Américaines, chinoises, russes... ll faudra peut-être encore attendre longtemps pour les voir envahir nos plages. Ce fantasme que nourrit le tourisme local depuis le lancement de la Vision 2020, ne risque pas de se réaliser...avant 2015 en tout cas ! Il se trouve, en fait, que l'ONMT s'empresse de communiquer sur ces marchés, mais les opérateurs ne se sentent pas encore prêts. En effet, l'office vient de lancer une vaste campagne de relations publiques sur le marché américain. Un cycle de prospection qui devrait s'étaler sur les trois prochaines années, jusqu'en 2013 plus précisément. «L'objectif est surtout de développer des relations publiques sur ce marché», explique un responsable de l'Office à Rabat. Et la conquête de l'office dépendant du département de Yassir Zenagui ne s'arrête pas au pays de l'oncle sam. Tout au contraire, le recrutement de ces nouveaux clients est notamment déployé dans les pays émergents, qui ont su maintenir jusqu'à présent à un niveau acceptable leurs dépenses en voyages à l'étranger, en dépit de l'impact de la crise. Dans ce cadre, la Chine est en pole position. Les prévisions mondiales du tourisme s'attendent à ce que ce marché soit le quatrième émetteur de touristes au monde, à l'horizon 2020. Dans la même région, l'ONMT pense aussi placer ses pions au Japon, en Corée du sud, en Russie et en Malaisie. Néanmoins, et avant de boucler ses valises pour ces terres lointaines, le secteur national a-t-il pour autant tous les arguments pour plaire à ces nouveaux touristes? L'offre touristique actuelle répond-elle aux attentes de ces derniers ? L'offre bloque encore... À ce titre, les professionnels semblent être plus objectifs. «On est tout juste en phase de préparation des produits et destinations. Ils ne sont actuellement pas adaptés aux touristes que nous voulons attirer». Le constat est de Othman Cherif Alami, président de la fédération nationale du tourisme (FNT). Pour ce dernier, la vraie problématique réside dans cet aspect, sachant que les nouveaux marchés visés par le royaume- notamment la Chine- sont réputés «très exigeants en critères de choix de destination pour leurs vacances». Le niveau de qualité et de diversité du produit touristique est ici tout désigné comme facteur de séduction. Et sur ce point, le royaume est en effet peu outillé. «Pour le moment, seule la destination Marrakech parvient à se faire vendre. Les autres régions n'ont pas encore de produits pour ces profils de touristes. Je pense que le Maroc ne sera réellement prêt à attaquer ces marchés qu'entre 2015 et 2020», avance le responsable. Dans cette perspective, les transporteurs aériens ont bien sûr leur partition à jouer. Pourtant, on compte sur les doigts de la main les lignes desservant le Maroc, en provenance de ces marchés. Pour l'instant, les marchés européens s'essoufflent certes sous le coup de la crise, «mais continuera à constituer le gros des recettes du secteur pour les années à venir», lance Alami. Chiffres à l'appui, force est de constater que les marchés précités ont toujours été en retrait dans les chiffres des arrivées. Sur la période janvier-septembre 2010, pour l'exemple le plus récent, les Etats-Unis apparaissent encore loin en bas du tableau des principaux pays émetteurs de touristes vers le Maroc, avec un peu plus de 143. 000 arrivées enregistrées. Un chiffre en progression de 8% en comparaison à la même période de 2009, mais qui, pourtant, n'arrive pas à faire décoller la part des touristes américains dans le total des arrivées. Ces derniers ne représentent en fait que 2% des touristes que reçoit le Maroc au fil des ans. Pourquoi maintenant ? Ces nouveaux touristes bougent beaucoup. Le département américain du tourisme vient en effet de rendre publics les chiffres les plus récents sur les départs en voyage à destination de l'Afrique. Si on ne dispose pas de statistiques précises sur le Maroc, on remarquera tout de même une évolution de 16,5% pour les destinations du continent. Du côté chinois, ce sont 100 millions de personnes qui devraient voyager dans le monde d'ici 2020, selon les prévisions de l'Organisation mondiale du tourisme (OMT). SF