La Bourse de Casablanca affiche une santé éclatante. Nombre de sociétés ont explosé les compteurs en 2010. comme à l'accoutumée, en ce premier trimestre, les 75 sociétés cotées à la Bourse de Casablanca se sont adonnées à l'exercice habituel de la publication des résultats financiers 2010. Cette année, la transparence dans la communication financière a connu une évolution notable, ceci sous la bonne supervision du gendarme de la Bourse, le CDVM (Conseil déontologique des valeurs mobilières) qui n'a pas lésiné sur les moyens réglementaires afin que les sociétés respectent leurs obligations. A titre d'exemple, Hassan Boulaknadal, DG du CDVM, a tapé fort pour que les entreprises affichant des résultats en deçà de ceux prévus, émettent des profits warnings. C'est dans cette perspective de protection des petits porteurs notamment et une meilleure communication plus globale que comptable, que le CDVM a observé ces dernières publications annuelles. Bémol, cette globalité de l'information, non obligatoire, qui devait concerner des questions relatives à la stratégie de la société, ses perspectives d'évolution ou ses risques, n'a pas été au rendez-vous chez certaines sociétés qui se sont contentées de communiquer uniquement sur des performances financières ou sur leurs atouts en omettant la partie stratégie et risque. Une information rarissime que les sociétés verrouillent (concurrence oblige) mais qui est essentielle quant à la visibilité de l'investisseur local ou étranger sur l'action qu'il détient et qui est d'un grand apport pour les analyses des traders. Autre bémol, la non-explication, la négligence ou même la non communication sur des variations importantes de certains postes comptables de peur d'attirer la foudre sur le comportement du cours de l'action en Bourse. Qui a dit que le temps de la manipulation de l'information est révolu ? Outre ces déceptions dans la globalité de la communication relative aux résultats annuels, l'année 2010 a connu une véritable reprise, chiffres à l'appui. C'est ainsi que les indices boursiers Masi et Madex ont réalisé presque la même performance (+21,1%) par rapport à l'année 2009. De même la capitalisation boursière a gagné environ 70 MDH. Sachant que l'année 2010 a été l'année du retrait de la cote des deux groupes ONA et SNI. Toutefois, en parallèle de ces retraits, deux sociétés ont sonné la cloche de la Bourse à savoir Ennakl Automobile et Cnia Saada. Ajoutons à cela les quelques augmentations de capital, rachat d'actions ou émissions d'obligations qui ont ranimé considérablement le marché boursier en 2010. D'ailleurs, Risma, le fonds d'investissement du groupe hôtelier Accor, a innové et émis pour la première fois au Maroc des obligations convertibles en actions. Une initiative qui a connu un franc succès. Les banques explosent les compteurs ! Ces bonnes performances montrent que les investisseurs ont repris la confiance et que la crise n'est qu'un mauvais souvenir pour la plupart des sociétés cotées à la place casablancaise. En effet, par secteur d'activité, les bancaires ont été les plus performants l'année précédente. La BCP, la BMCE ou encore le CIH ont connu des croissances vertigineuses. La BMCE a ainsi clôturé l'exercice 2010 avec un résultat net en hausse de 113%. Une hausse due en partie à l'augmentation de capital réservée au Groupe Mutuel-CIC de 2,5 MdDH ainsi qu'à l'entrée de la CDG dans le capital de la banque à hauteur de 8% mais également grâce aux performances commerciales de la banque. En dépit des déboires de la BMCE à Londres, où sa filiale BBI a enregistré un déficit d'environ 282,19 MDH et les 24 MDH de pertes de Hanouty, la banque a réalisé un chiffre d'affaires en hausse de 18% et compte investir massivement en Afrique à travers Bank Of Africa et aussi continuer son plan de développement en ouvrant d'autres agences au Maroc et à l'étranger. Pour sa part, la BCP s'est particulièrement distinguée grâce à un chiffre d'affaires en hausse de 276%, un résultat d'exploitation en progression de 192% et un résultat net en nette augmentation de 67%. D'ailleurs, les deux banques comptent avancer sur le projet de la future place financière de Casablanca cette année. Othman Benjelloun, PDG de BMCE bank a confié que la Casa Finance City (CFC) sera accompagnée par sa semblable de Singapour et que la convention sera signée fin avril. Par ailleurs, Mohamed benchaâboun, PDG de la Banque centrale populaire a déclaré que l'offre de sa banque est déjà affinée et un siège sera construit dans la CFC. Addoha dépasse ses prévisions De même, la BCP a été l'une des banques les plus actives dans le financement de l'économie en participant à plusieurs projets d'envergure notamment dans le secteur immobilier. D'ailleurs, ce secteur a été l'un des plus rentables en 2010. La preuve: le leader marocain de la promotion immobilière, Addoha, a dégagé un chiffre d'affaires consolidé en hausse de 26,1% par rapport à 2009. Dopé par le segment du logement social, le groupe compte investir davantage, non seulement sur le social mais également sur l'intermédiaire et le haut standing, en réalisant 150 000 logements à l'horizon 2015. Dans un autre registre, l'une des vedettes de l'année écoulée est incontestablement Managem. La minière a rompu avec les années déficitaires et renoue avec le vert. Elle affiche ainsi un chiffre d'affaires de 2,87 MdDH, en hausse de 29,4%. Même constat auprès de Risma qui voit enfin le bout du tunnel et prévoit même une augmentation de capital de 500 MDH pour concrétiser un ambitieux plan d'investissements qui s'étalera jusqu'à 2018. La tendance haussière a concerné également le secteur des télécommunications. IAM, Wana corp ou encore Méditel ont affiché des résultats 2010 très satisfaisant. Méditel a, à titre d'exemple, réalisé en 2010 un résultat net de 623 MDH, enregistrant une nette croissance de 126% par rapport à 2009. Globalement, l'année 2010 a été d'un bon cru au niveau de la place casablancaise. Les résultats ont été positifs pour la plupart des sociétés cotées, voire même dépassant les prévisions pour quelques vedettes mais également en berne pour des sociétés que la conjoncture a pénalisé. En comparaison, le Masi a progressé de 21%, alors que le Dow Jones a gagné 11,02% en 2010 et le CAC 40 a perdu 3,34%. Une comparaison qui positionne la place parmi les bourses les plus performantes et dynamiques au niveau mondial. Pourvu que sa dure. Mohamed Amine Hafidi Crise quand tu nous tiens ! L'euphorie des croissances à deux ou à trois chiffres a été un vœu pieux pour certaines sociétés en 2010. La déprime a même touché des sociétés qu'on croyait immunisées contre des pertes disproportionnées. Celle qui a pâtit le plus d'une mauvaise conjoncture est incontestablement Brasseries du Maroc. Victime du marquage fiscal, d'une augmentation de la TIC et d'une saison estivale défavorable. Résultat : son volume d'activité a dégringolé de 12,5% par rapport à 2009. Laminé par les hausses des prix à l'international, une surcapacité de la production local de 40% en 2010 et un repli de la consommation nationale, Sonasid a vu son chiffre d'affaires consolidé se déprécier de 25,1%. De son côté, HPS, le leader de la monétique, a subit le poids important de sa structure des charges pour afficher une marge opérationnelle en berne, ceci en dépit d'une amélioration de ses produits d'exploitation. Pour conclure, la plus grande déception de l'année porte un nom ; Médiaco Maroc. La filiale marocaine du leader européen Médiaco et qui l'a d'ailleurs lâché a affiché un résultat net déficitaire de 40 MDH dont 30 MDH imputable à sa branche Transport. Ne pouvant plus honorer ses engagements financiers qui s'élèvent à 255 MDH, le Conseil d'administration de la société a décidé de recourir au redressement judiciaire.
