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Chronique d’un naufrage annoncé
Publié dans L'observateur du Maroc le 22 - 02 - 2010

Un grand messe pour un enterrement en petite pompe. Ce mot du Parti socialiste est cruel. Mais il résume parfaitement la situation à cinq semaines des élections régionales en France. Il était urgentissime pour Nicolas Sarkozy de calmer le jeu en trouvant une porte de sortie honorable à un débat calamiteux devenu défouloir des pires instincts et… menaçant de faire perdre des voix à la majorité présidentielle. Trois mois après son lancement par le ministre de l’Immigration Eric Besson, le débat sur l’identité nationale a donc été enterré le 8 janvier par François Fillon, un Premier ministre d’autant plus appelé à jouer les pompiers qu’il n’a lui-même jamais cru à ce débat.
Premier acte de ces funérailles : le grand colloque final en présence de Nicolas Sarkozy s’est transformé en «séminaire gouvernemental» d’une heure et demie à l’hôtel Matignon. La réunion fut moins calme que prévu, une poignée de ministres critiquant Besson sans ménagement. Une trentaine de ministres y assistaient. Quelques uns avaient une bonne excuse pour s’en dispenser, tels Martin Hirsch, le haut-commissaire aux Solidarités actives, heureux qu’un déplacement au Pérou lui permette de continuer à marquer ses distances avec cette affaire!
Deuxième acte : noyer l’échec d’Eric Besson sous un tombereau de satisfecit, un grand classique de la langue de bois politique. «Succès populaire», s’est auto-congratulé le principal intéressé. Mettant en avant les 350 débats organisés à travers la France et les 750.000 connexions sur le site officiel consacré au sujet, il a juré «tout assumer» d’une démarche qu’il se dit «fier et heureux d'avoir portée». Le Premier ministre a surenchéri, affirmant que «la question de l’identité de la France n’était plus taboue».
Calmer le jeu
Troisième acte : le même François Fillon a égrené pendant vingt minutes devant la presse une série de mesures symboliques, dont certaines assez désuètes et prêtant à sourire à l’heure où les frontières s’estompent au profit des grands ensembles régionaux. Elles concernent pour l’essentiel l’école où seront «replacés les symboles de la République» (drapeaux hissés, déclaration des droits de l’Homme affichée dans les classes, Marseillaise chantée «au moins une fois dans l'année»), où le civisme sera exalté et l’autorité des professeurs renforcée (on ignore comment!). Une commission d’historiens, sociologues, intellectuels et élus sera mise en place auprès d’Eric Besson - qui a arraché de haute lutte de garder la main sur le sujet - pour suivre l'application de ces mesures. Dans le cadre du contrat d'intégration que les étrangers signent en arrivant en France, l'enseignement du français sera par ailleurs renforcé et l’égalité hommes-femmes présentée comme une valeur fondamentale…
Après trois mois de polémique et d’amalgames parfois nauséabonds, Fillon a donc à la fois calmé le jeu (les débats dans les préfectures sont stoppés, les mesures retenues sont très en deçà des desiderata d’Eric Besson et celles sujettes à controverse parmi les professeurs, comme l'enseignement des religions à l'école, ont été repoussées) et signifié qu’il ne cède pas sur le fond, puisque le débat «se poursuivra tout au long du quinquennat».
Manœuvre électorale
Plus grave pour l’Elysée : cette affaire a marqué un échec politique de Nicolas Sarkozy dont le double calcul s’est révélé faux. Alors qu’il pensait que ce débat allait vampiriser les voix du Front National, il n’a fait qu’ouvrir la boîte de Pandore des dérapages anti-immigrés et anti-musulmans. Le président français croyait en outre que la gauche éclaterait sur ce problème. Or si celui-ci a parfois mis les socialistes mal à l’aise, ces derniers ont bien résisté et ne se sont pas divisés, contrairement aux prévisions d’Eric Besson. Ce n’est pas le cas de la majorité : celle-ci s’est déchirée, les critiques les plus violentes venant des rangs de l’UMP, parfois même du gouvernement. Et de nombreux élus de la majorité redoutent que ce débat ne coûte des voix au camp présidentiel lors des régionales de mars…
Certes, cette question de «l’identité de la France» relève d’une très vieille angoisse française remontant au moins au XIXe siècle. Crise économique aidant, elle est devenue une peur de l’extérieur. Mais la manière dont ce débat a été préparé ne pouvait que mener au fiasco actuel. Il n’a pas seulement été imposé par le haut. Il a été mal préparé, mal organisé, sans finalités précises, sans la moindre rigueur scientifique et sans consultation de ceux, historiens, sociologues, démographes, qui travaillent depuis des années sur le sujet. Nicolas Sarkozy a bien compris qu’il était urgent de le mettre entre parenthèses. Il évoquera donc le sujet. Mais après les régionales.


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