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Cosa Nostra tunisienne
Publié dans Les ECO le 23 - 01 - 2011

Corruption, menaces et alliances ont permis au clan Ben Ali-Trabelsi de se remplir les poches. Huit hommes détenaient jusque-là toutes les clés de l'économie tunisienne. Leila Trabelsi à la tête d'un empire comparé par les télégrammes Wikileaks à la «mafia»
Tel un classique et élémentaire problème de mathématiques : prenons la Tunisie, déduisons en la fortune des Ben Ali &Co, qu'en restera-t-il? Au-delà des remous politiques qui ont meurtri Tunis, c'est aujourd'hui toute l'économie qui se retrouve paralysée une fois que le business des Ben Ali a été «gelé». L'enjeu est de taille et le poids de la fortune de la famille au pouvoir dans ce pays, depuis plus de deux décennies, explique les craintes qui pèsent aujourd'hui sur l'avenir de Tunis. On le sait, depuis le temps, pour «Être» dans le milieu économique et financier de Tunis, il faut appartenir, connaître, s'associer ou se marier aux Ben Ali. Ce qui a permis au Président déchu et son clan, durant les 23 dernières années, d'amasser une fortune que certains évaluent à plus de 9 milliards d'euros, issue d'une mainmise quasi complète sur les plus grandes institutions du pays. C'est finalement dire que le fier taux de croissance dont s'enorgueillait la Tunisie reflétait davantage l'état de santé financière de Ben Ali que celui du pays lui-même. Une montée fulgurante dans l'échelle sociale qui n'a, pourtant, été enclenchée qu'après la prise de pouvoir par le célèbre Zine El Abidine Ben Ali.
Plus forts que Cosa Nostra, plus ambitieux que les Yakusa...les Trabelsi
La méthode est bien connue : Ben Ali est un stratège, certes, un puissant, aussi, sauf que ces deux points forts, le président déchu les a plus employés à régir sa fortune personnelle qu'à servir son pays. Pourtant, son parcours , ainsi que celui de sa famille, est loin d'être une histoire de rêve. Si la fortune de l'ex-Président est la brèche qui a embrasé la grogne du peuple tunisien, celle des Trabelsi, famille de la seconde épouse de Ben Ali, est bien le détonateur de la révolution du jasmin. Même Wikileaks est au fait de la chose et compare cette famille à une «quasi-mafia» sur la base des télégrammes américains dont il publie le contenu. Tout commence dans les années 90, quelques mois à peine avant l'union entre les Trabelsi et les Ben Ali par les liens du mariage. Jusque-là, c'étaient plus les frères et les filles du Président déchu qui tentaient de faire main basse sur l'économie tunisienne. Cependant, il aura fallu attendre 1992, avec le mariage du Président avec Leila Trabelsi pour voir naître, véritablement, le clan Ben Ali. Profitant des avantages offerts à l'ère du Président Bourguiba dans le cadre de la liberté de la femme, Leila Trabelsi, à l'époque jeune épouse issue d'une famille plutôt modeste, compte tout de suite profiter de son statut de première dame. Banques, hôtellerie, immobilier, transport, import-export, média... rien ne résistait à la ruée des Trabelsi forts du soutien de la première autorité du pays. Jusqu'à la chute du régime, huit hommes se partageaient, à eux seuls, tout le tissu économique. D'une part, l'on trouve les frères de Leila Trabelsi (Belhassem, Monsef, Imed et Mourad). De l'autre part, les gendres de Ben Ali (Slim Chiboub, Marouane Mabrouk, Slim Zarouk et, surtout, Sakhr Materi). Il est à signaler que des huit hommes, c'est Materi qui est le plus marocain «des fortunés de la présidence », détenant des parts dans le capital d'Attijari Bank Tunisie (voir encadré) et ayant récemment introduit sur la Bourse de Casablanca, son entreprise Ennakl.
Ce qui est à vous, est à nous
Soif de pouvoir et grand appétit pour le cash font d'un stratège, un véritable prédateur de richesses. Et c'est bien ce que sont devenus les Trabelsi, aussi. La belle famille de Ben Ali n'a pas fait dans la retenue pour s'enrichir. Alliances, corruption, menaces...tous les moyens étaient bons. D'où la révolte du peuple. Leila Trabelsi et les siens ont eu beau calculer leurs coups, ils étaient loin de s'attendre à une fin aussi tragique. Car au fur et à mesure que ce clan puisait dans les richesses du pays, le mécontentement de tout un peuple bouillonnait. Répressions, entraves aux libertés... rien ne pouvait plus calmer l'ire des Tunisiens, vu qu'au moment où les proches du Président affichaient sans gêne leur vie de
«princes», le peuple, lui, s'empêtrait davantage dans des conditions sociales difficiles. Les propos du genre «je vous comprends maintenant» qu'a lancés Ben Ali au lendemain des émeutes n'ont donc pas pu éviter le pire à ses proches. Maintenant qu'ils ont pris la fuite, c'est le sort de leur patrimoine, que ce soit en Tunisie ou dans d'autres pays du monde, qui taraude les esprits des Tunisiens et des observateurs internationaux. Cela dit, une option revient d'ores et déjà avec insistance : celle de la nationalisation. Plusieurs entreprises détenues par le clan Ben Ali risquent en effet d'être expropriées par l'Etat. C'est du moins la solution qui est la plus prônée par les experts, car jugée la plus «démocratique». Une option d'autant plus justifiée par les enquêtes récemment lancées sur la fortune des proches de Ben Ali et dont les verdicts devraient confirmer ce que chaque Tunisien pense au fond de lui-même, à savoir que cette fortune a été constituée sur le dos de la Tunisie et partant devrait lui être restituée.
Attijari, Ennakl... et Sakhr Materi
L'exemple le plus éloquent des méthodes peu orthodoxes qui ont fait la fortune de la présidence tunisienne est bien celui du stratagème suivi par Materi pour la prise de participation dans Attijari bank Tunisie. «La régente de Carthage», publié par les Editions La découverte, nous apprend que Sakhr Materi, très discret jusque-là mais ayant senti le filon de la future privatisation de la Banque du Sud, s'est adressé à ce même établissement pour un prêt. Ce dernier allait servir au rachat des parts de cette dernière auprès de la banque italienne Monte Dei Pashi Di Sienna. Cette initiative a surtout été encouragée par le processus de privatisation des parts détenues par l'Etat tunisien dans la Banque du Sud et qui promettait une grosse plus-value pour le gendre de Ben Ali. Une fois la Banque du Sud rachetée par Attijariwafa bank et Banco of Santander, Sakhr Materi vend ses 17% à Banco Santander à « prix fort », nous apprend l'ouvrage, en contrepartie du rabaissement par le gouvernement tunisien de 25% du prix de sa proposition sur le reste des parts. L'énorme bénéfice dégagé sur cette opération allait permettre ensuite à Materi d'investir dans la privatisation du distributeur automobile Ennakl, en contrepartie d'un contrat avec le gouvernement portant sur la fourniture pendant cinq années des véhicules dont aurait besoin l'administration. En quelques mois, l'emprunt de Materi est ainsi devenu la «fortune de Materi».


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