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Ethologie : Les animaux se suicident-ils ?
Publié dans Le Soir Echos le 01 - 06 - 2010


 
Le suicide chez les animaux a une mythologie, peuplée de lemmings et de baleines échouées. Le scorpion entouré par les flammes qui tente de se piquer avec son propre dard y tient le rôle du héros tragique. Pour les scientifiques, cet acte autodestructeur n'existe toutefois pas chez d'autres espèces que l'Homme. Mais leurs arguments ne convainquent pas tout le monde, comme l'illustre le débat suscité par une étude parue il y a peu dans la revue d'histoire et de philosophie de la science Endeavour. Sans se prononcer sur le fond, deux historiens britanniques y décrivent comment le sujet a évolué avec les époques et les jugements moraux. «Il est communément admis que le suicide est un acte distinctivement humain, relèvent les chercheurs. On considère que les animaux sont dépourvus de la capacité de visualiser et de provoquer leur propre mort et qu'ils sont donc guidés par un instinct d'auto-préservation. Toutefois, la discussion sur l'existence de l'animal autodestructeur a longtemps été centrale dans le débat sur la nature du suicide». Au XIIIe siècle, par exemple, saint Thomas d'Aquin s'appuie sur l'argument que toutes les espèces «s'aiment naturellement et persistent donc à être» pour conclure que le suicide est un péché mortel qui va «contre l'inclination de la nature». L'Angleterre victorienne, en revanche, romantise l'acte au point de «renverser des siècles de condamnation morale». En 1845, le «Illustrated London News» rapporte le cas d'un chien qui, après plusieurs tentatives, serait parvenu à se noyer délibérément. Au fil du XIXe siècle, l'opinion évolue et les exemples se multiplient : des chats, des chevaux, des canards… Et encore des chiens qui se laissent mourir sur la tombe de leur maître . «Vers 1870-1880, le suicide était considéré comme un acte rationnel, qui impliquait forcément une intention et une planification», explique un des chercheurs, Duncan Wilson, du Centre pour l'histoire de la science, de la technologie et de la médecine de l'Université de Manchester. Mais il ajoute qu'à cette époque, notamment grâce aux écrits de Charles Darwin, on attribuait une grande intelligence aux animaux. Probablement plus qu'aujourd'hui. L'historien relève un changement de perspective au début du XXe siècle, avec l'émergence de l'idée que le suicide peut être instinctif : le résultat de la surpopulation ou de la pression sociale.
Croire que nos animaux de compagnie  se suicident après notre mort en dit plus sur la vanité humaine que sur le comportement des animaux.
Qu'en pensent aujourd'hui les scientifiques ? Laurent Keller, du Département d'écologie et évolution de l'Université de Lausanne, écarte une base génétique de l'autodestruction chez les animaux. Du point de vue de la sélection naturelle, le suicide est un cul-de-sac : une telle prédisposition ne pourrait pas se propager de génération en génération. «Les humains, eux, vivent dans un environnement très différent de celu i dans lequel ils ont été sélectionnés il y a 200 .000 ans, relève-t-il. Celui-ci dépend aujourd'hui beaucoup des interactions sociales. Le suicide est un dysfonctionnement de ces interactions». «Il n'y a absolument aucune observation de suicide délibéré d'animaux», souligne pour sa part James Anderson, psychologue à l'Université de Stirling, en Ecosse, qui travaille avec des chimpanzés. Pour lui, les espèces non humaines n'ont pas les capacités de planification nécessaires. La conscience que les animaux ont d'eux-mêmes et de la mort (LT du 29.04.2010 ) est au cœur du débat. «Si l'on considère que le suicide implique une intention et une planification, j'imagine que la plupart des gens pensent que les animaux en sont incapables, commente Duncan Wilson. Nous ne leur attribuons pas des capacités intellectuelles suffisantes». Il ajoute toutefois que beaucoup «d'amoureux des bêtes» ne sont pas d'accord. En effet, les divers articles parus sur la question suite à l'étude anglaise ont suscité de vives réactions. Beaucoup d'internautes accusent les scientifiques de sous-estimer les capacités intellectuelles des autres espèces en tirant des conclusions beaucoup trop anthropomorphiques. Plusieurs d'entre eux disent en outre avoir été témoins du suicide d'un compagnon à poil, à plume ou même à écailles. «Peut-être que les humains qui sont émotionnellement liés à un animal font des interprétations», observe l'éthologue bâlois Jörg Hess. «Notre empressement à croire que nos animaux de compagnie pourraient se noyer dans le chagrin après notre mort en dit plus sur la vanité humaine que sur le comportement des animaux», raille Rowan Hooper, du New Scientist, sur un blog du journal. Reste le scorpion et ses mythiques tentatives de suicide. Elles sont en fait le résultat de réflexes désordonnés provoqués par la chaleur, explique Laurent Keller. En outre, s'il se pique, l'animal survit en général, même à
 plusieurs doses de son venin. Pour les baleines qui s'échouent en groupe, il s'agit vraisemblablement d'«erreurs de GPS», poursuit le biologiste. Celles-ci peuvent s'expliquer par des parasites, des perturbations dues à la pollution sonore (sonar, vibration des bateaux, etc.) ou encore par des modifications ponctuelles du champ magnétique terrestre. Or, comme c'est souvent un animal qui dirige la troupe, s'il se trompe, tous les autres le suivent. Quant aux fameux suicides collectifs de lemmings, ce sont des accidents inhérents à leurs migrations de masse. «Le mythe a été alimenté par un documentaire de Walt Disney, pour lequel des lemmings ont été jetés en bas de falaises», ajoute Laurent Keller. Il existe par contre de nombreux exemples d'animaux, notamment chez les insectes sociaux, qui se sacrifient pour leur groupe. Difficile toutefois de parler de suicide, d'autant que ce comportement n'apparaît que lorsque les individus sont fortement apparentés entre eux et qu'en aidant leurs congénères ils favorisent la transmission de leurs propres gènes aux générations suivantes. «En fait, tout dépend de ce que l'on entend par suicide», conclut Duncan Wilson. Et l'on voit qu'il y a beaucoup de marge d'interprétation.


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