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Mohamed Leftah, le chantre du quartier Boussbir
Publié dans Le Soir Echos le 16 - 04 - 2010

Je viens de relire pour la énième fois ce court récit (roman ?) de Mohamed Leftah au titre emblématique et problématique «Hawa» (Ed. La Différence, 2010, 123 pages). Je remonte dans le passé à ma première lecture de ce texte. C'était bien avant sa publication, c'était en avril 2008 et plus précisément le vendredi 8 avril, Leftah m'avait envoyé un courriel du Caire où il était installé avant de quitter ce bas monde le 20 juillet de la même année :
«Cher Abdellah,Vendredi, jour saint entre tous pour les mahométans, veneris deis ou «Le jour de Venus» pour les mécréants romains, c'est de cette dernière expression que j'ai intitulé un roman dont l'éditeur vient de m'annoncer hier qu'il va le publier en décembre prochain, conjointement avec une longue nouvelle – une «petite chronique» – intitulée : «Une chute infinie». 
D'autre part, l'éditeur m'a demandé de lui proposer deux titres pour signer des contrats pour l'an 2009. Je lui ai proposé le recueil de nouvelles: « Récits du monde flottant»  et le roman : «Hawa ou le chant du quartier Boussbir». C'est sur ce dernier roman que porte mon interrogation. Avant la lettre de l'éditeur, j'avais relu ce roman plus d'une fois, et mon jugement a balancé constamment entre l'approbation enthousiaste (roman poétique, dans la veine des
«Demoiselles») et la gène (roman qui frise, 
voire coule dans le porno, lourd, etc.). Bref, c'est un véritable dilemme pour moi. Alors cher ami, puis-je te demander de prendre sur ton temps une journée pleine, de lire ce roman et de me dire si je peux signer le contrat sans la crainte d'un accueil mitigé, voire assassin.
J'espère que tu auras le temps pour lire ce roman et de me dire, aussi objectivement que possible, ton avis. Que j'ai hâte de connaitre».
J'avais répondu à Leftah que je le lirais dès lundi car mon week-end était chargé. Mais par curiosité j'ai voulu jeter un coup d'œil sur le texte et je n'ai pas pu alors m'en décrocher avant de terminer sa lecture. Je lui ai immédiatement répondu :
«Cher Mohamed,
  Je n'ai pas pu résister à l'appel de Hawa. J'ai donc vitement expédié mes diverses tâches et j'ai retrouvé cet univers magique, épique, érotique, poétique, tragique… avec ces mots de bonheur que tu sais bien choisir. J'ai aimé le texte !
J'ai passé un agréable moment avec les personnages de Boussbir que tu élèves jusqu'au Septième Ciel en leur faisant vivre «l'expérience des limites» aussi bien à travers le corps que l'esprit. C'est un texte d'une beauté époustouflante. Les savantes interventions du scribe sont là pour nous élever vers la haute littérature et pour ne pas sombrer dans la facilité.
Tu as conduit, cher Mohamed, jusqu'au 7e Ciel, Ciel de l'accomplissement, tes deux protagonistes et avec eux le lecteur qui parvient à un point similaire au bout de la 7e séquence du récit [le roman est composé de 7 chapitres]. Je ne vois pas ce qu'on pourrait reprocher à un tel texte ! Il est dans la même veine que «Les Demoiselles…» certes osé à certains égards mais il n'est pas «vulgaire», il est poétique et, à mon sens, un texte doit aussi être osé!»
Et depuis, je n'ai pas changé d'avis. Je lui ai quand même reproché le fait que son récit soit assez court. Voici la réaction de Leftah :
«Ton mail bien élogieux me rassure.
Effectivement, c'est une «expérience des limites» que d'emblée de jeu, consciemment, j'ai voulu exprimer dans une prose cheminant au plus près du poème. D'où le mot «Chant» figurant dans, et dès le titre. Je suis conscient que je n'ai pas eu le souffle assez puissant pour faire durer plus longtemps ce chant. Mais j'ai peur, en noircissant de nouvelles pages, d'entamer la forme et la densité de ce noyau poétique que recèle le roman. Je laisserais donc celui-ci tel quel et signerais le contrat». 
«Hawa» a été finalement publié en février 2010. Le roman est là dans toute sa splendeur et le lecteur ne pourrait ne pas être subjugué par le rythme frénétique qui émane de l'amour incestueux des jumeaux Hawa et Zapata. Au-delà des deux personnages, c'est la vie d'un quartier qui est rendue : le quartier Boussbir (Leftah nous explique que ce nom est la déformation d'un nom propre, «celui d'un certain M. Prosper, un Français à l'origine de l'érection de ce quartier qui approvisionna longtemps en chair fraiche et constamment renouvelée des clients…» p. 14), lieu des bordels à Casablanca où pullulent ces «anges bagarreurs» sublimés par le pouvoir esthétisant de la plume leftahienne. 
Il serait tout à fait approprié de qualifier cette histoire et cette écriture par les mêmes mots que Leftah utilisait pour présenter son héroïne Hawa : belle, farouche, explosive.                                           
          


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