Oui, Christophe Gleizes m'a interviewé. Est-ce un crime ? Oui, aux yeux du régime algérien. Oui, je suis un responsable du Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK). Est-ce un crime ? Là encore, oui, selon la même logique du régime. La situation en Algérie a atteint un niveau absurde où le simple fait de donner une interview à un militant kabyle défendant son identité et son peuple est considéré comme un acte de « terrorisme ». C'est exactement ce qui est arrivé au journaliste français Christophe Gleizes, récemment condamné à sept ans de prison ferme, simplement parce qu'il a exercé son métier avec intégrité. Nos échanges étaient purement professionnels : nous avons parlé du parcours de l'équipe kabyle de football, que je représente en tant que président de la Fédération kabyle, et de sa participation à la Coupe du monde des peuples non reconnus (CONIFA) à Londres en 2018. Notre discussion n'avait rien de politique ni de propagandiste, elle était strictement sportive. Et pourtant, il s'est retrouvé accusé de « glorification du terrorisme » ! Ce qui étonne davantage, c'est que plusieurs médias internationaux prestigieux — comme Canal+, L'Equipe, CNN, Le Monde ou Jeune Afrique — ont couvert nos activités sportives. Va-t-on accuser leurs journalistes de terrorisme également ? Bien sûr que non. L'accusation portée contre Gleizes n'est qu'un geste désespéré d'un régime qui craint toute voix libre. Ce qui se passe aujourd'hui en Algérie rappelle les régimes autoritaires les plus sombres. Nous sommes face à un pouvoir qui pratique l'enlèvement politique des intellectuels, des opposants et des journalistes, à l'image de ce que fait Téhéran avec les écrivains français comme Jacques Berset ou Cécile Kohler. La seule différence, c'est que ces pratiques se déroulent ici, sous les yeux de l'Europe, sans réaction ferme. Le silence n'est plus une option. Les médias ne protègent pas les journalistes, et le silence n'a pas empêché les condamnations. Même en l'absence de couverture médiatique, les innocents sont condamnés. Christophe Gleizes en est l'exemple parfait. La région de Kabylie vit aujourd'hui un siège ouvert, avec des centaines de citoyens arrêtés, des militants pacifiques aux blogueurs, sous des accusations vagues et sans fondement juridique. Les prisons du régime sont pleines de nos enfants, uniquement parce qu'ils ont exprimé leur identité. Il est temps d'agir. Il est temps que le monde voie la vérité telle qu'elle est, et qu'il assume ses responsabilités. Liberté pour Christophe Gleizes. Liberté pour Boualam Sansal. Liberté pour tous les prisonniers d'opinion en Algérie. Liberté pour les Kabyles arrêtés injustement. Président de la Fédération kabyle de football