Avec le lancement du Plan directeur d'investissement du secteur forestier, le Maroc ambitionne de transformer ses ressources sylvestres en moteur de croissance durable, en attirant des capitaux privés et en développant des filières à forte valeur ajoutée. Une mutation qui pourrait bien redessiner le paysage économique et environnemental du pays. Le secteur forestier marocain n'est plus seulement une question de conservation, mais une opportunité économique en pleine éclosion. En effet, en adoptant un nouveau plan directeur d'investissement (PDI) du secteur forestier, l'Agence nationale des eaux et forêts (ANEF) pose les jalons d'une transformation ambitieuse en faisant de la forêt un moteur d'investissement durable et un catalyseur de croissance verte. Cet outil stratégique destiné à dynamiser les investissements dans le cadre de la stratégie «Forêts du Maroc 2020-2030», s'inscrit dans une démarche de partenariat public-privé visant à promouvoir l'innovation verte et à valoriser durablement les ressources forestières nationales. De la dépendance à l'opportunité Pour le bois, un des piliers stratégiques de ce PDI, le Maroc ambitionne de réduire sa dépendance à l'international. Ceci d'autant plus qu'en se référant aux données officielles, le pays importe près de 60% de ses besoins en bois, ce qui pèse sur sa balance commerciale. Pourtant, les forêts couvrent 12% du territoire du Royaume et abritent des richesses sous-exploitées, telles que le liège, les plantes aromatiques et médicinales, la résine de pin ou encore la caroube. Autant de filières que le PDI entend structurer pour créer de la valeur ajoutée locale, tout en réduisant la pression sur les importations. Ainsi, le programme de concession forestière, qui s'étend sur 120.000 hectares, ambitionne d'attirer 1,25 milliard de dirhams d'investissements privés. L'objectif reste d'augmenter la productivité des plantations artificielles et de réhabiliter les écosystèmes dégradés, tout en développant des industries vertes. Ceci étant, l'exploitation forestière a longtemps été synonyme d'usage artisanal et de coupes illégales. Aujourd'hui, le modèle change. Le bois devient une ressource économique stratégique, avec un potentiel industriel sous-exploré. Le développement de scieries modernes et d'unités de transformation locale pourrait non seulement réduire la facture d'importation, mais aussi créer une chaîne de valeur intégrée, favorisant l'emploi et la compétitivité du secteur. L'écotourisme, un atout majeur Au-delà du bois, les forêts marocaines recèlent un potentiel économique encore largement inexploité. L'écotourisme pourrait éventuellement devenir un levier majeur de diversification des revenus. Des projets de lodges écoresponsables, de circuits de randonnée et d'activités nature sont en gestation, portés par des initiatives publiques et privées. Parallèlement, la valorisation des produits du terroir forestier offre des perspectives de marché, notamment à l'export. Toutefois, l'un des axes forts du PDI repose sur la collaboration entre acteurs publics et investisseurs privés. Le partenariat avec la FAO, la Coopération allemande et les institutions financières vise à garantir un cadre réglementaire sécurisé et incitatif pour les entreprises. L'innovation et l'entrepreneuriat sont également encouragés, comme en témoigne la remise des prix du concours Green Startup, qui récompense les meilleures initiatives en matière de gestion durable des forêts. Ces projets distinguent une nouvelle génération d'entrepreneurs, lesquels conjuguent rentabilité économique et préservation des ressources. À noter que l'élaboration du PDI s'est basée sur des études approfondies incluant une évaluation des impacts économiques, sociaux et environnementaux, ainsi que sur la préparation de cadres réglementaires pour encadrer les concessions forestières. Maryem Ouazzani / Les Inspirations ECO
