«La meilleure défense, c'est l'attaque». Ce dicton a été appliqué à la lettre par les membres de l'association Maroc Culture, organisatrice de Mawazine, qui présentait, mardi, à la presse le bilan du festival et la programmation de la 10e édition, prévue du 20 au 28 mai prochain à Rabat. C'est le président délégué de Maroc Cultures, Aziz Seghrouchni, qui a donné le ton à la conférence de presse, en précisant, dès le début, que l'association «se veut culturelle, à but non lucratif et elle n'a rien à voir avec le gouvernement». Les organisateurs ont tenté, tant bien que mal, de ne pas tomber dans le piège de la polémique autour de l'annulation de Mawazine. Ils ont ainsi opté pour la mise en avant des bienfaits que cette grande manifestation a pour l'image du pays et surtout pour l'économie et le tourisme de la région de Rabat-Salé. Abbas Azzouzi, qui s'occupe de la stratégie marketing & communication du festival -un poste occupé jusque-là par Moncef Belkhayat-, a retracé le bilan des neuf dernières éditions, rappelant par la même occasion les objectifs de Maroc Culture (une animation culturelle et artistique d'un niveau éminemment professionnel qui veut faire émerger la culture marocaine à l'étranger...). Plus de 60 pays représentés, 6.583 artistes invités, 746 spectacles produits, 6.939.000 spectateurs rassemblés et 1.029 heures de concerts, sont des chiffres clés lâchés lors de la conférence. «Sur les plans économique et touristique, Mawazine crée des milliers d'emplois directs et indirects et contribue à la réalisation d'un taux de remplissage hôtelier conséquent», estime Azzouzi . Conviée au point de presse, la directrice du Conseil régional du tourisme de Rabat (CRT), Nadia Benslimane, a confirmé les propos de Azzouzi en soulignant que le taux de remplissage enregistré en mai 2010 avoisinait les 95%. Le chiffre tant attendu... Après l'intervention du responsable marketing & communication, c'était au tour du trésorier de l'association, Hicham Chebihi, de présenter la situation économique. Il s'agissait surtout de spécifier les sources de financement de Mawazine, un sujet qui a fait couler beaucoup d'encre, ces derniers temps. La billetterie, le sponsoring, les loges (louées durant toute la durée du festival à des entreprises), les soirées (réservées seulement aux entreprises qui souhaitent par exemple faire des team building ...), les droits TV, les espaces publicitaires, les SMS et les produits dérivés sont ainsi les principales sources de financement du festival. «Notre objectif est d'être moins dépendants du sponsoring et des subventions publiques», a précisé Chebihi, qui a annoncé que le budget global de Mawazine s'élève à 62 MDH, dont 6 % provenant de subventions publiques. «Mawazine n'est pas le seul festival au Maroc qui bénéficie de subventions de l'Etat», a tenu à préciser le trésorier de Maroc Cultures. Toujours dans le même registre, Chebihi a affirmé que le modèle économique a bien réussi et que l'association s'est fixé comme objectif «de réduire les coûts, d'améliorer la qualité de l'organisation et de trouver d'autres sources de revenus». Les actions entreprises récemment par Maroc Cultures vont d'ailleurs dans ce sens. Dans ce sens, on parle de l'achat de la société Spaib, qui fournit les chapiteaux du festival. La programmation, pas de scoop ! La programmation de la 10e édition qui, nous l'avions bien compris, n'était point l'objectif de cette conférence de presse, a été annoncée vers la fin par le directeur artistique et le porte-parole du festival, Aziz Daki. Ce dernier a mis l'accent sur les créations culturelles, les ateliers et l'exposition qui constituent l'ossature de cette programmation. Outre la rencontre qui réunira le mythique groupe Nass el Ghiwane, la talentueuse Saida Fikri et le bassiste Victor Wooten et celle prévue entre Roger Hodgson et l'Orchestre symphonique royal, l'édition 2011 sera marquée par la création d'une chanson autour de la paix avec Quincy Jones (producteur de Thriller et de We are the world . Bokra est une chanson dédiée à l'enfance arabe et sera interprétée par Kadem Saher, Saber Robaia, Rached El Majed, Asmae Lmnawer et plein d'autres stars arabes. L'enregistrement aura lieu en plein festival et les recettes iront aux ONG arabes. «Un clip sera par la suite réalisé au Maroc, mais à l'américaine», précise Daki. Lionel Richie, Shakira, Joe Cocker, Mayada El Hanaoui, Jannat, Carole Samaha, Cat Stevens, Abdelouhab Doukkali et beaucoup d'autres artistes marocains (45 % de l'ensemble des artistes invités) et étrangers prendront part à cette nouvelle édition. Bref, une conférence de presse pas comme les autres, que celle qui a été organisée mardi. Pour la première, Maroc Cultures décide de jouer la «transparence» (conjoncture oblige !), puisque plusieurs éléments «confidentiels» ont été communiqués pour la première fois aux journalistes. Dommage que toutes ces informations aient été déjà dévoilées quelques jours auparavant par Aziz Daki à deux supports de la place.