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Abdelfattah Kilito, une étrange familiarité

Comment faire découvrir au lecteur tout un pan de la culture arabe classique sans le rebuter ? C'est le pari gagné par Abdelfattah Kilito dans son essai «Les Arabes et l'art du récit» sous-titré «Une étrange familiarité» (Ed. Actes Sud, Coll. «Sindbad», Paris, 2009, 154 pages).
Cet essai pourrait se lire comme un récit ou une promenade à travers les rayons de l'érudition de l'auteur ; c'est un livre-bibliothèque. Kilito commence par pointer du doigt un paradoxe : «Ironie du sort : Les Arabes estimaient être les maîtres du poème, les voilà élevés [par les Européens] à leur insu au rang de meilleurs conteurs du monde» (p.12). C'est une renaissance par l'«épreuve de l'étranger».  Partant de là, Kilito prend son lecteur par la main et lui fait visiter moult textes classiques en dévoilant leurs prétextes. Le prétexte justifiait la parole comme il disculpait l'écriture. En avançant à petits pas, en posant les bonnes questions, en interrogeant parfois les évidences, en illustrant son propos de diverses anecdotes, Kilito balise le chemin de la découverte. Nous passons ainsi du démon inspirateur qui a marqué la phase préislamique à l'ordre royal avec l'avènement de l'Islam (même si le spectre du démon n'est jamais tout à fait très loin !). Que ce soit dans «Kalîla et Dimna» ou «Les Mille et une nuits», plusieurs situations montrent que l'art d'écrire ou de raconter est un risque et que «l'écrivain ne doit jamais oublier qu'il s'adresse à un lecteur nécessairement hostile et que l'inimitié caractérise leur relation» (p. 19). La voie de l'art est jonchée de mauvaises intentions. D'où tout l'appareil rhétorique, dévoilé par l'auteur, qu'il est nécessaire de déployer pour amadouer le lecteur et pour se protéger contre les hostilités. 
L'écrivain Arabe a donc recherché à inscrire son texte dans le cadre de l'imitation d'un modèle mais, nous dit Kilito, «derrière la soumission au modèle, il y a la volonté d'usurper sa place». La citation est un autre moyen très utilisé dans cette littérature, elle pourrait avoir une fonction didactique mais il est aussi possible de soupçonner derrière la citation un déploiement d'érudition.
Un sort particulier a été réservé à «Kalîla et Dimna». L'auteur montre comment ce texte trouve son fondement dans le principe de la ruse, c'est le faible qui raconte, d'où «le récit est l'arme du démuni». Les stratégies de lecture sont évoquées et il faut se prémunir de «l'illusion d'une compréhension immédiate». A la suite d'Ibn al-Muqaffa', Kilito avertit : «En définitive, toute une vie serait nécessaire pour démêler les arcanes de Kalîla» (p.43). C'est une parole adressée au prince, elle est donc source de péril d'où son aspect codé.
L'image, sujet cher à Kilito, souvenons-nous de son roman «La Querelle des images» (Ed. Eddif, 1995), a fait l'objet d'un des chapitres («Ce vert paradis») où l'auteur tente de «voir» le fond d'une des miniatures (Cf. l'illustration de la couverture de l'essai) de Wàsiti qui illustre les séances de Harîrî. Tout un art est déployé. Un autre chapitre est consacré à ce qu'on pourrait appeler «le secret des origines» en interrogeant l'histoire de «Hay ibn Yaqzân», «roman philosophique» de l'Andalou Ibn Tufayl, texte unique en son genre qui pose à la fois la problématique de l'origine de son protagoniste mais aussi celle non moins importante de l'origine de ce genre d'écriture. Censure et autocensure constituent un autre aspect non négligeable dans cette littérature. «Le Collier de la colombe» d'Ibn Hazm servira de support pour disséquer cette dimension.
Il n'est pas exclusivement question des écrivains Arabes classiques, la confrontation avec les Occidentaux est un jeu qui fait le plaisir de l'auteur et du lecteur. Ainsi l'évocation de «Kalîla et Dimna» fait penser aux fables de La Fontaine,  Harîrî est rapproché de Perec, Averroès côtoie Borgès, Juan Goytisolo évoqué en écho à Ibn ‘Arabi et Ma'ari… un réseau de correspondances se tisse au fur et à mesure que nous avançons dans ce livre-bibliothèque. 


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