Ils sont industriels, patrons de fédérations, hauts responsables ou porteurs d'initiatives. Tous ont vécu 2025 de l'intérieur. Leurs témoignages composent le récit d'un Maroc qui change de cap : plus productif, plus stratégique, plus souverain. Les Inspirations ECO croise leurs regards pour éclairer les défis et les priorités d'une année 2026 à fort enjeu. Pour Mohamed El Jaouadi, président de l'Association des armateurs du Maroc (ARMA), le Maroc confirme son statut de hub continental dans le domaine maritime. « Le secteur portuaire national, galvanisé par des tensions géopolitiques régionales, affiche une santé robuste et se positionne désormais comme une plateforme logistique stratégique entre trois continents. C'est une croissance soutenue qui a marqué le trafic maritime global. Au premier semestre, le volume manutentionné dans l'ensemble des ports marocains a progressé de plus de 10% par rapport à 2024. Toutefois, l'effet 'mer rouge' dope Tanger Med. Le complexe portuaire s'affirme plus que jamais comme un hub régional majeur. Sa position stratégique et sa capacité de manutention élevée bénéficient directement des tensions géopolitiques persistantes en Mer Rouge. Les grands transporteurs mondiaux préfèrent désormais contourner l'Afrique plutôt que de transiter par le Canal de Suez », déclare-t-il. Et d'ajouter: « Ces volumes de transbordement initialement destinés aux ports de la Méditerranée orientale sont désormais redirigés vers Tanger Med, consolidant ses volumes et son rôle de pivot logistique. La dynamique ne se limite pas aux infrastructures physiques. L'année 2025 est aussi celle de l'ambition internationale pour Marsa Maroc. L'opérateur portuaire national a étendu son influence, notamment via la gestion du terminal à conteneurs de Cotonou (Bénin) et l'acquisition d'une part significative du capital de l'espagnol Boluda, démontrant les visées continentales du Maroc ». « Parallèlement, le secteur s'inscrit pleinement dans la transition vers l'économie bleue. Si 2025 est une année charnière, des défis demeurent, notamment la nécessité d'une digitalisation complète des opérations portuaires et l'adaptation aux exigences environnementales internationales », assure-t-il. « Pour 2026, les perspectives sont favorables. Le développement de nouvelles lignes maritimes (Agadir-Angleterre, Maroc-Portugal) et la croissance du cabotage (notamment entre Tanger Med et Casablanca) renforcent la connectivité du territoire. Un élément conjoncturel majeur impacte également l'économie nationale. Il s'agit de la chute des taux de fret en provenance d'Asie vers l'Europe en cette fin d'année, qui devrait logiquement desserrer la contrainte sur l'inflation pour les importateurs marocains », conclut El Jaouadi.