Le système des retraites connaîtra une réforme imminente. Le point avec Khalid Cheddadi, PDG de la CIMR. Que pensez-vous de la réforme de la retraite ? Nous pensons à la CIMR que la réforme est nécessaire, puisque le système de retraite au Maroc connaît actuellement plusieurs problèmes. Le premier problème concerne l'insuffisance de la couverture. Il faut savoir qu'aujourd'hui, seulement moins de 30% de la population active bénéficie d'une couverture retraite. Par ailleurs, l'un des soucis majeurs auquel est confronté le système des retraites au Maroc, réside dans la mauvaise situation financière de plusieurs régimes. Il est donc impératif de redresser cette situation. Quels sont les éléments sur lesquels se penche actuellement la commission nationale en charge du dossier des retraites ? La commission nationale a pris en charge ce dossier de la retraite depuis 2004, il y a environ 6 ans. Elle a désigné un comité technique qui travaille de manière concrète sur le dossier. Cette commission technique est composée des représentants de l'Etat, des syndicats ainsi que de la CGEM. Elle a désigné un cabinet international qui est le cabinet Actuariat et Charles Riley. Après avoir effectué un diagnostic sur les différentes caisses présentes au Maroc, les cabinets ont identifié un scénario ou un schéma pour une réforme adéquate au système de retraite marocain. Actuellement, le cabinet Actuaria a déjà présenté son rapport à la commission technique qui est en train de l'étudier. Le cabinet transmettra son rapport à la commission nationale pour que cette dernière tranche sur le dossier. Quelles sont les grandes lignes de ce rapport ? Vous savez, le cabinet Actuaria s'est basé sur la situation financière de différentes caisses et sur les besoins en couverture. Il a élaboré un schéma de réforme qui comporte un régime de base unifié qui va regrouper l'ensemble des salariés que ce soit dans le privé ou dans le public, voire même des travailleurs non salariés. Au-delà de ce régime de base, il y aurait deux régimes obligatoires, un pour le secteur privé et l'autre pour le secteur public, ainsi qu'un troisième régime non obligatoire qui serait destiné aux travailleurs non salariés. En parallèle, il y aurait des régimes facultatifs gérés par les compagnies d'assurance. Y aurait-t-il des changements concernant l'âge de la retraite ? Je peux vous dire que l'âge de la retraite changera sûrement, mais je ne peux pas préciser les détails de ce changement. Parce que l'âge de la retraite est un paramètre important pour l'équilibre des régimes de retraite. Et cela, pour une raison relativement simple, puisque la retraite est une gestion de l'épargne. En fait, il faut un équilibre entre les montants, les recettes et les dépenses. Et cet équilibre dépend évidemment de la durée de chacune des deux périodes. Donc, si vous augmentez par exemple l'âge de la retraite, vous allez augmenter la période d'épargne et diminuer la période de la pension, ce qui pourra rétablir un équilibre, s'il y avait un déséquilibre. En 2012 la CMR connaîtra son premier déficit. A quoi cela est-il dû ? Effectivement, l'année 2012 sera l'année où le régime de la Caisse Marocaine de Retraite (CMR) qui couvre les fonctionnaires connaîtra son premier déficit. On parle de déficit quand le montant des pensions payées d'une année est supérieur au montant des contributions qui sont collectées la même année. Et c'est ce qui arrivera certainement en 2012. Propos recueillis par Jalal El Omari