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Colette Fellous et Albert Memmi, escale littéraire à Mogador
Publié dans Le Soir Echos le 26 - 03 - 2010


 
Migration, identité et modernité» (Essaouira, 17-20 mars 2010), c'est dans le cadre du grandiose colloque qui arbore cet intitulé que s'inscrit ce café littéraire que je suis appelé à animer avec deux grands écrivains de la littérature de langue française : Colette Fellous et Albert Memmi.
Tous deux juifs d'origine tunisienne, installés à Paris et écrivent aussi bien des fictions que des essais. Les questions d'identité sont au cœur de leur création littéraire. Avec «La statue de sel», roman que Memmi a publié en 1953, les grandes problématiques qui constituent la trame de son œuvre ont été annoncées : le judaïsme, le colonialisme, l'identité, Orient-Occident, la quête de soi…
Colette Fellous, quant à elle, débarque en France à l'âge de 17 ans et dès son premier roman (Roma, 1982), elle pose la question de la jeune fille qui se cherche… une quête qui continuera dans la plupart de ses récits. Elle anime aussi sur la radio France-Culture l'émission «Carnets nomades», un titre qui dit bien son univers.
Cette rencontre littéraire était l'occasion de faire une plongée dans les méandres de l'œuvre des deux invités. Dans une salle comble à Dar Souiri, des personnalités (André Azoulay, Driss El-Yazami…), des chercheurs chevronnés et le simple citoyen étaient là et découvrent attentivement cette littérature.
Colette Fellous évoque non sans émotion ses récits qui lui ont permis de ressusciter son passé longtemps occulté avec ses senteurs maghrébines, les bruits de la médina de Tunis, la lumière et la chaleur du sud de la Méditerranée, les sonorités de la langue arabe. Cette dernière a d'abord été refoulée pour laisser la place à la langue française. Voici ce qu'en dit Colette Fellous dans son récit «Avenue de France» (Gallimard, 2001) : «Je me suis engagée dans la langue française sans réserve. J'ai méprisé tous ceux qui l'écorchaient. J'ai regardé d'un œil dégoûté tous ceux qui portaient encore sur eux la trace de leur langue maternelle […]. A tous, aujourd'hui, je présente mes excuses». Albert Memmi avait aussi exprimé une position quasi similaire dans son roman autobiographique «La Statue de sel» où le personnage principal Alexandre Mordekhai Benillouche (ce nom évoque toute la complexité de l'identité) n'arrive pas à effacer les traces de ses origines : «Ai-je vraiment échappé, arriverai-je jamais à échapper à ces tumultes, à ces rythmes qui vivent au fond de moi, qui maîtrisent aussitôt la cadence de mon sang ?». Ce roman a marqué toute une génération et ce n'est pas un hasard si André Azoulay a avoué en public que ce livre l'a sauvé. Pour Memmi, l'écriture est «obstination et sacerdoce», c'est un dur labeur où l'écrivain doit «laisser parler son inconscient». Bref, «la littérature c'est la recherche désespérée d'un paradis perdu» affirme Albert Memmi avec sagesse du haut de ses 90 ans. Par ailleurs, il a tenu à évoquer le volet théorique et philosophique de sa réflexion où il a souvent été question du rapport dominant/dominé, colonisé/colonisateur et le concept de dépendance. Memmi a aussi insisté sur sa laïcité et son athéisme.
Quant à Colette Fellous, elle nous a dévoilé l'univers fabuleux de ses récits qui naissent souvent d'une inquiétude, un manque qu'il faut combler, une angoisse qu'il faut dissiper… elle dit écrire pour «sauver une mémoire collective». Son récit intitulé «Aujourd'hui» (Gallimard, 2005) est une invocation de tous ces jours qui ont marqué son parcours : «j'ai tenté de réunir les jours de ma vie qui ont compté, qui m'ont ébranlée, qui ont fait partie de notre histoire. J'étais comme si je faisais l'appel… alors certains jours ne répondaient pas et d'autres voulaient bien rentrer dans l'histoire».
Albert Memmi et Colette Fellous sont de ces écrivains qui transportent avec eux un pays en habitant un autre. Leurs écrits sont souvent autobiographiques car ils sont des quêtes permanentes, des tentatives pour trouver des solutions ou du moins pour comprendre un vécu. Tous deux s'inscrivent dans un certain nomadisme intellectuel qui les conduit vers l'éloge du métissage. Un autre point commun apparaît à travers leurs derniers livres : le Souvenir est au cœur de «Testament insolent» (Ed. Odile Jacob, 2009) de Memmi et il constitue la trame de fond du livre «Pour Dalida» (Flammarion, 2010) que vient de publier Colette Fellous en hommage à sa mère, grande admiratrice de la chanteuse.
Un écart de 30 ans entre les deux écrivains laisse ses traces indélébiles sur les textes. Albert Memmi adopte une écriture de représentation qui tente de décrire un réel en détaillant ses composantes. Les situations qui constituent ses récits sont souvent posées et précises avec un grand souci de réalisme.
L'écriture de Colette Fellous quant à elle est plus vive, plus poétique… elle entraîne le lecteur dans un univers qui suggère une réalité sans se laisser enfermer dans le réalisme. L'émission que présente l'écrivaine sur France Culture, «Carnets Nomades», est une autre voie qui invite au voyage et à l'évasion tout en demeurant très instructive.
Le public souiri était séduit par ce duo. Espérons que cette prise de contact avec Albert Memmi et Colette Fellous lui a donné envie de lecture.


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