Une première conférence internationale sur la greffe de la moelle osseuse s'est tenue le 21 septembre à Casablanca. Les club Rotary de Gênes et de Casablanca s'unissent contrela thalassémie. C'est un combat qu'elle mène au quotidien. Bouchra B. court, de jour comme de nuit, dans les hôpitaux pour que ses deux enfants puissent bénéficier d'une transfusion sanguine sans laquelle ils sont condamnés à mourir. Agés de 8 et 3 ans, ils sont atteints d'une thalassémie, une anémie héréditaire associée à une hémoglobinopathie (déficience dans la synthèse d'une ou de plusieurs des quatre chaînes formant l'hémoglobine des globules rouges). La transfusion sanguine est primordiale pour la survie du malade, mais elle entraîne une accumulation de fer qui doit être éliminée par un traitement, dont le coût se situe entre 5.000 et 10.000 dirhams par mois. Pour sauver ses enfants, Bouchra n'a pas hésité à vendre sa maison. Pourtant, sa détresse ne fait que grandir au fil du temps, car ses économies s'achèveront un jour ou l'autre. Alors, que va-t-elle faire sans argent? Bouchra ne veut pas y réfléchir, elle s'attache de plus en plus à ce grand espoir : la greffe de la moelle osseuse (GMO). Voilà pourquoi elle a tenu à être présente à la première conférence internationale sur la GMO, qui s'est tenue mardi 21 septembre à Casablanca. Organisée conjointement par la Société marocaine d'hématologie et l'ONG italienne Cure2Chidren avec le soutien de 11 clubs rotariens de Casablanca, cette rencontre a réuni des experts internationaux. Parmi ceux-ci, le Dr. Lawrence Faulkner de la Cure2Children Foundation de Florence en Italie et le Dr. Scott Howard de Saint Jude Reaserch Hospital International aux USA, qui ont développé la GMO comme alternative thérapeutique dans plusieurs pays à travers le monde à des coûts très abordables. Leur expérience et expertise ont séduit les médecins hématologues marocains des quatre CHU (Rabat, Casablanca, Fès et Marrakech) et les médecins responsables des centres régionaux de transfusion sanguine. Les possibilités pour le Maroc d'effectuer la GMO se confirment. Le coût de cette greffe, qui peut aller jusqu'à 3 millions de dirhams, pourra être réduit à 250.000 DH. «Nous n'avons pas encore choisi de candidats pour la première greffe prévue en février 2011, mais beaucoup d'efforts sont consentis pour y arriver», déclare le Pr. Saïd Benchekroun, chef du service d'hématologie à l'hôpital 20 Août (CHU Ibn Rochd de Casablanca) et président de la Société marocaine d'hématologie. Parce que l'union fait la force, le service d'hématologie de l'hôpital 20 Août, l'ONG Cure2Children et les clubs rotariens de Casablanca et de Gênes se sont engagés ensemble à réaliser cette première GMO au profit de malades atteints de thalassémie. Et c'est l'expert Dr. Lawrence Faulkner qui est pressenti pour l'effectuer en présence d'une équipe marocaine chapeautée par le Pr. Saïd Bencheroun. Ces efforts, à la longue, permettront surtout la prise en charge d'une manière plus organisée d'enfants thalassémiques qui posent toujours problème au Maroc. «Ils sont répartis sur différents services de l'hôpital tant qu'il n'y a aucun service qui leur est dédié. A présent, avec l'engagement des rotariens, de l'administration et de la wilaya du Grand Casablanca, un centre verra bientôt le jour au CHU Ibn Rochd», annonce le Pr. Saïd Benchekroun. Pour cela, une convention de partenariat entre 12 clubs rotariens italiens de Gênes et 12 clubs rotariens marocains de Casablanca a été signée. Elle porte sur la généralisation du programme thalassémie Maroc. «Nous avons entamé ce programme à Rabat, il y a quatre ans. Nous avions, alors constaté à quel point la thalassémie représentait une malédiction pour des familles marocaines. Nous avons ainsi décidé de mettre au point un projet et le pérenniser par la création d'un centre d'excellence à Rabat ayant pour objectifs de soigner, d'expliquer et de prévenir la maladie», indique Paolo Gardino, rotarien italien (Gênes), coordinateur de ce programme. Ayant abouti à un véritable succès, ce projet, dont le budget au départ était de 300.000 dollars, a rapidement évolué vers une collaboration plus importante. «Le budget est porté à 1,3 million de dollars. Nous partageons ensemble ce rêve, celui de mettre sous contrôle tous les enfants thalassémiques à travers les hôpitaux régionaux», ajoute Paolo Gardino. C'est de là qu'est venue l'idée de donner naissance éventuellement à des centres au sein même des structures publiques afin d'ouvrir l'accès aux soins (transfusion et chélateur de fer). «Pour la première année de ce projet, nous avons prévu 105.000 dollars que nous investissons surtout dans le savoir -aire, à travers la formation du personnel», précise le coordinateur italien du programme. En Italie, cela fait 35 ans que la thalassémie a été éradiquée grâce à un suivi médical et à une loi exigeant le dépistage. Au Maroc, actuellement, entre 3.000 et 5.000 personnes seraient porteuses de cette maladie. Des chiffres approximatifs qui ne peuvent en aucun cas refléter la réalité. «J'ai vu des malades mourir et j'en ai souffert! Les thalassémiques meurent à l'âge de 14 ans. Avec une prise en charge, leur longévité peut passer à 50 ans. Avec nos amis italiens, qui nous offrent leur expertise, le secrétaire général de la wilaya et l'INDH qui nous soutiennent, nous irons jusqu'au bout, étape par étape», confie le Dr. Mohamed Lazrak, président du Club Rotary de Casablanca et coordinateur du projet thalassémie dans la ville. Les bonnes volontés sont réunies. Le programme a toutes ses chances d'aboutir au succès.