du tunnel des inégalités de revenus, à colmater les distorsions sociales et à développer une véritable politique du partage du surplus économique et ceci en dépit des dépenses sociales allouées à ce secteur (plus de 55%). À l'appui de notre assertion et en vertu du rapport du Haut-commissariat au Plan (HCP) : 2/3 du surplus économique échoit au facteur capital et seulement le 1/3 aux salariés. L'urgent sera de porter suture sociale et de bannir le fossé qui sépare la classe la plus nantie de la classe démunie pour booster une croissance tirée par la demande intérieure dans un climat international tumultueux et fébrile de crise économique mondiale. Cette problématique est d'autant plus d'actualité qu'il est extrêmement ardu de basculer vers une croissance tirée par les exportations (Export Led Growth).
L'autre must serait d'orienter les commandes «Benkiraniennes» vers ce qu'on appelle dans le jargon de l'économie cognitive, la capacité d'absorption économique : La qualité du facteur travail joue un rôle inéluctable pour la courroie de transmission de la croissance et des spillovers. Le déficit de productivité qu'enregistre l'industrie est lié au manque de qualification et de formation de la main-d'oeuvre. En termes de benchmarking, le niveau du primaire est de 2% au Chili et de 1,7% en Turquie pour lesquels le taux d'ouvriers ayant le niveau du collège ou du lycée est respectivement de 83% et 78%. Cette situation ne permet pas à la force de travail d'améliorer son aptitude à utiliser et optimiser les technologies disponibles. Devant cet état de fait, comment peut-on appréhender la croissance alors que des ressources humaines restent inemployées, sous-utilisées et exclues du processus intrinsèque et d'essence lié à la croissance ?
La contribution du capital humain dans le processus de production est importante et la qualité du facteur travail joue un rôle majeur dans les mécanismes de croissance. Les investissements éducatifs et technologiques constituent des facteurs de progrès économique et social. Faut-il ressusciter le célèbre aphorisme économique longtemps enterré dans le cercueil de la littérature économique du mercantiliste Jean Bodin «Il n'est de richesses que d'Hommes». La réalisation d'un objectif de croissance pérenne nécessite en plus d'un taux d'investissement, une augmentation de la productivité du travail.
L'amollissement du capital humain au Maroc participe à la baisse de la productivité du travail et à l'insuffisante utilisation des capacités productives. L'élévation de la productivité des investissements à travers l'amélioration des connaissances et des compétences humaines est déterminante dans le processus de la croissance économique. Avouons-le : l'activité économique au Maroc se situe à un niveau inférieur à son potentiel de croissance. Elle ne peut pas bénéficier d'externalités positives suffisantes et à même d'atteindre le sentier de croissance endogène, ce qui maintient l'économie à un niveau faible et rend la croissance volatile et vulnérable aux chocs interne et externe. À cet effet, Le discours royal du souverain Mohammed VI du 20 août 2012 consent un message fort quant à l'éducation des jeunes Marocains pour qu'elle devienne un «hydre» économique de développement. Le jeune Marocain ne doit aucunement être séparé du tout social au sein duquel il est immergé. Le séparer conduit à des réductionnismes tels que l'indistinction des besoins, l'homogénéisation des agents, l'élimination du pouvoir, l'opacité de la notion de croissance endogène, et encore ! Le développement du jeune Marocain est une finalité qui devrait unanimement être acceptée par les responsables de la politique, de l'économie et de la recherche. Au-delà du libéralisme et du socialisme, cette conception, que l'on peut qualifier d'humaniste, récuse tout déterminisme univoque quel qu'en soit le sens, entre le jeune et la société marocaine. Il convient donc de favoriser d'urgence une «socialisation humaine plénière» c'est-à-dire une forme de socialisation «qui embrasse tous les jeunes Marocains et soit propice à l'épanouissement de chacun». En sus, l'Initiative nationale de développement humain (INDH), certes laborieuse, n'est pas encore parvenue à s'abstraire d'une vision de fragmentation et de saupoudrage des ressources financières pour aiguiller les commandes royales vers la voie vertueuse d'une action sociale régionalisée en osmose avec les agendas de tutelle à caractère social.
Si des efforts louables sont entrepris depuis son lancement en mai 2005, force est de constater que la démarche reste purement techniciste, unidimensionnelle, ainsi que ponctuelle et ne procède pas à une concertation avec les populations concernées quant à leurs besoins et leur bien-être.
Le legs et l'héritage de la pesanteur d'une administration centrale et centraliste lestent la réussite d'une croissance qui va vers le développement communal, local et territorial. Reconnaissons-le dans ce propos : L'INDH, certes méritoire, créatrice d'activités et génératrices de revenus, ne peut être un ersatz à une véritable politique de croissance et à des revenus dans la durée. La dynamique économique du Maroc doit passer inéluctablement par un accroissement massif de la richesse du pays, c'est-à-dire par un enrichissement de sa population afin d'augmenter la consommation et conduire à la croissance.
Sur ce registre, pour Amartya Kumar Sen, l'un des intellectuels économistes indiens les plus connus et les plus respectés, prix Nobel 1998, le seul moyen d'y parvenir est d'encourager la croissance économique en rendant au marché son rôle central par le renforcement et le raffermissement des libertés individuelles de choisir et d'entreprendre. Et pour que la croissance soit durable et équitable, il faut que les pauvres y prennent une part très active et donc qu'ils aient accès non seulement aux moyens de production nécessaires (la terre, l'eau, le crédit, les marchés) et à des emplois productifs, mais surtout aux services sociaux essentiels, notamment dans les domaines de la santé et de l'éducation. Au Maroc, les déterminants de la problématique de la répartition du revenu, des disparités salariales, des inégalités sociales, demeurent peu débattus, des sujets en instance d'analyses requises et vitales à toute politique économique. Par ailleurs, le pari de l'avenir est d'émanciper et de délier la croissance de la lubie et des caprices du Nice Weather, des vicissitudes climatiques et de la pénétration des marchés extérieurs par une percée d'exportation des produits à haute teneur en matières grises et savoir-faire.
Sur ce registre, la part des exportations rapportée au PIB gravite dans l'orbite des 20% et reste pour l'essentiel étayée sur des demi-produits, le phosphate et les produits agricoles. Sous cet angle, l'offre exportable se sclérose et se confine à exporter l'or incolore, l'eau en l'occurrence, véritable épée de Damoclès qui pèse et pèsera d'un poids colossal sur toute la terre pour ce siècle. Aussi, Il convient de «recontempler» la politique macro-économique et de se libérer des contraintes monétaire et budgétaire afin de procéder à des arbitrages plus efficients et équitables. La crise et ses effets ont permis d'établir une nouvelle réflexion sur le rôle de l'Etat dans la régulation et la redistribution.
Les Plans de soutien ont fait l'unanimité et prouvent que la relance de la croissance économique nécessite une autre orientation que la politique de rigueur. Par ailleurs, faut-il, à notre sens, se prévaloir d'une armada de réformes économiques pour générer de la croissance ? Ce qui nous exhorte à avancer que le nec plus ultra pour le Team Benkirane est de détecter le minimum et le «SMIG» ; les obstacles les plus contraignants de notre économie, et de s'atteler à les lever car, nous semble-t-il, beaucoup de réformes conduites dans plusieurs secteurs peuvent créer des distorsions imprévues dans d'autres secteurs. En se concentrant sur le domaine qui bride le plus la croissance, le Maroc aura le plaisir de récolter les fruits de son effort. Si l'économiste du pays de l'oncle Sam et chef de file de l'économie de l'offre (supply-side) Arthur Betz Laffer disait à l'occasion de sa fameuse courbe Laffer «Trop d'impôt tue l'impôt», je dirai, dans ce propos, que «Trop de réformes tuent les réformes». D'où l'intérêt pour le Team Benkirane d'une évaluation sérieuse, méthodique, méthodologique et sans concessions des lieux de raccordement et de connexion du système productif marocain au système économique mondial. Le contexte mondial, souvent négligé ou occulté, par les choix socio-économiques nationaux, doit y gagner sa place et ses lettres de noblesse, ce qui nous incite à exhumer une des citations indélébiles de feu SM Hassan II dans son discours du 20 août 1993. «Nous constatons parfois un manque d'analyse concernant la carte régionale et mondiale, pourtant nécessaire à l'étude de la carte nationale». Ces niveaux d'observation méthodologique et d'analyse économique peuvent déterminer, à notre sens, la position future et les possibilités d'une meilleure dynamique économique du Maroc. Cela est une question de volonté politique couplée à des choix économiques et stratégiques pertinents aussi, quant à la rigueur de l'analyse et de la méthodologie, laquelle prépare la décision et économise les tâtonnements «Walrasiens» inutiles. Le Team Benkirane relèvera-t-il ces challenges en marquant des points d'inflexion vers un trend haussier de la géométrie économique ? Arrivera-t-il à faire translater la dynamique économique du feu de paille au long feu ? Du sinusoïdal à la tangente de la croissance économique? Le temps est révélateur et «Le faire est révélateur de l'être» disait Jean-Paul Sartre !


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