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Drame dans l'enseignement. Des suicides en série
Publié dans L'observateur du Maroc le 08 - 07 - 2020

Cinq suicides en l'espace de quelques jours ! Des enseignants ont jeté l'éponge en laissant beaucoup d'interrogations sur les raisons de cette mise à mort étrange.
Par Hayat Kamal Idrissi

Il y a deux semaines, l'image d'un TGV défiguré et ensanglanté a fait le tour de la toile. On en rigolait ...avant de découvrir, stupéfaits, l'autre facette tragique de cette photo. Un enseignant stagiaire s'est suicidé en se jetant devant le train qui vient de quitter, à toute allure, la gare de Tanger, . Déchiqueté, son corps est méconnaissable. Il a fallut attendre le lendemain pour pouvoir l'identifier. Mais qu'est ce qui pousse un être humain à choisir de mourir de cette manière atroce ? Une grande question qui reste en suspens.


Phénomène inquiétant

Au cours des jours qui suivent, quatre autres enseignants se donnent la mort dans différentes villes. A Berkane, Meknès, Tanger, Casablanca, hommes et femmes, ils ont mis fin à leur existence en se défénestrant ou en se pendant. Des morts qui, au-delà de leur aspect tragique, soulèvent un bon nombre de questions quant au « phénomène ».
« Certes le chiffre peut être considéré comme énorme surtout qu'il est enregistré en quelques jours seulement. Cependant, il faut savoir si c'est un phénomène sociologique et si la répétition est significative. Est-ce une simple coïncidence que ces suicidés font tous partie du corps enseignant ? Il se peut que l'on soit, tout simplement, en présence de cas particuliers qui sont prédisposés psychiquement au passage à l'acte », analyse Dr Bernard Corbel, psychiatre à Casablanca. Une mise au point nécessaire, selon le spécialiste. Pour éviter de se précipiter dans des explications sans fondements scientifiquement fiables et chiffrés à long terme, ajoute-t-il.

Métier à risque

« Ceci dit, il faut savoir que l'OMS considère la population enseignante comme une catégorie fragile psychiquement », note le praticien. Enseigner serait ainsi un métier à risque hautement stressant. Il met l'enseignant en permanence face à ses propres angoisses. « Dans des situations profondément éprouvantes pour la santé mentale », explique Dr Corbel. Ayant déjà mené des études sur l'importance de la prévention en milieu éducatif en France, le praticien insiste sur l'importance du travail de « détection de fragilité » en amont. « Ceci pour éviter d'agir en aval car c'est toujours plus compliqué », nous explique-t-il. D'après lui, certains facteurs jouent un rôle aggravant de « la fragilité » de la population enseignante.
«Un professeur est toujours seul en classe, face à un groupe d'élèves qui a une puissance relativement inquiétante pour lui. Si certains enseignants arrivent à surmonter cette épreuve permanente, d'autres en ressentent une angoisse latente », analyse le psychiatre. Une situation qui devient encore plus insoutenable lorsque le professeur est obligé d'avoir un rapport de force avec ses adolescents d'élèves. « Le bras de fer est tellement éprouvant. J'avais des patients qui ont eu d'énormes difficultés face à leurs élèves. Ils en ont tellement souffert qu'ils ont fait appel à mes services pour les aider », nous raconte Corbel.
Haute solitude

Constamment sous la coupe, les enseignants sont en permanence examinés, affirme le psychiatre. Surveillés par la direction de l'établissement, par l'inspection académique, par les parents d'élèves, ils subissent une forte pression. « Si la relation avec le directeur est empoisonnée, l'ambiance devient malsaine en rajoutant au mal être de l'enseignant », analyse Dr Corbel. Amal Idrissi, qui est enseignante de français, nous raconte la triste histoire d'une collègue dans une école en pleine campagne à Oulad Said (Berrechid). « Elle venait d'être mutée du Sud. Dès le début, elle trouvait beaucoup de difficultés à s'adapter. Ses élèves de cinquième et de sixième lui rendaient la vie infernale. Elle n'arrivait pas à les discipliner. Ses problèmes avec le directeur ont fini par la terrasser complètement », nous raconte émue, Amal.

Se réfugiant dans le silence au début, la collègue souffrante s'isole progressivement avant de plonger dans une dépression noire. «Elle a fini par être interner à l'hôpital psychiatrique pour éviter qu'elle ne se fasse du mal. Elle n'a jamais récupéré complètement. Pourtant c'était une bonne vivante », regrette l'enseignante. Un triste sort que de nombreux professeurs affrontent seuls. En l'absence de suivi et de soutien psychique de proximité dans les écoles marocaines, cette population reste dans une situation profondément fragilisée. « Vous rigolez ? On n'a même pas une véritable infirmerie ! De là à parler d'un psychologue de travail, on peut toujours rêver » commente Amal.
Même Dr Corbel, ne peut retenir un rire ironique, lorsqu'on évoque le psy de travail en milieu éducatif. « Pourtant il y a un véritable besoin. J'opère dans certains établissements en tant que psy pour élèves. Les enseignants, eux, ne bénéficient d'aucun soutien. Ils sautaient sur l'occasion en me voyant, pour évoquer furtivement leur problèmes psychiques tellement ils ont besoin d'écoute », conclut le clinicien.


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