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L'économie agricole face à un «choc» thermique
Publié dans L'opinion le 28 - 12 - 2020

Plusieurs experts de diverses spécialités s'attellent actuellement à la tâche d'anticiper les effets économiques d'un « choc agricole » causé par les impacts des changements climatiques.
« Le Maroc à l'épreuve du changement climatique : situation, impacts et politiques de réponse dans les secteurs de l'eau et de l'agriculture ». C'est l'intitulé d'un Policy Brief publié récemment, fruit de la collaboration d'experts de l'Agence Française de Développement (AFD), la Direction des Etudes et des Prévisions Financières (DEPF), la Direction Générale de la Météorologie (DGM), la Direction de la Recherche et de la Planification de l'Eau (DRPE), la Fondation Initiative AAA, et l'Institut Méditerranéen de Biodiversité et d'Ecologie marine et continentale (IMBE). Sur une trentaine de pages, les auteurs établissent un premier constat sur l'évolution du climat marocain, et anticipent les changements climatiques futurs selon deux scénarii différents. Ils inventorient les acquis actuels des politiques publiques dans le domaine de l'agriculture et de l'adaptation climatique, et tentent d'esquisser un modèle capable de prédire l'impact d'un choc agricole sur l'économie marocaine.
Le lien entre l'agriculture et l'économie
Le secteur agricole au Maroc représente des enjeux importants sur le plan économique (autour de 12 % du PIB) et social (près de 38% de la population active occupée au niveau national et 74% en milieu rural). « De ce fait et dans un contexte marqué par la recrudescence des aléas climatiques, la garantie de la durabilité du développement agricole demeure tributaire notamment du relèvement du défi de l'adaptation de ses structures de production à ces changements dans une perspective de consolider les acquis indéniables enregistrés au cours de cette dernière décennie dans ce secteur stratégique », nous expliquent M. Abdelali Attioui et M. Taoufik Oukessou, analystes affiliés à la Direction des Etudes et des Prévisions Financières relevant du ministère de l'Economie et des Finances qui font partie des 10 co-auteurs du Policy Brief. C'est donc un véritable tableau de bord que ce travail tente de construire pour, à terme, identifier des actions et des moyens d'accompagner l'agriculture marocaine dans une transition progressive et adaptative qui mitigerait un potentiel choc agricole.
Une approche multidisciplinaire
L'analyse multidisciplinaire, dont une première partie a été révélée par le Policy Brief, s'appuie sur la construction d'un modèle macro-économique « GEMMES » (General Monetary and Multisectoral Macrodynamics for the Ecological Shift), couplé à un modèle hydro-agricole LPJmL (Lund-Potsdam-Jena managed Land). « Le projet GEMMES-Maroc constitue l'un des trois axes qui ont été retenus dans le cadre du mémorandum de dialogue stratégique qui a été signé entre la DEPF et l'AFD au printemps 2019 », contextualisent M. Abdelali Attioui et M. Taoufik Oukessou. « L'objectif, in fine, de ce projet structurant est d'éclairer la décision et l'action publiques sur les enjeux inhérents au dérèglement climatique en aidant à prospecter des réponses appropriées afin d'anticiper et de faire face aux effets néfastes de ce dérèglement sur l'économie nationale », nous expliquent les deux co-auteurs affiliés à la DEPF.
D'autres publications en préparation
Si ce premier Policy Brief établit clairement l'état des lieux du changement climatique au Maroc et les divers acquis des politiques publiques existantes, il faudra encore attendre pour découvrir plus en profondeur les effets des changements climatiques à l'horizon 2050 sur les apports en eau et sur les possibilités d'arbitrage pour l'allocation de cette ressource entre les différents secteurs de l'économie nationale (secteur résidentiel, secteur agricole, secteur industriel, ...). « La résolution spatiale très fine de ce modèle (environ 9 km) et le nombre important des variétés de culture dont il traite (une vingtaine de cultures) devraient nous éclairer sur les capacités de résilience de l'agriculture marocaine au niveau de chacune des régions du pays », précisent M. Abdelali Attioui et M. Taoufik Oukessou. L'analyse tiendra compte du poids et des interdépendances qu'entretient le secteur agricole avec les autres secteurs d'activité au niveau régional. À la lumière des données climatiques publiées dans ce premier Policy Brief, l'agriculture marocaine et l'économie qu'elle génère, sont aujourd'hui face à un virage délicat qu'il faudra finement négocier.
Oussama ABAOUSS
3 questions à Khalid El Rhaz, ingénieur météorologue
« L'augmentation des températures minimales peut parfois induire la disparition de certaines productions agricoles »
Chef du service climat et changements climatiques à la Direction Générale de la Météorologie (DGM), M. Khalid El Rhaz a répondu à nos questions sur l'évolution du climat au Maroc.
- Dans le Policy Brief auquel a participé la DGM, il est question d'un réchauffement climatique au Maroc qui, depuis 1990, est supérieur à la tendance mondiale. Comment peuton expliquer cela ?
- Les chiffres annoncés par l'Organisation Météorologique Mondiale reflètent des tendances qui ne sont pas uniformément réparties à travers la planète. Alors que certaines régions du monde sont en dessous de la tendance moyenne de réchauffement, d'autres ont des tendances régionales qui sont supérieures à la moyenne globale. Dans le dernier rapport du GIEC, la zone méditerranéenne est considérée comme un « hot spot », c'est à-dire que la région fait partie des zones les plus touchées par les impacts des changements climatiques.
- En plus de cette tendance de réchauffement accéléré, quelles ont été les manifestations de ce changement climatique au niveau national ces dernières décennies ?
- Au Maroc, les manifestations des changements climatiques sont déjà là, avec un climat globalement plus chaud et sec et une extension vers le Nord du pays des zones arides à semi-arides, au détriment des zones semi-humides. On note également une baisse des précipitations globales et une augmentation notable des températures minimales et maximales. Notez qu'une augmentation des températures minimales peut parfois induire la disparition de certaines productions agricoles dans des zones spécifiques. Ces changements climatiques constituent donc un impact potentiel énorme sur l'agriculture existante et sur le tissu socio-économique des régions touchées car elles seront obligées de changer le type de culture.
- Quelles sont les zones qui sont ou seront le plus touchées ?
- La gravité de ces impacts est différente selon les régions. La région de Taza, par exemple, est très marquée puisque les augmentations des températures sont à leur maximum dans cette zone.
Recueillis par O. A.
Encadré
Hydrologie : Quand le réchauffement climatique impacte le débit des rivières
Parmi les effets des changements climatiques rapportés dans le Policy Brief « Le Maroc à l'épreuve du changement climatique : situation, impacts et politiques de réponse dans les secteurs de l'eau et de l'agriculture » figure la perturbation des débits des rivières. « La hausse des températures engendre un phénomène d'augmentation de l'évapotranspiration (c'est-à-dire que l'eau au niveau de la surface s'évapore plus rapidement). Ce phénomène conduit à une baisse des niveaux des retenues des barrages à titre d'exemple. Cela impacte également les cultures, car elles voient augmenter leurs besoins en eau », souligne M. Khalid El Rhaz, chef du service climat et changements climatiques à la Direction Générale de la Météorologie. Selon le Policy Brief, la diminution des débits annuels des rivières pourrait dépasser 30% sur l'ensemble du Royaume. Le document souligne que ce résultat prédictif a été obtenu « en utilisant les projections des températures et des précipitations de modèles climatiques globaux, donc avec une résolution spatiale relativement grossière ». Or, par comparaison, des simulations hydrologiques à haute résolution spatiale (5 km) réalisées pour le Sud de l'Espagne projettent des baisses de débits annuels de l'ordre de 50% à l'horizon 2050 pour le même scénario. « Le climat du Sud de l'Espagne et celui du Nord du Maroc étant relativement proches, et faute de trouver dans la littérature des simulations équivalentes pour le Maroc, on peut supposer que la diminution des débits au Maroc pourrait donc s'approcher des projections espagnoles », souligne le Policy Brief.
Repères
Concurrence sectorielle pour l'eau
Les projections sur la période 2010-2030 de la situation hydrique au Maroc font état d'une recrudescence de la concurrence pour la ressource entre les différents secteurs usagers avec une augmentation de la demande en eau potable industrielle et touristique de près de 65%. Les projections du bilan ressource-demande en eau au Maroc font ressortir un déficit de près de 2,3 milliards de m3/an qui pourrait être résorbé grâce à la mobilisation de ressources en eau de surface supplémentaires, à la désalinisation et à la réutilisation des eaux usées épurées.
Renforcer les politiques d'adaptation
Dans un contexte d'augmentation du déficit hydrique à l'horizon 2050, les auteurs du Policy Brief estiment que « les politiques d'adaptation menées jusqu'à présent devraient être renforcées et davantage orientées vers la sécurité hydrique du pays dans le sillage de l'initiative Royale actée dans le programme transversal d'adaptation au changement climatique pour les secteurs de l'eau et de l'agriculture (programme prioritaire national d'approvisionnement en eau potable et d'irrigation 2020- 2027) ».


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