Le bal des profits warnings au titre de l'exercice 2012 se poursuit. Dans un communiqué publié en début de semaine, Stroc Industrie annonce que ses revenus pour 2012 seront inférieurs à ceux de 2011. «Le chiffre d'affaires réalisé par Stroc Industrie au titre de l'exercice 2012 s'établit à 205 MDH, en baisse de 61% par rapport à 2011», précise la société cotée en Bourse. Déjà, au titre du premier semestre 2012, Stroc Industrie avait affiché un recul de son volume d'activité. L'opérateur avait également publié un profit warning. C'est dire que l'opérateur marocain du secteur de la métallurgie lourde a du mal à repartir du bon pied. L'épisode des difficultés de la société a débuté bien avant 2012. C'est en effet à fin 2011, année même de son introduction en Bourse, que Stroc Industrie publie ses premiers résultats baissiers (5,5 MDH), alors que les prévisions de son business plan tablaient sur un résultat nettement supérieur (31,5 millions). Le management de la société avait expliqué cet éloignement entre les prévisions et les résultats par un conflit social très coûteux, déclenché en juin 2011 et réglé à la fin de la même année. Le dénouement du conflit social devait donc permettre à Stroc Industrie de se remettre sur la voie des objectifs annoncés au moment de son introduction en Bourse. D'ailleurs, c'est ce qui a été annoncé par les différentes sociétés de Bourse dans leurs notes d'analyse tout au long de l'exercice 2012. Des notes qui étaient optimistes pour la valeur Stroc et qui avaient même recommandé aux investisseurs de l'accumuler dans leurs portefeuilles. Erreur de prévision Toutefois, le chiffre d'affaires à fin juin 2012 enregistre un retrait de 51% à 140 MDH. Cette baisse du niveau d'activité au premier semestre 2012 et l'importance de ses charges fixes ont ainsi induit des pertes significatives (résultat net de -75 MDH). Cette nouvelle impacte le cours du titre dont la chute s'amplifie. À fin 2012, Stroc a déjà perdu plus des deux tiers de sa valeur depuis son IPO. Aujourd'hui, la chute vertigineuse atteint 83% par rapport à sa valeur d'introduction. Ce n'est pas tout, la société annonce que ses revenus pour 2012 sont encore en baisse par rapport à 2011. Pourquoi un tel écart entre les prévisions des analystes et les résultats de l'entreprise ? Certains analystes renvoient la responsabilité à la société et aux informations fournies pas cette dernière. «Dans toutes nos recommandations, nous nous sommes basés sur la valeur du carnet de commande et sur les informations qui ont été livrées par la société elle-même pour établir nos prévisions de résultat. D'ailleurs, nous ne comprenons pas pourquoi à fin 2012 les revenus de Stroc Industrie n'arrivent toujours pas à renouer avec la croissance ?», nous confie un autre analyste qui a souhaité garder l'anonymat. Néanmoins, d'autres rassurent. «Il était clair pour nous qu'il n'y aura pas de relance rapide pour Stroc. La reprise du régime d'exécution des projets a été faite de manière graduelle, donc l'entreprise a pris du retard dans la réalisation de plusieurs projets qui seront certainement déclarés en 2013», nous explique un analyste de Sogécapital, société de Bourse affiliée à la Société générale. Pourquoi dans ce cas, les recommandations des analystes ont toutes été favorables ? La réponse à cette question est sans détour. «Nos prévisions portent sur le moyen et long terme et nos valorisations sont faites sur la base d'un business plan dont les durées varient entre 5 et 10 ans. Pour nous, Stroc sera rentable à cet échéance. D'un côté, la société a comme premier client le Groupe OCP, garant de sa pérennité. D'un autre côté, 2013 devrait être l'année du retour à la vitesse de croisière de son carnet de commande», nous précise le même analyste. L'accident de parcours subi en 2012 ne remet donc pas en cause la stratégie de développement de Stroc Industrie. Un développement qui se traduit par un carnet de commandes évalué aujourd'hui à 1,6 MMDH.