Dans l'ombre du fameux Lycée Lyautey (à quelques pas), berceau de la Jet set casablancaise, se situe l'école Ziraoui. Aux premières allures, cette école primaire n'a rien d'anormal. Des petites filles, tablier rose et cartable sur le dos, courent à toute allure pour rejoindre le portail. Une fois au sein de l'établissement, nous ne pouvons que remarquer que ces mêmes écolières se précipitent non pas pour rejoindre leurs classes respectives, mais pour rentrer… chez elles. Depuis près de trois ans, l'école primaire Ziraoui n'est plus une école ordinaire. Elle s'est même reconvertie, ces neuf derniers mois, en refuge pour 75 familles. L'histoire a commencé quand les autorités ont voulu éviter des drames d'effondrement de maisons dans l'ancienne médina. La décision a donc été prise, et les habitants des maisons menaçant ruine ont été «relogés» à l'école Ziraoui. Un des habitants de l'école, père d'une famille de quatre enfants, les mains tremblantes et préférant garder l'anonymat, est l'une des rares personnes à avoir accepté de partager sa souffrance. «Nous avons peur des autorités. Nous n'avons pas le droit de parler de ce qui se passe ici». Comme ce dernier le décrit, chacune des classes de l'école abrite 5 familles. «Au début, il y a eu des des vols, entre familles, entre garçons… mais le plus grand problème est le manque d'intimité ». Difficile à réaliser quand les séparations entre chaque «lot familial» sont faites de draps. Même les tâches que chaque personne peut accomplir quotidiennement sans que cela lui pose problème, sont devenues un vrai parcours du combattant pour ces anciens habitants de la médina. «Faire la vaisselle, étendre son linge ou même prendre une simple douche devient difficile», nous confie le père de famille. Les enfants en souffrent psychologiquement Cette situation de vie est pénible pour les grands, comme pour les petits. Une mère de famille, qui elle aussi a préféré témoigner sous anonymat nous rapporte que le niveau scolaire de ses enfants est en chute libre. «Ils n'étudient plus aussi bien qu'avant, leur état psychologique est instable, c'est pour cela qu'ils ne sont plus aussi bons à l'école comme avant». La Société nationale d'aménagement communal (SONADAC) qui a pour mission la rénovation et la réhabilitation urbaine dans les quartiers d'habitats menaçant ruine, n'a toujours pas respecté sa promesse de reloger ces anciens habitants, qui la tiennent pour seule responsable de leur situation actuelle. Saâd Laachfoubi, directeur général de la SONADAC, nous a affirmé que le projet de relogement des habitants de l'école Ziraoui est en progression et qu'il ne dépend que de la disponibilité du logement dans le site d'accueil, situé à Nassim, sur la route d'El Jadida. L'espoir se dissipe Les familles supportent de moins en moins la situation. Pour elles, l'espoir de profiter du programme de relogement s'estompe de plus en plus, au fil des démarches administratives à suivre et des frais engendrés. Pour devenir propriétaire d'un appartement de relogement, chaque foyer doit en effet verser un apport qui avoisine facilement les 110 000 de DH. Une somme quasiment impossible à mettre de côté pour les habitants de l'édole Ziraoui.