Le chômage des jeunes continue à préoccuper gouvernements et organismes internationaux. Dernier en date, la Banque africaine de développement a publié une étude retraçant les causes et les conséquences du chômage des jeunes au Maroc et dans les pays voisins en proposant des pistes de réflexion avec, à l'appui, des expériences réussies. Il n'est plus un secret pour personne que le fléau du chômage sévit de plus en plus dans les pays du monde entier. Dans la région du Maghreb et particulièrement au Maroc, cette situation est plutôt structurelle et risque de s'aggraver davantage en 2020 avec l'inversion progressive de la pyramide des âges qui déboucherait sur une propension de jeunes à la recherche d'emploi plus importante qu'aujourd'hui. Or avec les solutions disponibles actuellement, on peine déjà à résorber le chômage qui sévit. En effet, avec seulement 120 000 emplois créés annuellement, le taux de chômage moyen ressort à 8,7%. Chez les jeunes âgés entre 15 et 24, il est de 17,4%. Pour la Banque africaine de développement (BAD), qui vient de publier une note d'étude sur le chômage dans les pays du Maghreb, le problème du chômage ne se limite pas au fait de ne pas trouver de l'emploi, mais surtout de trouver un emploi décent, qui n'est pas par essence précaire. Car nombre de jeunes pour ne pas demeurer inactifs s'orientent vers le secteur informel avec tout ce que cela représente en manque de préservation de leurs droits ou encore acceptent des emplois pour lesquels ils sont sur-qualifiés. A l'origine de cette orientation, les analystes de la BAD avancent ce qui est aujourd'hui des évidences, «la non- adéquation de la formation avec le marché dutravail mais aussi l'incapacité à créer des emplois à forte valeur ajoutée, sans oublier l'inefficacité des mesures adoptées par les autorités publiques». Mesures inefficaces En plus de ces causes, la BAD précise que la crise économique qui a touché les pays du Maghreb de par leur dépendance économique vis-à-vis de l'Union Européenne a eu un impact significatif sur le chômage chez les jeunes. Car même si le chômage d'une manière globale a baissé, celui des jeunes a en parallèle remarquablement progressé. Par ailleurs, le manque d'opportunités sur le marché local pousse les jeunes à se focaliser davantage sur l'étranger. Selon des sondages d'opinion dans les pays du Maghreb, ces jeunes sont tellement désespérés qu'ils sont prêts à risquer leur vie pour travailler à travers la migration illégale. Sur un autre plan, il faut souligner que ce sont les jeunes les plus instruits qui ont le plus de profils «vendables», causant ainsi une «fuite des cerveaux», phénomène reconnu dès que plus de 10% de la section des plus instruits dans une population émigrent. En 2000, le taux d'émigration des Marocains de l'enseignement supérieur était de 17%. Ce phénomène peut créer des pénuries dans certains secteurs de l'économie. Par exemple, les médecins comprennent un grand pourcentage des émigrés du Maghreb: 44% pour l'Algérie, 33% pour le Maroc et 31% pour la Tunisie. Toutefois la «fuite des cerveaux» ne peut pas être un problème majeur compte tenu du déficit d'emplois décents. Après tout, si le marché intérieur du travail n'est pas en mesure d'employer de façon productive les travailleurs hautement qualifiés. Ces migrants peuvent constituer, par ailleurs, une solution à travers leurs transferts de fonds ou en investissant dans les industries nationales. Des exemples à suivre Afin de remédier à cette problématique, les analystes de la BAD citent quelques exemples de pays où des politiques publiques ont réussi à améliorer considérablement la situation de chômage chez cette population. Parmi ces exemples, il y a les artisans d'Angkor, une école-chantier créée en 1998, issue d'un partenariat public- privé et qui offre aux jeunes Cambodgiens à proximité de leur domicile, des emplois avec une formation de qualité aux métiers d'art consacrés à la culture khmère. La promotion de la création d'entreprises et l'esprit entrepreunarial sont également une piste à suivre notamment à travers l'exemple de Bharatiya Yuv Shakti Trust, une association à but non lucratif indienne dont la mission principale est d'aider les jeunes à se lancer dans le domaine des affaires à travers l'accompagnement ainsi que le financement. Jusqu'en 2009, l'association a appuyé 2 100 nouvelles entreprises générant 17 700 emplois. Université et insertion professionnelle Aujourd'hui même et jusqu'à demain 6 décembre, l'Université Abedlmalek Essaâdi à Tétouan organise un séminaire sous le thème : «Nouveaux regards sur le rôle des universités dans l'insertion professionnelle des diplômés». Souvent pointé du doigt quand on parle de chômage, à cause d'une formation plus académique que pratique, le séminaire organisé dans le cadre des activités du projet européen Tempus «Mesures d'accompagnement des diplômés à l'insertion professionnelle» en collaboration avec le ministère de l'Education nationale, de l'enseignement supérieur, de la formation des cadres et de la recherche scientifique, permettra de partager les avancées réalisées dans le domaine du suivi et de l'insertion professionnelle des diplômés de l'université dans l'espace euromaghrébin. Durant cette activité, le consortium du projet européen Tempus MADIP partagera les outils et distribuera aux participants les documents et supports élaborés durant ces trois dernières années sur ce sujet.