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Saïda Caballero, présidente de la Chambre de Commerce Maroc-Singapour : « Le Maroc avec Tanger Med et sa position stratégique en Afrique a largement la capacité de devenir ce que Singapour est à l'Asie »
Publié dans L'observateur du Maroc le 02 - 05 - 2019


Entretien réalisé par Hakim Arif
L'Observateur du Maroc: Avec la diaspora féminine de Singapour, vous êtes à l'initiative de la création de la Chambre marocaine de commerce et d'industrie à Singapour (Morcham Singapour). Quelle est cette diaspora féminine et quelle est la diaspora marocaine en général?
Saïda Caballero: La diaspora féminine – et marocaine en général – à Singapore est largement représentée par des professionnels du secteur bancaire/finance, IT/Fintech, industrie du luxe et FMCG. Ces marocains résidents à l'étranger sont soit venus directement du Maroc ou sont issus de la diaspora marocaine venue d'Europe, et plus particulièrement de France. Nous avons également la chance de compter parmi nous le co-inventeur de la batterie au lithium, Rachid Yazami.
Que font les Marocaines de Singapour?
Nous sommes en général des jeunes femmes/mamans qui sont arrivées à Singapour afin de poursuivre notre carrière dans nos industries respectives. Il y a également des femmes marocaines qui ont décidé de se lancer dans la création d'entreprise dans le domaine cosmétique, artisanal ou encore dans le secteur du conseil en investissement et développement personnel. L'esprit entrepreneurial est contagieux à Singapour. De nombreuses entités gouvernementales s'efforcent de faciliter la création d'entreprises à Singapour qui est devenue un lieu d'incubation idéal pour les nouvelles entreprises et nombre d'entre nous projettent de créer leurs start-ups à Singapour, dont les opérations seraient au Maroc pour certains.
Quels sont les objectifs de la Morcham?
La mission principale de La MorCham (Chambre Marocaine de Commerce et d'Industrie à Singapour) est de promouvoir l'échange de connaissances, de services et de ressources entre les gens d'affaires, entrepreneurs et professionnels marocains, au sein de la communauté d'affaires de Singapour. Pour Singapour, et l'Asie en général, le Maroc représente un marché de plus d'un miliard de consommateurs de part sa stratégie globale d'ouverture et de libéralisation de ses relations commerciales. Nous souhaitons contribuer au développement de liens d'investissement et de commerce entre le Maroc, Singapour et le reste de l'Asie et nous encourageons la communauté marocaine à participer à nos activités futures et à contribuer à bâtir la relève de la communauté marocaine à Singapour.
Comment sont les relations entre le Maroc et Singapour?
Les initiatives marocaines et/ou Singapouriennes progressent timidement mais c'est tout de même encourageant. Certains pays d'Asie comme la Chine sont bien plus en avance en terme de partenariats et d'investissements. La preuve en est avec le lancement de la BMCE à Shanghai tout récemment. Nous espérons que les mêmes efforts seront dirigés vers Singapour et la MorCham est justement là pour accompagner cet effort et identifier les synergies potentielles. Nous avons un grand nombre de talents marocains volontaires à Singapour dans tous les domaines stratégiques visés par le Royaume et ils ne demandent qu'à participer à cet effort de croissance et d'ouverture.
Tant que nous n'aurons pas remis à niveau l'enseignement des langues étrangères dans les écoles et ce dès le plus jeune âge, il sera difficile d'assurer la viabilité de nos efforts à moyen et long termes.
Y a-t-il un enseignement à tirer de l'expérience de Singapour pour notre modèle de développement?
Il y a beaucoup à apprendre d'un jeune pays de 53 ans, sans aucune resource naturelle, qui a su tirer parti de son positionnement stratégique au cœur de l'Asie du Sud-Est, et ce tout en maintenant un équilibre entre les puissances mondiales comme la Chine, la Corée ou les Etats-Unis, sans pour autant leur être soumis. Ainsi, Singapour a connu des progressions fulgurantes en terme de classement mondial sur la base du PIB par habitant mesuré en parité de pouvoir d'achat. L'économie repose sur trois piliers principaux, les activités financières et les services aux entreprises (29% du PIB); les activités de commerce, communication et logistique (26% du PIB); et la construction/manufacture, particulièrement dans le domaine biomédical et électronique (25% du PIB). Singapour est également devenu le 3ème centre de raffinage au monde derrière Houston et Rotterdam, alors que le pays n'est ni producteur ni un important consommateur de pétrole. Le Maroc avec Tanger Med et sa position stratégique en Afrique a largement la capacité de devenir ce que Singapour est à l'Asie.
Ceci étant dit, je pense que s‘il y a un enseignement à tirer de l'expérience de Singapour, c'est bien dans le domaine de l'Education. Aujourd'hui, Singapour a un des systèmes éducatifs les plus performants au monde et les résultats du classement PISA de l'OCDE propulse le pays en tête de ligne pour les mathématiques, la science et la lecture. Singapour a constamment poursuivi une politique d'engagement soutenue en faveur de l'éducation et ce depuis sa création. Tout au long de ces années, le gouvernement a placé l'éducation au centre des efforts nationaux, malgré les fluctuations politiques de ces dernières décennies, et dont les mesures les plus importantes étaient liées à l'apprentissage des langues étrangères, le nombre de professeurs par groupe d'élèves et le budget alloué à l'éducation. C'est un modèle à suivre car on ne peut pas concevoir un changement durable sans prendre en compte un des acteurs principaux du changement, à savoir la jeunesse marocaine.
Comment les Singapouriens voient-ils le Maroc?
Nous avons beaucoup à faire pour faire connaitre le Maroc aux Singapouriens, tant sur le plan des opportunités d'investissements que du tourisme. Le Maroc n'est pas encore une destination populaire et les Singapouriens en général ne connaissent pas beaucoup le Maroc malheureusement. Ils commencent à peine à s'ouvrir au Maroc comme destination touristique mais c'est plutôt un tourisme de luxe ou d'affaire pour le moment. Cependant, ceci n'est pas spécifique au Maroc et c'est assez paradoxal de voir que les Singapouriens voyagent le plus en Asie, et plus particulièrement en Thaïlande, au Japon et en Malaisie, alors qu'ils ont le passeport qui leur donne accès, sans visa, au plus grand nombre de pays au monde (d'après le Henley Passport Index).
En tant que Marocaine vivant à l'étranger, que pensez-vous des actions du gouvernement envers les MRE? Surtout ceux vivant en Asie en général et à Singapour en particulier?
Les actions du gouvernement envers les MRE sont très importantes car elles permettent de renforcer les liens avec notre pays, toutes générations confondues, et de garantir nos droits. Nous espérons qu'avec la MorCham, nous allons pouvoir collaborer de façon concrète avec le Ministère délégué chargé des MRE afin de (re)présenter les intérêts de la diaspora marocaine de Singapour et de dynamiser notre engagement et attachement envers notre pays, le Maroc. Depuis l'annonce de la création de la MorCham, nous avons eu de très bons retours du ministère du Commerce et de la CGEM. De plus, Son Excellence l'Ambassadeur du Maroc à Singapour, M. Ouadia Benabdellah nous a soutenu depuis le début.
Les Singapouriens connaissent-ils la culture marocaine?
Les Singapouriens ne connaissent pas grand-chose de la culture marocaine malheureusement et nous avons beaucoup à faire pour changer cela. Les médias comme The Straits Times et d'autres blogs commencent à mentionner le Maroc comme destination "exotique" à explorer, et des "influencers" marocains à Singapour ainsi que des influenceurs singapouriens installés au Maroc commencent à émerger. Leur marché cible est la communauté musulmane Malaysienne de Singapour qui représente 13% de la population totale, contre 74% de Chinois et 9% d'Indiens.
Que faut-il faire pour rapprocher les Marocains et les Singapouriens culturellement parlant?
Singapour est un pays où le multiculturalisme et la diversité sont très bien acceptés. Il faudrait intensifier les relations des deux pays dans le domaine de la culture et des arts. Il y a un grand nombre de festivals tout au long de l'année qui offrent des opportunités de collaboration. La MorCham espère pouvoir travailler étroitement avec les différents ministères et les partenaires singapouriens afin de favoriser le rayonnement et la diffusion de la culture marocaine.
Les Marocains sont très peu informés de la culture de Singapour. Comment pensez-vous qu'une telle lacune peut être comblée?
Il y a un barrage évident de la langue car à Singapour tout est en anglais (quand ce n'est pas en mandarin) et cela confirme l'importance de l'enseignement de l'anglais afin de doter les générations présentes et futures des outils qui leur permettront d'être ouvertes à cette région du monde et de rester compétitif. J'irais même plus loin en ajoutant l'apprentissage du mandarin au même niveau que le Français et l'Anglais. Tant que nous n'aurons pas remis à niveau l'enseignement des langues étrangères dans les écoles et ce dès le plus jeune âge, il sera difficile d'assurer la viabilité de nos efforts à moyen et long termes.
Quel parcours vous a amenée à Singapour?
Mes parents ont émigré en France dans les années 1970. A la fin de mes études, j'ai décidé de quitter la France pour Zurich car j'y avais décroché un premier emploi. J'ai vécu onze ans à Zurich et je retrouve beaucoup de similitudes avec Singapour comme la méritocratie au travail, l'efficience et l'efficacité à tous les niveaux. J'ai pu allier études et travail en complétant un MBA à l'université de Liverpool. J'ai travaillé dans le secteur des solutions chimiques, puis j'ai rejoind le secteur financier en 2006. En 2010, la Banque privée pour laquelle je travaillais m'a mutée à Hong Kong, où j'ai rencontré mon mari et donné naissance à notre premier fils Amir, puis on m'à mutée à Singapour où je vis depuis plus de 6 ans et où mon deuxième fils, Naël, est né. Je travaille depuis 6 ans pour Citibank dans le domaine du Business Risk Management et je suis responsable de toute l'Asie Pacifique.
Comment vous y intégrez-vous?
Il est très facile de s'intégrer à Singapour. On ne ressent pas vraiment le fait de vivre en Asie comme on le pourrait à Hong Kong ou à Shanghai car Singapour est très similaire aux villes européennes. On dit d'ailleurs de Singapour que c'est la Suisse de l'Asie. Mon mari quant à lui a créé son entreprise à Singapour après avoir quitté le milieu bancaire, donc nous nous sommes bien intégrés à la vie singapourienne. Nos deux fils sont dans 2 systèmes scolaires différents, Naël est dans une crèche locale où il y apprend l'anglais et le chinois et l'aîné a maintenant intégré l'école primaire internationale, également dans la section bilingue anglais-chinois. Nous avons également une grande communauté de marocains qui ne cessent de croître à Singapour et il est très important pour moi de m'assurer que mes deux fils restent connectés à leur pays d'origine. Nous avons organisé des cours d'arabe et de culture marocaine pour les enfants marocains de Singapour et ce grâce à la générosité de l'une de nos super mamans, Rahma Assante.


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