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Salim Jay ; Ce que disent les peintres…
Publié dans Le Soir Echos le 10 - 05 - 2010


 
Fouad Bellamine répond aux questions de Frédérique Le Graverend dans le numéro 21 (Printemps 2010) de la revue AREA (Ed. Descartes & Cie). Le peintre marocain se trouve en excellente compagnie puisque sont également évoqués Vladimir Velickovic et Julio Le Parc, mais aussi bien Christian Boltanski et Malick Sidibé qui a parcouru Bamako sur sa bicyclette, de surprise-parties en bals de fin d'années et immortalisé la jeunesse yé-yé des années de l'indépendance malienne. AREA est une revue qu'on peut dire somptueuse sans avoir le sentiment d'exagérer.
Fouad Bellamine ne renierait pas la phrase de Descartes qu'on peut lire sur une plaque rue Rollin à Paris : « Cependant me tenant comme je suis un pied dans un pays et l'autre en un autre, je trouve ma condition très heureuse en ce qu'elle est libre. » Cette phrase est citée par Claire Margat, la fille de mon ami Jean, collectionneur intempérant de Jocondes, tandis qu'elle interroge le philosophe Jean-Luc Nancy auteur d'un essai intitulé «Etre singulier pluriel» paru en 1996. 
Nancy affirme qu' « on ne peut pas assigner à une identité : on peut seulement accueillir dans un cadre identitaire mais à la condition qu'il soit un cadre, un espace de jeu pour des identités multiples (individus, groupes divers, minorités comme on dit) et non une imposition. Une identité, cela échappe forcément à une imposition».  Les artistes marocains, quand bien même leur pratique se montre avide de coïncider avec une certaine modernité voire postmodernité occidentale ne se font jamais faute d'évoquer la puissance de leur imprégnation par le pays natal. Bellamine l'exprime avec recul : « La ville de Fès a fabriqué l'artiste que je suis. Mais je ne pense pas que ma ville natale a eu des influences directes sur ma pratique, puisqu'il n'a jamais été question de peindre la ville de Fès en tant que sujet référentiel récurrent. Mon travail de peintre a toujours été une curiosité envers toutes les pratiques artistiques de par le monde. C'est cela qui m'enrichit ».
 A propos de l'identité, le photographe malien Malick Sidibé en a une bonne. Il répond à Pierre Amrouche qui lui a demandé si une photo révèle vraiment l'identité de quelqu'un, sa personnalité, ce qu'il est en-dedans et au-dehors : « Les fesses montrent souvent d'autres choses que le devant d'une personne et même plus de choses. C'est la fesse cachée de l'identité ! » 
Bellamine est moins facétieux, mais, à propos de son œuvre photographique, L'origine du monde, il dit avoir travaillé pendant une année avec un modèle et précise : «Il n'a jamais été question de voiler l'entrejambe de la peinture de Courbet».
 De Lucian Freud à Zineb Sedira, photographe franco-algérienne résident en Angleterre et qui montre sur écran trois femmes se tenant les mains, chacune parlant sa propre langue : arabe, français, anglais, c'est à une sorte de tour du monde qu'AREA nous invite. Le peintre vietnamien Tran Trong Vu raconte, lui, les conditions de son départ pour la France : « Pour la première fois de ma vie, j'ai pu toucher un passeport, mais quelques instants avant d'aller à l'aéroport, la police a tout bloqué. J'ai dû attendre, convoqué maintes fois par la police. J'étais épuisé. Enfin, quatre mois après j'ai eu la permission de partir, mais quand je suis allé chercher mon billet d'avion, il n'y en avait plus jusqu'à l'année prochaine !»
 Je conversais à peine avec Julio Le Parc lorsque je le rencontrais régulièrement chez deux amis communs, des peintres coréens auxquels (ne riez pas !) je servais de modèle en échange de savoureux repas. J'ai été heureux de retrouver Le Parc dans les pages d'AREA à travers des reproductions de ses œuvres et aussi dans des propos qui méritent d'être médités : « Quand je suis arrivé en France, les critiques d'art avaient une réelle influence. Le pouvoir est ensuite passé aux mains de directeurs de musées, puis des commissaires d'exposition. Maintenant, c'est la guerre entre grands collectionneurs pour acquérir telle ou telle œuvre en salles des ventes. L'art est devenu pur spéculation financière».  
Voilà ce que les artistes savent aujourd'hui de l'état des choses. Cela fait du bien quand ils le disent.


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