Nouvelle consécration pour Salima Naji qui a remporté le Prix international 2025 des femmes architectes, décerné dans le cadre de la treizième édition du Prix des femmes architectes. Cette distinction prestigieuse vise à mettre en lumière les œuvres et les parcours de femmes architectes, « à offrir des modèles inspirants aux jeunes générations et à encourager la parité dans une profession encore largement dominée par les hommes », note un communiqué de L'ARVHA (Association pour la Recherche sur la Ville et l'Habitat) initiatrice du concours. À travers ce prix, le jury a salué une démarche architecturale singulière, profondément engagée qui conjugue exigence contemporaine, respect des territoires, du patrimoine et de l'Histoire. Parmi les projets mis en avant lors de ce concours figurent la régénération de la Citadelle d'Agadir Oufella, l'un des chantiers les plus emblématiques de Salima Naji, la Maison des femmes et la maternité de Tissint ou encore la réhabilitation de la Villa Carl Ficke, Dar Sania (Maison des artisans) à Oum Gardane et le Souk colonial de Tablaba (palmeraie de Taghjijt). Agadir Oufella : Un ouvrage emblématique Perchée sur un promontoire dominant l'Atlantique, la citadelle d'Agadir a été depuis plus de six siècles un lieu stratégique du commerce international et des routes caravanières, notamment celle du sucre. Classé monument historique dès 1932, le site reste profondément marqué par la nuit tragique du 29 février 1960, lorsque le séisme détruisit la ville et fit des milliers de victimes. Soixante ans plus tard, l'Etat décide de redonner vie à ce lieu de mémoire, dans le respect des protocoles internationaux post-catastrophe. Le projet, mené entre 2017 et 2022, vise à rouvrir le site au public et au tourisme. Avec la Citadelle d'Agadir Oufella, Salima Naji a signé une intervention d'une grande finesse, où l'architecture se met au service de la mémoire. Loin du geste spectaculaire, l'architecte choisit l'effacement maîtrisé : des constructions semi-enterrées, des lignes sobres, une matérialité minérale qui épouse le relief sans jamais l'altérer. Sa signature se lit dans ce dialogue constant entre histoire, paysage et matériaux et usages contemporains. La citadelle d'Agadir Oufella En réactivant des systèmes constructifs parasismiques en bois et pierre, inspirés des savoirs vernaculaires de l'Atlas, Salima Naji transforme la contrainte en créativité. Elle prouve qu'une architecture profondément enracinée peut répondre aux normes les plus exigeantes, tout en portant une vision sociale et environnementale forte. À Agadir, son projet n'impose rien : il révèle, répare et transmet. Entre 60 et 70 % de la masse construite provient de matériaux renouvelables, extraits localement, avec une faible dépense énergétique. La pierre est façonnée à la main, l'ardoise des sols provient de coopératives régionales, et les boiseries sont réalisées par des maîtres d'œuvre locaux. Au-delà de l'écologie, le projet revendique un impact social fort. Salima Naji a formé et mobilisé des maçons de l'Anti-Atlas, défendant une vision où la modernité ne détruit pas les métiers manuels, mais les valorise. Une modernité fondée sur la dignité humaine. En consacrant Salima Naji, ce prix international distingue une architecture profondément marocaine et résolument universelle.