Le chorégraphe français Jean-Claude Gallota est en tournée au Maroc. Invité par l'institut français de Meknès, il a présenté le 5 mai Daphnis é Chloé, un spectacle dont il parle au Soir échos. Vous savez, je suis déjà venu au Maroc et plus précisément à Rabat, il y a quatre ans. C'était pour présenter un spectacle autour du Rock. Et cela s'est déroulé à l'Institut français de la ville. La rencontre était très intéressante et nous avions été très bien accueillis. Je suis vraiment très content de revenir. J'ai créé ma compagnie de danse il y a trente ans. Et au départ, c'était une sorte de révolution. La France était très figée dans la tendance de la danse américaine. Il a fallu travailler sur une nouvelle forme de danse française. Nous avons été considérés, par la suite, comme les ambassadeurs de la nouvelle danse française. Je pense qu'a travers mon témoignage, c'est important de raconter au public toute cette démarche et toutes les rencontres que nous avons faites. C'était une hégémonie tranquille. Elle n'était pas du tout violente. Ceci dit, il y avait la nécessité de garder les spécificités de la France dans la danse contemporaine. Il fallait sortir du classicisme – voire le néoclassicisme. Compte tenu de ma formation en arts plastiques, j'ai travaillé sur des formes de la danse qui n'existaient pas à l'époque. J'ai développé des recherches dans ce sens. C'est une danse spontanée, par le jeu et la provocation. Par la suite, j'ai un peu théorisé ma démarche. J'essayais au fur et à mesure d'analyser le travail avec la compagnie. C'est important de transmettre ses connaissances. C'est également pour la survie de cet art. Nous avons aussi, pendant longtemps, le souci du service public. Nous avons créé des centres chorégraphiques un peu partout en France. On allait également dans les quartiers à la rencontre d'une population handicapée. C'est un travail pédagogique et de sensibilisation à l'art qui nous tient énormément à cœur. Nous organisons des ateliers de façon régulière et les spectacles de danse sont ouverts à tous ceux qui le souhaitent. Nous avons intégré plusieurs amateurs dans des chorégraphies. Il y en a qui poursuivent le chemin, d'autres qui réalisent une seule création et qui s'en vont. C'est une chose mystérieuse. Des fois il faut provoquer les danseurs. Moi je suis convaincu que nous avons tous quelque chose en nous mais que nous n'avons pas testée. J'ai, en effet, revisité plusieurs de mes créations comme le cas de L'Odyssée et de Daphnis é Chloé. De mon vivant, oui je m'inquiète. C'est important de maintenir ces création en vie. C'est comme un film ; souvent, je reprends l'écriture des pièces. Propos recueillis par Qods CHABAA