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Africa Investment Forum 2025 : Soft power et investissement, le double dividende marocain
Publié dans Les ECO le 28 - 11 - 2025

Loin de l'éphémère des sommets internationaux, l'organisation par le Maroc de l'Africa Investment Forum 2025, à Rabat, cristallise une reconnaissance institutionnelle aux retombées économiques et géopolitiques durables.
L'Africa Investment Forum (AIF), plateforme multipartenaire dédiée à l'accélération des investissements privés dans des projets transformateurs à travers le continent, se tient à Rabat du 26 au 28 novembre 2025. Le Maroc, précisément Rabat, accueille l'évènement pour la troisième fois. Disons que l'organisation de l'Africa Investment Forum (AIF) à Rabat, sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI, n'est pas un simple exercice protocolaire ou une vitrine temporaire.
L'analyse des discours, déclarations officielles, notes techniques et programme de cette 8e édition révèle une stratégie marocaine sur plusieurs dimensions aux retombées concrètes et structurantes. Lancé en 2018 par le Groupe de la Banque africaine de développement et ses partenaires fondateurs, l'AIF facilite la mobilisation de capitaux internationaux et régionaux en réunissant promoteurs de projets, investisseurs, institutions publiques et financières, ainsi que décideurs gouvernementaux.
Contrairement aux forums principalement axés sur les discussions, l'AIF est conçu comme une plateforme transactionnelle, visant à faire progresser des projets bancables, renforcer les relations avec les investisseurs et faciliter les clôtures financières. Ses partenaires fondateurs incluent Afreximbank, Africa Finance Corporation, Africa50, la Development Bank of Southern Africa (DBSA), la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA) et Trade & Development Bank (TDB).
D'ailleurs, il est à noter que l'édition de novembre 2025 marque une avancée significative dans la maturité opérationnelle de l'AIF, avec un portefeuille de 41 projets rigoureusement préparés, dont 39 qualifiés d'«entièrement prêts pour l'investissement».
Une reconnaissance institutionnelle convertie en avantage structurel
La confiance «renouvelée» de la Banque africaine de développement (BAD), soulignée par la ministre Nadia Fettah Alaoui, consacre le Maroc comme un hub continental fiable. Cette troisième édition institutionnalise Rabat comme une plaque tournante financière permanente. La décision d'accueillir le Fonds africain d'investissement à Rabat est, également, un gain géopolitique et financier majeur.
«Nous remercions Sa Majesté le Roi d'avoir accepté d'accueillir le Fonds africain d'investissement ici, à Rabat», souligne le président de la BAD Sidi Ould Tah, lors de la cérémonie d'ouverture.
Cela positionne le Maroc au cœur des flux de capitaux et des décisions d'investissement continentales, bien au-delà de la durée du forum. Le choix du Maroc est présenté comme une «reconnaissance de la fiabilité, de la stabilité et de la capacité du Royaume à porter des initiatives structurantes tournées vers l'action et les résultats».
Disons que ce n'est pas qu'un compliment. C'est une validation internationale intégrée dans la narration économique globale du pays, renforçant son attractivité auprès des investisseurs internationaux présents en masse (2.500 délégués, 33 sponsors privés contre 16 en 2024).
L'accent mis sur le «dialogue entre patrimoine et modernité», à Rabat, sert directement l'image d'un Maroc à la fois ancré et dynamique, idéal pour des investissements durables. La volonté affichée de «partager» les «expériences réussies au Maroc» établit le pays comme une référence exportable de modèles de développement et de réforme.
Accès privilégié et promotion ciblée de l'offre marocaine
L'AIF se positionne fondamentalement comme un «marché» transactionnel, selon la caractérisation de la ministre ivoirienne Nialé Kaba, dépassant ainsi le simple cadre discursif. Une nature concrète qui profite stratégiquement au Maroc en sa qualité d'hôte, lui octroyant un accès et une visibilité notable.
La présence massive et structurée des investisseurs du Golfe – dont Saudi Exim Bank, Qatar Development Bank, ACWA Power et Abu Dhabi Ports – résulte d'un ciblage actif en amont via des tables-rondes régionales. Elle offre un canal direct aux grands groupes marocains, déjà reconnus comme deuxièmes investisseurs africains sur le continent, pour promouvoir leurs projets bancables et consolider leur ancrage panafricain. A cela s'ajoute la présence très remarquée de pays asiatiques lors du Forum.
En parallèle, le discours d'ouverture et les notes techniques servent de caisse de résonance aux réformes structurelles marocaines : la Nouvelle charte de l'investissement, les dispositifs de soutien aux TPME et la transformation du climat des affaires. L'opérationnalisation du Fonds Mohammed VI pour l'investissement y occupe une place centrale, présenté comme un «véritable catalyseur des financements privés». Grâce à ses fonds sectoriels et mécanismes dédiés aux startups, ce fonds est positionné pour capter une part significative des flux financiers négociés lors des «boardrooms».
L'objectif affiché de porter la part de l'investissement privé à deux tiers du PIB d'ici 2035, contre un tiers actuel, constitue un signal fort adressé aux participants, validant la trajectoire économique du Royaume et sa détermination à en faire un écosystème d'accueil privilégié pour les capitaux internationaux.
Influence sur l'Agenda et les synergies continentales
Thématiquement, l'édition 2025 de l'AIF, intitulée «Combler l'écart : mobiliser le capital privé pour libérer tout le potentiel de l'Afrique», épouse parfaitement les priorités stratégiques marocaines en matière de transition énergétique, numérique, logistique et industrielle. Cette convergence se matérialise dans l'architecture des sessions parallèles.
La session dédiée à la transformation numérique, organisée par Huawei – partenaire technologique majeur du Maroc – et l'Initiative «Construire l'avenir de l'Afrique», alignent les ambitions marocaines en digitalisation avec les besoins continentaux, créant ainsi des débouchés naturels pour l'exportation de son expertise et de ses solutions.
La session stratégique sur «La gestion de la dette et le financement en monnaie locale», co-organisée par TCX et la BAD, répond à un défi financier critique pour de nombreux pays africains. Le Maroc, doté d'une économie relativement plus stable et diversifiée, y trouve l'opportunité de positionner ses institutions financières comme fournisseurs de solutions face aux vulnérabilités de change.
Enfin, l'accent mis sur les partenariats public-privé (PPP), qualifiés de «moteur essentiel» dans le discours marocain et approfondi dans des panels dédiés («Accroître les investissements grâce aux PPP»), valide et promeut un modèle où le Royaume a acquis une expertise reconnue depuis les années 1990.
Comme en témoigne la déclaration de la ministre ivoirienne de l'Economie, du Plan et du Développement, Nialé Kaba, évoquant la tradition ivoirienne en PPP, cette thématique permet au Maroc d'exporter son savoir-faire institutionnel et réglementaire, renforçant son rôle de facilitateur des investissements structurants à l'échelle continentale.
Des retombées tangibles
L'hébergement de l'AIF 2025 génère des retombées tangibles pour plusieurs catégories d'acteurs économiques. Pour le gouvernement marocain, il s'agit d'un catalyseur majeur de légitimité continentale, consolidant son statut de leader économique et facilitant l'accès direct aux grands investisseurs internationaux, notamment ceux du Golfe préalablement mobilisés. Une plateforme unique qui permet la promotion active des réformes structurelles (Charte de l'investissement, climat des affaires) et du Fonds Mohammed VI pour l'investissement, tout en renforçant son influence sur la définition des priorités d'investissement régionales.
Le secteur privé marocain – des grands groupes aux PME et startups – bénéficie d'une visibilité exponentielle auprès d'un vivier dense d'investisseurs globaux et continentaux. Une exposition qui se traduit par des opportunités concrètes de co-investissement ou de partenariats stratégiques dans les projets présentés lors des «boardrooms», notamment dans les secteurs clés que sont les infrastructures régionales, l'énergie et le numérique.
L'accès facilité aux instruments financiers innovants discutés (titrisation, financement mixte, Sukuk) et la focalisation explicite sur les jeunes et les femmes comme moteurs de l'innovation – soulignée par le président de la BAD et dans des sessions comme celle de Huawei – ouvrent des perspectives spécifiques pour les startups technologiques.
Pour leur part, les institutions financières marocaines voient leur rôle renforcé en tant qu'intermédiaires privilégiés pour canaliser les flux d'investissement intra-africains et internationaux mobilisés via l'AIF et le Fonds africain d'investissement, désormais basé à Rabat. La session stratégique sur la gestion de la dette et le financement en monnaie locale leur offre une tribune pour accroître leur implication dans la sécurisation des transactions et la gestion des risques de change, valorisant ainsi leur stabilité relative.
Enfin, les autres pays africains et investisseurs internationaux tirent profit de la plateforme fiable et sécurisée offerte par le Maroc. Des pays comme la Côte d'Ivoire y trouvent une vitrine cruciale pour leurs mégaprojets structurants, tels que l'accès universel au haut débit d'ici 2030 ou le développement de chaînes de valeur minières locales.
Idem pour la Guinée-Conakry, l'Ethiopie avec son projet d'aéroport international de Bishoftu (Addis-Abeba) pour faire de la capitale un hub aérien mondial, l'Angola avec son projet d'usine d'engrais, le Nigeria avec ses projets de raffinerie et de chantier naval dans le Golfe de Guinée, la Zambie avec son projet de tronçon zambien du corridor de Lobito, ou encore la Tanzanie, l'Afrique du Sud.
Pour les investisseurs, le «pipeline de projets bancables», rigoureusement préparé (41 projets dont 39 prêts à l'investissement), et l'accès direct aux décideurs dans l'environnement jugé prévisible et stable de Rabat réduisent significativement les coûts de transaction et les risques perçus, fluidifiant ainsi la concrétisation des deals.
L'hébergement comme accélérateur stratégique
Au-delà du prestige protocolaire, l'hébergement répété de l'AIF par le Maroc constitue un investissement géoéconomique à rendement élevé et sur plusieurs dimensions. Il agit comme un levier puissant pour ancrer durablement la position du Royaume en tant que hub financier et décisionnel incontournable en Afrique, matérialisée par l'implantation pérenne du Fonds africain d'investissement à Rabat.
Un rôle d'hôte qui permet au Maroc de valider et promouvoir de manière proactive son modèle de développement et son corpus réformateur – incluant le Fonds Mohammed VI et la Nouvelle charte de l'investissement – auprès de la communauté mondiale des investisseurs, renforçant ainsi son attractivité systémique. De quoi faciliter simultanément l'accès privilégié de son secteur privé aux capitaux, technologies et partenariats continentaux et internationaux, catalysant son expansion.
Sur le plan stratégique, le Forum offre une tribune pour influencer l'agenda des investissements prioritaires en Afrique, alignant les transitions énergétique, numérique et industrielle du continent sur ses propres ambitions nationales et son expertise avérée, notamment en matière de PPP.
Enfin, l'évènement permet de monétiser le soft-power du Maroc – fondé sur une stabilité politique reconnue, une expertise réformatrice éprouvée et une position géographique pivot – en avantages économiques et géopolitiques tangibles et durables.
Comme l'a résumé Nadia Fettah Alaoui, «donner et recevoir ne sont pas deux mouvements distincts : ils sont consubstantiels l'un de l'autre».
En offrant une plateforme continentale de premier ordre et un environnement stable, le Maroc «donne» les conditions d'un marché africain intégré et dynamique.
En retour, il «reçoit» une capacité accrue à catalyser capitaux, influence stratégique et partenariats structurants, accélérant ainsi sa transformation économique interne et consolidant son leadership régional. Le bénéfice ultime réside dans cette dynamique vertueuse et auto-rénovatrice, bien plus pérenne et transformatrice que l'événement ponctuel lui-même.
Bilal Cherraji / Les Inspirations ECO


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