Le Maghreb du foot affiche son union… en attendant celle de l'économie et de la politique. Le foot a réussi là où les politiques ont échoué. La qualification de l'Algérie à la Coupe du Monde a été une véritable fête maghrébine, fêtée à Alger, mais aussi dans les rues de Casablanca et de Tunis. Durant le match de Khartoum, qui a opposé les sélections algérienne et égyptienne, la rue marocaine avait facilement choisi son camp. Et le but de la victoire des Fennecs a soulevé les mêmes cris de joie à Casablanca qu'à Alger. Cette fraternité, exprimée de façon spontanée et sincère, est la meilleure preuve que le Maghreb est une réalité sociologique et culturelle tangible. C'est également un message fort adressé aux dirigeants des pays du Maghreb pour mettre de côté leurs divergences et œuvrer à construire un projet commun au lieu de mener une course effrénée à l'armement (voir notre dossier p. 18). À l'heure de la mondialisation, de l'émergence des zones économiques intégrées, ce Maghreb disloqué politiquement, tendu socialement et fermé économiquement n'a pas lieu d'être. Le gâchis est énorme, quand on met en perspective les opportunités de synergies au sein de cette région partageant religion, langues, identités et traditions communes… L'Union européenne, qui regroupe aujourd'hui 27 Etats, est loin de présenter une telle convergence culturelle. Et pourtant, elle fonctionne ! Un marché maghrébin de 100 millions d'habitants offrira les conditions d'une croissance durable et une meilleure création de richesses, qui profiterait d'abord aux peuples de la région. Le pragmatisme économique doit aujourd'hui primer dans la réflexion des dirigeants maghrébins. Et ce ne sont pas les aficionados du ballon rond qui diront le contraire !