Le président yéménite est apparu jeudi à la télévision nationale. Un message vidéo destiné à montrer qu'il entend se maintenir au pouvoir, malgré la contestation et son état de santé. Ali Abdallah Saleh est apparu à la télévision jeudi pour la première fois depuis son hospitalisation en Arabie Saoudite. Dans une courte vidéo, le président yéménite paraît fortement brûlé au visage, les bras et mains bandés. Il explique dans son message avoir subi huit opérations avec succès, et remercie le roi Abdallah d'Arabie Saoudite pour son accueil. Pour rappel, le président yéménite a été touché lors d'une attaque contre le palais présidentiel le 3 juin dernier, le contraignant à fuir en Arabie Saoudite pour être soigné d'urgence. Cette attaque est survenue suite au mouvement de contestation qui secoue le pays depuis janvier dernier. Des milliers de manifestants défilent ainsi régulièrement dans les rues pour demander le départ du chef de l'Etat, au pouvoir depuis 33 ans. Jeudi, la colère était encore visible dans les rues de Sanaa, où des milliers d'opposants se sont rassemblés. A l'occasion de cette intervention télévisée, Ali Abdallah Saleh s'est adressé au peuple yéménite, en appelant à relancer le dialogue national. Il s'est également dit prêt à un partage du pouvoir, mais dans le « cadre de la Constitution ». «Nous ne sommes pas contre la participation, nous sommes pour la participation de toutes les forces politiques, même celles d'opposition, mais à partir d'un programme sur lequel le peuple se sera mis d'accord», a appelé le président. Tout en ouvrant la voie au dialogue, Ali Abdallah Saleh s'en est pris avec véhémence aux « éléments terroristes », responsables de l'attaque contre sa résidence. «Plusieurs ont compris la démocratie de façon incorrecte, à travers des pratiques incorrectes», a-t-il jugé. En revanche, le président n'a pas fait mention de la proposition des pays du Golfe soutenue par les Etats-Unis, en vertu de laquelle il céderait le pouvoir en échange d'une immunité judiciaire. Pour certains, cette apparition vise à calmer les spéculations sur son état de santé. «Cette simple apparition à la télévision a clarifié les choses pour les gens et a fait taire plusieurs langues, en montrant que le président est en bonne santé», estime Yasser Yemani, chef du parti au pouvoir au Yémen. Du côté de l'opposition, on ne voit pas son apparition du même oeil. «On voit bien, à son apparence, qu'il ne peut pas revenir. Cet homme n'est plus en mesure de diriger le pays», croit Mohammed Al-Thahiri, un des leaders des manifestants dans la capitale. Effectivement, vu les images montrées jeudi, on imagine mal le chef de l'Etat revenir au pays prochainement. La voie la plus probable pour le moment est celle proposée par le vice-président Abd-Rabbou Mansour Hadi, qui gère le pays en l'absence de Saleh. Celui-ci a proposé de former un gouvernement dirigé par l'opposition mais d'allonger la période, initialement de soixante jours, devant conduire à un nouveau scrutin présidentiel.