Hajar Ameziane, une jeune femme de 19 ans originaire de Tifelt, partage des vidéos de danse filmées sur le toit de sa maison, défiant les critiques pour poursuivre sa passion pour la danse et les arts martiaux. Malgré des ressources limitées et des commentaires négatifs, elle rêve d'une carrière dans le divertissement et espère inspirer d'autres jeunes filles à bouger et à croire en elles-mêmes. Pieds nus, face à la caméra de son téléphone, Hajar danse sur le toit de la maison parentale. Avec pour décor les briques rouges des bâtiments voisins et une antenne parabolique rouillée, elle enregistre et partage des chorégraphies apprises en autodidacte sur Internet, insensible aux jugements extérieurs. Dans les commentaires, nombreux sont ceux qui saluent ses mouvements et sa technique, d'autres admirent sa force physique et son endurance. Pourtant, certains s'attardent sur son apparence, s'interrogent sur le choix du toit comme scène ou critiquent ses tenues. Mais pour Hajar, l'essentiel réside dans le progrès, fruit de longues années de travail acharné et d'une passion dévorante pour la danse et le sport. À seulement 19 ans, Hajar Ameziane, alias Serena lmk, a toujours eu le goût du mouvement. Avant de découvrir son talent pour la danse, cette native de Tifelt était déjà plongée dans le sport. «Enfant, j'étais timide et réservée, alors ma mère m'a inscrite aux arts martiaux», confie Hajar à Yabiladi. «Elle voulait que je développe une personnalité forte et que j'apprenne à me défendre, surtout en tant que fille. Je n'avais que huit ans.» Elle a commencé par cinq ans de Taekwondo, puis deux ans de Kickboxing, et pratique désormais le Kung Fu depuis quatre ans, avec à son actif pas moins de 20 médailles. Danser sur le toit La danse, cependant, est restée une constante. Dans sa chambre, Hajar regardait des vidéos YouTube, s'entraînait à reproduire des chorégraphies qu'elle exécutait ensuite devant son miroir ou sa caméra. C'est durant le confinement de 2020 que sa passion a pris un tournant décisif. «Je n'ai pas arrêté depuis. J'ai tout appris toute seule», déclare-t-elle fièrement. Sa première vidéo est née après avoir maîtrisé une chorégraphie virale de K-pop. «J'étais trop timide pour montrer mon visage, alors j'ai porté un masque», se souvient-elle. Mais en 2021, une de ses vidéos devient virale sur TikTok, l'encourageant à continuer. Les commentaires, cependant, ne sont pas toujours bienveillants. «Ce n'est pas pour le Maroc», disent certains. D'autres critiquent son apparence, sa tenue ou son environnement. «Mais je persévère», affirme-t-elle. Quant à danser sur son toit, elle sourit : «S'il y avait des studios de danse à Tifelt, j'y serais la première.» Malgré les critiques, en ligne et hors ligne, Hajar reste déterminée. «Au début, ma famille ne prenait pas cela au sérieux. J'ai entendu beaucoup de commentaires négatifs. Au Maroc, et surtout dans ma ville, le divertissement n'est pas perçu comme une véritable carrière», déplore-t-elle. Mais en avril dernier, Hajar a dansé bien loin de son toit. Elle a collaboré avec l'influenceuse marocaine Lamia El Hari pour une vidéo professionnelle mettant en scène une danse indienne, son genre favori. «C'était une expérience incroyable», raconte-t-elle. «La chorégraphie était inspirée d'un film indien. Je l'ai apprise et enseignée à Lamia, qui dansait pour la première fois. La vidéo ne dure que quelques secondes, mais il nous a fallu quatre mois pour la préparer.» Hajar nourrit de grands rêves, bien au-delà de sa petite ville. «Je veux construire une carrière dans l'industrie du divertissement, en tant que danseuse professionnelle pour des clips musicaux, des films et des publicités», dit-elle. En arts martiaux, elle aspire à rejoindre l'équipe nationale marocaine et à concourir dans des compétitions internationales comme le Championnat du Monde au Vietnam. À travers ses réseaux sociaux, Hajar espère inspirer d'autres jeunes filles à se lancer, que ce soit dans la danse ou le sport. «Je reçois des messages de filles qui me disent que je les ai motivées à aller à la salle de sport — et cela me rend tellement heureuse», conclut-elle avec un sourire.