Le président du Niger, Abdourahamane Tiani, a reçu à Niamey le général de corps d'armée Saddam Haftar, fils du maréchal Khalifa Haftar, commandant en chef de l'armée libyenne et l'une des figures les plus influentes dans les dossiers de sécurité régionale. Cette visite n'était pas simplement protocolaire ; elle portait des messages politiques et sécuritaires profonds, couronnée par la remise à Saddam Haftar de l'ordre du Mérite national, la plus haute distinction décernée par le Niger, en reconnaissance du rôle crucial joué par les forces libyennes dans la lutte contre les organisations terroristes et le contrôle des frontières du pays. Cet événement n'est pas passé inaperçu, notamment dans un contexte régional agité marqué par le déclin croissant de l'influence du régime militaire algérien. Au cours des derniers mois, plusieurs pays de la région semblent avoir entamé une réévaluation de leurs alliances sécuritaires et stratégiques, se tournant vers des partenaires ayant démontré une présence efficace sur le terrain face aux défis sécuritaires, plutôt que vers ceux qui se contentent de slogans et de postures idéologiques. La visite libyenne à Niamey a coïncidé, presque simultanément, avec le départ d'une délégation émiratie de haut niveau, illustrant l'émergence d'un nouveau pôle au Sahel mené par des acteurs dynamiques comme la Libye et les Emirats arabes unis. Ce pôle cherche à établir une approche pragmatique axée sur la coopération concrète dans la lutte contre le terrorisme, loin des discours creux et des surenchères idéologiques. Un axe qui constitue désormais une source de malaise pour la hiérarchie militaire algérienne, de plus en plus écartée des calculs stratégiques essentiels du continent. Le message émanant de Niamey est on ne peut plus clair : reconnaissance à ceux qui protègent les frontières et combattent le terrorisme, marginalisation de ceux qui exportent le chaos et soutiennent les mouvements séparatistes. Tandis que la Libye est officiellement honorée au Niger, le régime algérien se retrouve davantage isolé en raison de ses ingérences mal acceptées dans la région et de ses liens troubles avec des groupes séparatistes menaçant l'unité et la stabilité des pays voisins. Ce qui se joue actuellement au Sahel dépasse les simples échanges de visites ou les remises de décorations : c'est une reconfiguration des équilibres de pouvoir et des réseaux d'alliances. Une région autrefois soumise aux logiques de la guerre froide se libère désormais de ce carcan, ouvrant la voie à de nouvelles alliances réalistes, fondées sur la sécurité, le développement et la stabilité, loin des vieux calculs idéologiques dépassés. Le train des transformations au Sahel est désormais en marche, et il n'attendra pas ceux qui ont choisi de rester sur le quai des slogans.