Pour Bodom Matungulu, expert en infrastructures, en prospective stratégique et en investissements, la CAN 2025 est bien plus qu'une compétition sportive. C'est une véritable plateforme de coopération, de soft power et d'opportunités économiques pour l'Afrique. Ancien conseiller technique au sein du Cabinet du Conseiller spécial du Président de la République démocratique du Congo en charge des investissements, Bodom Matungulu observe que les grands événements sportifs sont devenus des leviers d'influence pour les Etats. « Aujourd'hui, le sport est un soft power à part entière », affirme-t-il, estimant que la CAN offre un cadre unique pour nouer des partenariats, attirer des investisseurs et repositionner les économies africaines sur la scène continentale et internationale. C'est dans cette logique qu'est né le Léopard Business Village, projet lancé à l'occasion de la CAN 2025. Portée par le Think Tank RDC Stratégie, dont il est le fondateur, l'initiative a été pensée comme une « ambassade économique éphémère » de la RDC. L'objectif : présenter le potentiel congolais, valoriser la culture, les entreprises et les opportunités d'investissement, tout en créant des espaces de dialogue entre acteurs africains. Le concept va au-delà de la fan zone traditionnelle. Il s'articule autour de trois piliers : l'exposition d'entreprises congolaises, marocaines et africaines, l'organisation de panels thématiques et de rencontres B2B, et des moments de networking informels autour des matchs. « Autour du ballon, il y a du business, de l'influence et des partenariats qui se construisent », résume Bodom Matungulu. Jeunesse, soft power et investissement Au cœur du projet, la jeunesse africaine occupe une place centrale. Selon lui, investir dans les jeunes, l'éducation et l'entrepreneuriat est une condition essentielle pour transformer la dynamique démographique du continent en avantage stratégique. « La majorité de la population africaine est jeune. C'est une force qu'il faut structurer », insiste-t-il, plaidant pour des politiques publiques orientées vers la formation, l'innovation et la préparation aux défis numériques, climatiques et démographiques. Les thématiques abordées au sein du Léopard Business Village – soft power, entrepreneuriat, investissement, industrie, tourisme – reflètent cette volonté de relier sport, économie et avenir du continent. Le Maroc, un modèle d'infrastructures et de gouvernance Expert en infrastructures, Bodom Matungulu salue par ailleurs les chantiers réalisés par le Maroc dans le cadre de la CAN 2025. La rapidité d'exécution, la qualité des stades, des transports et des équipements illustrent, selon lui, ce que l'Afrique peut accomplir lorsqu'il existe une vision claire et une gouvernance rigoureuse. Il souligne notamment le rôle des partenariats public-privé dans le financement et la réalisation de ces projets, ainsi que l'impact structurant des infrastructures de transport, à l'image du TGV, sur la mobilité et le développement économique. « Ce qui a été réalisé ici peut inspirer d'autres pays africains », estime-t-il. Bodom Matungulu appelle à une coopération africaine renforcée, fondée sur la complémentarité des ressources. Il évoque notamment les enjeux liés à la transition énergétique et industrielle, pour lesquels l'Afrique dispose d'atouts majeurs, à condition de les valoriser collectivement. « Aucun pays africain ne peut réussir seul », martèle-t-il, plaidant pour une intégration économique plus concrète, où le sport, l'investissement et les infrastructures deviennent des vecteurs d'un développement partagé. À ses yeux, la CAN 2025 au Maroc illustre cette ambition : une Afrique capable de se rassembler, de produire ses propres modèles et de transformer un événement sportif en moteur de rayonnement, de business et de souveraineté économique.