En attendant les «nouveaux touristes», il n'est pas question de perdre un iota sur les arrivées déjà acquises. C'est un peu l'esprit qui fonde l'importante stratégie de marketing territorial annoncée par Zenagui la semaine dernière. Le ministre du Tourisme avait, en effet, rassemblé tous les opérateurs du secteur, dans les différents segments, pour décider au terme des négociations, de lancer une importante vague de road shows qui balayera plusieurs capitales européennes. Paris, Londres, Berlin, Rome et Madrid, pour consolider la destination Maroc, composent la liste des marchés ciblés. L'idée, simple, est de convaincre les touristes européens que «l'exception marocaine», dans le contexte très tendu qui prévaut dans la région, n'est pas un simple leurre. L'autre portée, qui a été largement étalée dans la presse, est bien sûr de profiter de l'opportunité offerte par le déclin des arrivées sur d'autres marchés qui ont perdu de leur attrait -la Tunisie et l'Egypte- pour les raisons que l'on connaît, liées principalement à la sécurité. À première vue, ces roads shows ont été accueillis à bras ouverts par le secteur. C'est en tout cas ce que l'on semblecomprendre de la déclaration de Othman Cherif Alami, président de la Fédération nationale du tourisme (FNT) (Les Echos, quotidien datée du 15 février 2011). «Les marchés européens constitueront à être pour nous les plus lucratifs, et constituer le gros des recettes du secteur pour les années à venir». Ainsi, en dépit du fait que ces marchés se démènent encore dans une conjoncture de convalescence, suite à la dernière crise qui avait sensiblement affecté les dépenses de voyage, les opérateurs y croient toujours. Ont-ils réellement le choix ? Pas avant 2015 Il semblerait que non, puisqu'au-delà de l'Europe, Zenagui a aussi un autre défi entre les mains, qui semble moins facile à réaliser dans le court terme. Il s'agit de recruter de «nouveaux touristes» pour le royaume. Il le faut bien, pour atteindre les 20 millions en 2020. Ces nouveaux marchés à attaquer, sont principalement sur les continents asiatique (le Japon, la Corée du Sud, la Chine, ainsi que la Malaisie), et américain (Canada, Etats-Unis). Pour cette dernière partie du monde, plus précisément, l'Office national marocain du tourisme (ONMT) est en train de fignoler une vaste campagne de relations publiques, qui devrait s'étaler sur les trois prochaines années, à l'horizon 2013. Mais le fait est que, ces nouveaux touristes, on n'en verra qu'à partir de 2020. Le président de la FNT explique : «L'offre de produits n'est pas encore prête pour accueillir ces nouveaux profils de touristes, qui ont d'autres exigences que les Européens. Je pense que le Maroc ne sera réellement prêt à attaquer ces marchés qu'entre 2015 et 2020». À défaut, on se contentera alors des Européens... Enfin, pour le moment. S.F