Légère accalmie des prix à la production industrielle en septembre    La Bourse de Casablanca compte sur l'arrivée les ETFs pour dynamiser la gestion des actifs    L'Assemblée nationale dénonce les accords de 1968, un coup dur pour l'Algérie    Bilal Nadir : des nouvelles rassurantes après une grosse frayeur    Moroccan athletes shine at 2025 Hip Hop Unite World Championships in Prague    Un parti espagnol lance une campagne contre «l'abattage des chiens errants» au Maroc    France : Maes, le rappeur franco-marocain au cœur de «L'Empire» du banditisme    Tanger : Le Maroc affronte le Mozambique et l'Ouganda en matchs amicaux    Le CS de l'ONU reporte le vote de la résolution sur le Sahara marocain    "Farine mélangée au papier moulu": la Justice entre en ligne    L'Egypte établit un record historique en exportant plus de 39 000 tonnes de dattes vers le Maroc pour la troisième année consécutive    FB. Mondial U17 Qatar 2025 : les Lionceaux ont posé leurs valises à Doha ce jeudi    Le Sénat kazakh approuve l'accord d'extradition avec le Maroc    Kronospan, fabricant mondial de panneaux à base de bois, inaugure à Casablanca un centre de nouvelle génération    La Chine fixe au 31 octobre la date de lancement du vaisseau spatial habité « Shenzhou-21 »    "Khawa Khawa... Bla Adaoua" : un hymne artistique pour réconcilier les peuples marocain et algérien    Renforcement de la coopération maroco-chinoise dans les projets d'infrastructure et de transport : l'ambassadrice de Chine au Maroc rencontre le ministre Abdessamad Qaiyouh    Président Xi Jinping : La Chine et les Etats-Unis peuvent assumer ensemble leurs responsabilités en tant que grands pays et travailler ensemble à accomplir plus d'actions importantes, concrètes et bonnes    Trump et Xi concluent un nouvel accord sur les métaux rares : le début d'une nouvelle trêve économique entre Washington et Pékin    Liban : « D'abord mettre fin aux attaques israéliennes... »    Palestine : Frappes aériennes israéliennes intensives en plein cessez-le-feu    Pedro Sánchez défend la probité financière du PSOE devant la commission sénatoriale après des versements non annoncés    Développement territorial intégré : un virage stratégique engagé dans les 75 provinces du pays    Lieux de culte : plus de 37.000 mosquées en milieu rural, selon Ahmed Toufiq    Véhicules volés : la DGSN renforce sa coopération avec le groupement français d'assureurs Argos    PLF-2026 : l'opposition critique un texte "sans audace" et déconnecté des attentes    Prépa CAN Maroc 2025 : Les Lions affronteront les Mambas    Mondial U17 de handball : le Maroc clôture sa participation sans victoire    Wael Mohya entre dans l'histoire du Borussia Mönchengladbach    Le baromètre de l'industrie 2025 : un tissu productif plus fort, plus innovant et plus compétitif    Cybersécurité : le marché marocain estimé à 150 M$    Después de las declaraciones de un funcionario, se investiga la «mezcla de harina con papel»    Morocco's 2025–2026 date harvest expected to reach 160,000 tons, up 55% from last season    Manifestations Gen Z : 2.480 accusés, dont 1.473 en détention    Casablanca- Sidi Belyout : Quand la vie nocturne bouscule le calme résidentiel...    Régions montagneuses : l'ANDZOA se dote d'une stratégie ambitieuse    Smurfit Westrock : une immersion dans l'industrie durable pour les élèves de MINES Paris – PSL    Sahara : L'extraordinaire mobilisation de l'Algérie en contradiction avec son «statut d'observateur»    Le Qatar prêt pour accueillir la Coupe du monde U17    Vol au Louvre : le parquet de Paris annonce 5 nouvelles interpellations    Les Etats-Unis proposeront une refonte du mandat de la Minurso centrée sur le plan d'autonomie, d'après le Centre égyptien Al-Ahram    Espagne: 20 tonnes de hachich saisies grâce à la collaboration avec le Maroc    Festival des Andalousies Atlantiques : 20 ans de mémoire partagée !    La Rentrée Littéraire 2025–2026 : Trois jours d'échanges autour de la lecture et de la création littéraire    FCMT : 40 ans de passion et 30 ans de grandes marées    Rencontre. FCMT : Zakia Tahiri, le plan séquence d'une rebelle    Cinéma : Le Festival de films émergents débarque à Lomé    Marrakech brille sur la scène internationale : l'Associated Press célèbre la ville rouge    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Littérature : L'auteur de l'oeuvre comme signature et non sujet de la psychanalyse
Publié dans L'opinion le 13 - 07 - 2022

La question de l'auteur, mort avec Barthes et ressuscité en lecteur, suscite l'intérêt et traverse les siècles. Le raccourci qui consiste à projeter l'auteur dans le récit semble avoir fait son temps, comme le montre Lacan avec « Hamlet » et « La lettre volée », Freud avec Oedipe.
« Qu'est-ce qu'un auteur ? », se demandait Michel Foucault à la fin des années 70. La réponse ne semble pas couler de source et pour Roland Barthes l'auteur « naît en même temps que son texte ; il n'est d'aucune façon pourvu d'un être qui précéderait ou excéderait son écriture ». Michel Foucault ajoute encore dans un effort d'élucidation que l'auteur n'est en somme qu'une fonction qui ne renvoie pas, à proprement parler, à un individu réel. La psychanalyse a saisi cette nuance qui dit l'impossibilité d'analyser l'auteur d'une oeuvre littéraire dans laquelle sa présence n'est pas assurée.
Barthes affirme ainsi que l'on « a besoin de sa figure (qui n'est ni sa représentation, ni sa projection) » qui ajoute que « la figure auctoriale, (est) une figure que nous constituons pour telle et qui en retour nous constitue en lecteur».
La mort de l'auteur est à ce prix : il est dans « la mort » de la personne dont peut témoigner l'état civil et la biographie. L'invention du lecteur est une autre problématique qui vaut le détour, comme dirait le Guide Michelin, car ce lecteur est multiple. Il peut être bon, mais souvent mauvais comme le dit si bien Maxime Decout car il n'y a pas un Lecteur mais des lecteurs, il n'y a pas une perception unique ou unifiée de l'oeuvre mais des angles différents qui font que la lecture différente est qualifiée de mauvaise lecture.
La parole du narrateur n'est pas nécessairement celle de l'auteur, et moins encore celle des nombreux personnages qui peuvent s'exprimer dans une oeuvre, pour rester dans l'univers romanesque. Ce qui est complexe dans une oeuvre unique, l'est encore plus dans une oeuvre multiple. Dans quelle oeuvre se retrouve Tahar Ben Jelloun, « Harrouda » ou « l'écrivain public », « La nuit sacrée », « L'enfant de sable » ou l'homme rompu, par exemple ? La question vaut également pour Driss Chraïbi qui a publié une oeuvre romanesque, pour ne pas dire de fiction, importante. Abdelkébir Khatibi est-il dans ses poèmes, ses romans ou ses essais ? Tahar Ben Jelloun est-il dans ses poèmes, ses romans, ses contes, ses essais ou sa peinture ? Quels indices peuvent permettre le passage du narrateur et des personnages à l'auteur ? L'histoire de la littéraire est dans l'incapacité de répondre et la psychanalyse a fait son deuil de l'auteur qui renvoie au sujet de la psychanalyse.
L'auteur d'un livre est une signature
Lacan dans sa lecture de « La lettre volée » n'a pas psychanalysé Edgar Poe, comme il n'a pas fait la psychanalyse de Shakespeare à travers sa lecture de « Hamlet ». Dans sa lecture d'OEdipe qui a donné naissance au complexe du même nom, Freud n'a pas tenté de psychanalyser Aristophane et moins encore la mythologie grecque.
Dans un travail poussé sur l'oeuvre de Rachid Boudjedra, à aucun moment ne m'est venue l'idée de psychanalyser Rachid Boudjedra comme dans la figure de l'Androgyne, il ne m'est pas apparu comme une invitation à psychanalyser Abdelkébir Khatibi, Tahar Ben Jelloun et Abdellatif Laabi ! L'androgyne dans « Le livre du sang » de Abdelkébir Khatibi est un personnage comme ont pu l'être... Rabat et Casablanca dans « Le tryptique de Rabat ».
L'interprétation est de l'oeuvre, ses personnages et non un renvoi à une extériorité qui serait l'auteur qui signe le poème ou la fiction en général. La réponse est dans l'hétérogénéité de l'oeuvre que signe un auteur : passer de « La mémoire tatouée » à « Un été à Stockholm », avec pour parenthèse « Le livre du sang » qui se ferme par « Le tryptique de Rabat », sans oublier les oeuvres poétiques et les essais, font un auteur, Abdelkébir Khatibi et non un sujet pour la psychanalyse qui se penche sur celui-ci dans une forme de totalité, même fragmentée. Comment regrouper les fragments de Tahar Ben Jelloun dans ses romans, ses poèmes, ses contes, ses essais ? Les traversent-ils seulement, les minent-ils seulement et prêts à exploser à la moindre sollicitation ?
L'auteur d'un livre est une signature, loin de la réalité du sujet. Comme dans la haute couture, les habits griffés ne renvoient pas au sujet de la psychanalyse, il en est de même de la littérature et de la signature par des auteurs qui ne représentent pas nécessairement un concentré des personnages qui disent « je ». Dans ce cas d'espèce, le schéma est d'observation : un scientifique qui observe un virus est-il le virus ? Si la réponse est négative, pourquoi l'écrivain, l'auteur qui reste une sorte d'observateur d'individus qu'il transforme en personnages serait-il ces personnages ?
Abdallah BENSMAIN


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.