Les représentants de la Ligue arabe se sont rendus, mardi, à Homs pour enquêter sur les exactions commises par l'armée syrienne à l'encontre des manifestants anti-régimes. L'impasse se poursuit au niveau du Conseil de sécurité qui n'est toujours pas parvenu à une résolution. Les observateurs de la Ligue arabe en Syrie sont arrivés, mardi, à Homs, épicentre de la contestation contre le chef d'Etat syrien Bachar el-Assad, où une trentaine de personnes ont été tuées par les forces de sécurité, dans la journée du lundi. Ces représentants de l'organisation panarabe ont pour principal objectif de vérifier l'application effective du plan de la Ligue arabe, en vue d'une sortie de crise. Ils sont au total cinquante, qui se constitueront en cinq équipes de dix personnes pour mener à bien le travail sur le terrain. Cette première délégation est dirigée par le général soudanais Mohammed Ahmed Moustapha Al-Dabi. «La délégation des observateurs de la Ligue arabe a commencé sa réunion avec le gouverneur de Homs, Ghassane Abdel Al», a indiqué la télévision privée Dounia, proche du régime. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme(OSDH), basé à Londres, onze chars se sont retirés vers 07h GMT du quartier Baba Amro de Homs, quelques heures avant l'arrivée des observateurs dans la ville. Cependant, les conditions de travail de la délégation restent difficiles dans la mesure où Damas ne lui a pas accordé toute la latitude nécessaire. «Les représentants de la Ligue arabe ne peuvent pas travailler. Ils ont déclaré qu'ils ne pouvaient pas aller là où les autorités ne veulent pas qu'ils aillent. Les observateurs travaillent dans des conditions que la Ligue arabe dit ne pas être bonnes. Je pense qu'on a peut-être mal négocié leurs conditions de travail», a déclaré Burhan Ghalioun, président par intérim du Conseil national syrien (CNS). L'opposition en appelle au Conseil de sécurité Le CNS demande également au Conseil de sécurité d'adopter le plan de la Ligue arabe pour lui donner plus de poids quant à son application. «Le plan arabe de sortie de crise est un bon plan pour désamorcer la crise, mais je crois que la Ligue arabe n'a pas vraiment les moyens de le faire appliquer », a souligné Burhan Ghalioun. Selon l'opposition syrienne, qui n'a vraisemblablement pas espoir en la mission des observateurs, au moins 20 000 manifestants se sont rassemblés, mardi, à Homs pour appeler la communauté internationale à la rescousse. La journée du lundi a été particulièrement sanglante à Homs, au moins trente personnes ont péri sous les balles des forces de sécurité fidèles à Bashar el-Assad. Selon les militants des droits de l'Homme, les soldats ont tué au moins 275 civils, en une semaine. De même, les combats entre l'armée et des déserteurs ont fait 150 morts de plus, d'après la même source. «Tout doit être mis en œuvre pour que s'arrête le drame qui est en train de se dérouler à huis clos dans la ville de Homs», a insisté Bernard Valéro, le porte-parole du Quai d'Orsay. Impasse De son côté, la Turquie a mis en cause les véritables intentions du régime syrien, qui a signé un accord avec la Ligue arabe qui prévoit la fin de la répression, l'ouverture de négociations avec l'opposition, la libération de tous les prisonniers politiques, le rappel de l'armée dans ses casernes et le libre accès des travailleurs humanitaires et journalistes au territoire syrien. «Je doute fort que le régime syrien laisse les observateurs faire leur travail. Je m'attends à ce qu'on essaie de limiter leur liberté de mouvement, au motif que certaines zones ne seraient pas sûres, ou en les envoyant ailleurs que là où ils devraient aller», a déclaré Walid al-Bunni, un opposant syrien, appuyant ainsi les doutes de la Turquie. La Russie a, pour sa part, proposé un nouveau projet de résolution sur la Syrie au Conseil de sécurité. Ce projet russe a, de nouveau, été jugé «insuffisant» par les diplomates occidentaux, qui accusent Moscou de livrer des armes à Damas. Il faut souligner que le dossier syrien suscite des tensions entre les quinze membres du Conseil, présidé ce mois par la Russie. D'un côté, les Américains et les Européens réclament une condamnation claire de la répression et des sanctions contre le régime. De l'autre, les Russes, soutenus par les pays émergents ( Brésil, Inde, Afrique du sud notamment), qui estiment qu'il est encore trop tôt pour prendre des mesures contre Damas alors que le dernier bilan établi par une ONG sur les tueries en Syrie fait état de 6200 morts.