La Coupe d'Afrique des Nations 2025 a entamé sa phase de groupes avec des confrontations intenses, révélant déjà les contours d'un tournoi disputé où favoris et outsiders dévoilent leurs ambitions. Si certaines sélections confirment leur supériorité technique et tactique, d'autres surprennent par leur cohésion, leur organisation défensive ou la montée en puissance de jeunes talents. Entre automatismes encore perfectibles et blocs compacts redoutablement efficaces, cette première série de matchs augure d'une suite de compétition serrée jusqu'aux phases finales. Après les premières journées de groupes, la compétition se révèle déjà riche en enseignements. Alors que certaines équipes ont pu tenir leur rang de favorites, d'autres tirent leur épingle du jeu en surprenant par leur organisation ou leur potentiel offensif. Maroc : une victoire maîtrisée, mais des automatismes encore en chantier À Rabat, dans un stade du Prince Moulay Abdellah rénové et totalement acquis à leur cause, les Lions de l'Atlas ont parfaitement lancé leur tournoi avec une victoire convaincante (2-0) face aux Comores. Maîtres du ballon (71% de possession), les hommes de Walid Regragui ont multiplié les assauts sur le but comorien et auraient pu achever la rencontre sur un score plus lourd sans les arrêts du portier Yannick Pandor, qui a littéralement sauvé les siens du naufrage. Mais si le résultat est flatteur, l'analyse révèle des failles qui pourraient s'avérer coûteuses contre des adversaires plus aguerris. Le Maroc a mis du temps à concrétiser sa domination. L'ouverture du score a certes libéré l'équipe, mais celle-ci a longtemps donné l'impression de jouer avec le frein en main, comme paralysée par l'enjeu d'une CAN à domicile. La performance défensive a été solide, portée par une charnière sereine et des latéraux vigilants. Si l'équipe veut assumer pleinement son statut de favorite, elle devra hausser le rythme dès l'entame des rencontres et développer une capacité à briser les défenses regroupées. Les autres cadors globalement au rendez-vous Le Sénégal a lui aussi tenu son rang face au Botswana, les champions 2021 ont livré une prestation pleine de maturité, s'imposant 3-0 avec autorité. Nicolas Jackson, très inspiré, a confirmé son statut de fer de lance de l'attaque, en signant le premier doublé de la compétition. De quoi permettre aux hommes de Pape Thiaw de démarrer le tournoi avec sérénité, même si leur star Sadio Mané n'a pas encore noirci la feuille de stats. En revanche, son ex-coéquipier à Liverpool, Mohamed Salah, a déjà sorti la cape du sauveur, en offrant la victoire (2-1) à l'Egypte dans les dernières minutes face au Mozambique, qui a longtemps tenu la dragée haute aux Pharaons. Un temps fébriles, les septuples champions d'Afrique ont réussi à trouver les ressources nécessaires pour inverser une situation compromise. Dans un tournoi où les matchs se jouent souvent sur des détails, cette capacité à rester compacts et à exploiter les opportunités peut s'avérer décisive pour la suite de la compétition. Autre satisfaction de cette première journée, la Tunisie qui a aussi offert un festival offensif contre l'Ouganda (3‐1). Au-delà du score, les Aigles de Carthage ont démontré une forme collective cohérente et une stratégie offensive bien huilée. Ils ont également montré une capacité remarquable à varier les schémas d'attaque. Leurs buts sont ainsi venus, en jeu placé, en contre, et sur coup de pied arrêté. Si la Tunisie parvient à équilibrer ses vertus offensives avec une rigueur défensive accrue, elle pourrait bien réussir à briser son plafond de verre des quarts de finale cette année. Bonnes surprises En battant le Bénin pour son entrée dans le tournoi, la RD Congo n'a pas fait d'étincelles, mais a confirmé l'impression laissée ces derniers mois d'une équipe solide et disciplinée. Ce sont ces mêmes vertus qui ont permis aux Léopards de remporter les barrages africains pour la Coupe du monde en novembre dernier. Leur approche pragmatique, bâtie autour d'un bloc compact, pourrait faire des Léopards une équipe difficile à manœuvrer pour des formations plus perforantes, surtout si elles sous-estiment leur organisation défensive. Autre bonne surprise, la Zambie revenue de très loin pour arracher un match nul face au Mali (1-1). S'ils ne partaient pas favoris face aux Aigles, les Chipolopolos zambiens ont su faire le dos rond pour repousser un pénalty en fin de première période (42e minute) , avant d'arracher le match nul dans les ultimes instants du match (90e +1). Au‐delà des individualités qui brillent et des séquences spectaculaires qui rythment cette CAN 2025, une analyse transversale des premières rencontres permet de constater que la compétition est désormais bien plus qu'une simple opposition de talents bruts . Elle est devenue un laboratoire où se testent modèles collectifs, schémas modulables et gestions millimétrées du tempo. On observe ainsi une nette montée en intensité dans les zones de relance adverse. Les équipes qui parviennent à déclencher des pressings synchronisés, souvent dès la perte de balle, réussissent à couper les circuits de passes, à étouffer la progression adverse et à provoquer des erreurs techniques. C'est une rupture stratégique majeure. En parallèle, la gestion des transitions offensives est devenue un facteur critique dans la bascule des matchs. Ce sont les formations capables de combiner vélocité et occupation chirurgicale des intervalles qui parviennent à déséquilibrer les défenses. La verticalité, maîtrisée, n'est plus un simple réflexe : elle devient une stratégie mûrement travaillée. On le voit dans la capacité de certaines sélections à projeter rapidement quatre ou cinq joueurs vers l'avant, tout en assurant un repli équilibré. L'autre évolution structurante réside dans la flexibilité tactique. Plusieurs équipes affichent une capacité notable à varier leurs schémas en cours de match. Le passage fluide d'un 4‐3‐3 à un 4‐2‐3‐1 ou à un 3‐5‐2 ne répond plus seulement à des impératifs défensifs, mais à une volonté d'exploiter ponctuellement les faiblesses adverses. Cette intelligence stratégique, souvent portée par un banc technique renforcé, marque une maturité croissante dans les choix des sélectionneurs. Une suite palpitante en perspective Si les grandes nations ont globalement tenu leur rang durant ce sprint de chauffe, elles ont aussi pu constater que rien ne leur était acquis et que même les petits poucets pouvaient trouver des failles et les exploiter. Voilà qui augure d'une suite de tournoi palpitante, surtout en vue de la bataille pour les places de meilleurs troisièmes. Ainsi, chaque but inscrit ou concédé vaudra son pesant d'or au moment de faire les comptes à l'issue du premier tour. Pour le spectacle, on ne demande pas mieux.