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Pour une refonte du Conseil national de la culture et des arts
Entretien avec Mohamed Adib Slaoui à propos de son ouvrage « Arts plastiques au Maroc, une enquête de soi »
Publié dans L'opinion le 25 - 09 - 2009

Assidu comme à son habitude quand il est question de se pencher au chevet d'un secteur qui lui tient à cœur, au même niveau que le littérature ou le théâtre, à savoir les arts plastiques au/du Maroc, l'écrivain, essayiste et journaliste Mohamed Adib Slaoui peut se permettre de donner du temps au temps et plonger dans les racines de la réflexion. Son principal atout est d'apporter un plus à tout ce qui a été formulé depuis des décennies sur un domaine flou et analysé sous les angles les plus divers depuis des décennies. Après lecture de son dernier ouvrage, « Arts plastiques au Maroc, en quête de soi » ( éditions Marsam) nous l'avons entretenu à même de nous éclairer sur ce vaste champ ébouriffé Lire la première partie dans notre édition de vendredi dernier.
*On suppose aussi qu'un mouvement ou une école artistique sont une réaction à un fait politique, culturel, social... Au Maroc, puisque ces mouvements sont venus d'ailleurs, ont-ils une raison d'être, ou alors doivent-ils s'imposer avec force et non pas rester un simple mouvement pictural sans réaction à l'extérieur?
-Dans le Maroc du troisième millénaire, il est malaisé de recenser les noms ayant acquis un sens plastique, noms ayant emprunté ses connaissances et acquis aux méthodes et aux normes occidentales. Elle adopte le principe d'exprimer ses spécificités pour elle-même, ses attentes, selon son approche de ces méthodes. L'opportunité reste cependant propice à l'avènement d'une nouvelle étape dans le processus de la création plastique. Ceci requiert à la fois une consultation et un dialogue multilatéral autour de cette problématique, entre autres questions matière à débats.
Or, le dialogue apparaît ces derniers temps comme une quête ou une revendication complexes en raison des politiques pédagogiques. Mais s'impose inéluctablement.
*Ailleurs, ces écoles font partie intégrante d'une vaste culture (poésie, littérature, peinture, socio-politique etc.)... Comment nos propres écoles peuvent résister en l'absence d'une telle culture, de critiques et d'historiens de l'art, de tribunes d'expression?
-Pour la plupart des artistes, ce genre d'affiliation ne signifie en rien une assimilation/intégration, ou une participation idéologique ou doctrinale qui caractérise telle ou telle Ecole ou quelque courant en Occident. Il s'agit tout au plus d'une imitation de la forme, un refus du contenu. A titre d'exemple, Mahjoubi Aherdane appartient au surréalisme mais refuse par principe de s'en réclamer. Abdellatif Zine est à la fois impressionniste et expressionniste mais préfère se présenter comme abstrait, chantant les spiritualités de la couleur. On trouve beaucoup de cas similaires chez nous.
Une telle problématique ne s'impose pas uniquement aux seuls artistes. Bien des critiques d'art, en effet, préfèrent l'occulter, probablement parce que nous ne sommes pas encore parvenus à établir la relation entre la toile et l'option culturelle (choix, orientation), philosophique et idéologique du créateur.
En Occident, les surréalistes aussi bien que les adeptes de l'art abstrait ou des réalistes menaient un combat aux côtés des politiques, des intellectuels et des poètes pour affirmer leur identité idéologique et défendre les idées qui s'y apparentent. Mais, chez nous, quel genre de combat pourraient mener nos surréalistes !? Nous demeurons donc, pour ces raisons, au stade de la recherche de notre propre entité, cette quête de soi.
*Parlons du marché de l'art au Maroc. Sans cette culture, comment expliquer la hausse vertigineuse des prix des oeuvres, n'est-ce pas un phénomène pervers?
-Le marché des arts plastiques, de nos jours, n'est en rapport ni avec la situation économique, ni avec la conjoncture politique. C'est plutôt un marché ouvert aux investisseurs, aux amateurs convaincus et… aux professionnels du blanchiment d'argent, qui, tous, n'ont aucun lien avec les fluctuations financières en cours dans le monde d'aujourd'hui et pour d'autres raisons multiples qu'il n'est guère opportun d'en faire ici l'énumération.
Ceux qui maîtrisent aujourd'hui ce marché agissent selon la loi de l'offre et de la demande et certains d'entre eux vont même jusqu'à l'industrialisation et à la marchandisation de l'art plastique et des artistes puisque, de nos jours, nous trouvons tout à la fois des créateurs sur mesure, d'autres pour l'élite et une troisième catégorie qui opère à la commande.
Il importe toutefois de positionner une frange de créateurs hors de ces contingences de marché, voire même en dehors des critères culturels propres aux arts plastiques et des automatismes stéréotypés de ces marchés.
Actuellement, les critères d'évolution du prix des toiles n'obéissait à aucune règle objective et culturelle du fait artistique et de son auteur. Ici encore la machine occulte continue indubitablement à fixer ses règles et imposer ses propres lois.
*Ce marché est accompagné d'une vague axée sur le faux et d'un réseau qui fait fortune sur le dos des artistes. Ce phénomène nuisible est-il une fatalité, un mal «nécessaire»?
-Les intermédiaires et courtiers (smassria) en tous genres sont devenus les vrais maîtres du marché de l'art autant que de celui de la politique, de l'économie, de la finance, en passant par de la culture.
C'est pourquoi nous appelons à procéder à l'assainissement du marché des arts plastiques pour mettre fin à la mainmise des courtiers et autres intermédiaires qui s'engraissent aux dépens de l'œuvre, pour ne pas dire de son auteur !
Quoi qu'il en soit, des interrogations s'imposent à cet égard, même auprès des politiques puisqu'ils qu'ils sont censés bien placés pour y répondre en raison de leur profonde connaissance des questions des « courtiers » et du marché.
*A ce propos, nous avons un nouveau ministre de la culture. Que lui proposez-vous pour l'épanouissement de ce secteur?
-Avant de vous répondre, je suis convaincu que la nomination de M. Bensalem Himmiche à la tête du ministère de la Culture s'inscrit dans la tradition de l'adage empreint de sagesse qui préconise que toute place soit occupée par l'homme qu'il faut (The right man in the right place).
Cette maxime répond admirablement aux aspirations du héros célébrissime de M. Himmiche de son oeuvre « Le fou du pouvoir » (majnoun el houkm). Cet homme compte parmi les pionniers du secteur, complètement au fait de la problématique culturelle et des préoccupations des intellectuels, de leur situation matérielle aussi bien morale que spirituelle, n'ignorant rien des tares et défaillances qui entachent le secteur ainsi que les paradoxes et contradictions qui s'y attachent.
Il sait mieux que quiconque que la culture au Maroc ne garantit nullement à ceux qui la professent une vie digne ou décente.
L'écrivain et l'homme de lettres ne peuvent aspirer et espérer vivre de leur plume, pas plus que l'artiste de sa palette et ses pinceaux. Ni l'écrivain donc ni le plasticien, le musicien ou l'homme de théâtre ne pourront prétendre être à l'abri du besoin au moyen de leur création ou de leur production. Il y a un échec de la lecture, de la publication et l'édition, de la production et la distribution… Ceci génère des restrictions en matière de liberté, dans l'investissement culturel, dans l'offre et la juste et légitime compensation des créateurs, des critiques et autres opérateurs.
Le ministre, en tout point digne de la position qu'il occupe désormais, sait pertinemment qu'un grand nombre de producteurs dans le secteur né bénéficient ni d'un salaire, ni d'une pension ou d'une quelconque couverture sociale et qu'ils continuent à user de moyens fort éloignés des modes et méthodes conformes du troisième millénaire, voire même parfois en dehors de toute logique élémentaire. Le ministre n'ignore point que ces créateurs ne tendront pas la main pour assurer leur survie. Il sait aussi que la production artistique, littéraire et intellectuelle pâtissent bien plus de la misère que de l'opulence.
Ce que je proposerais donc tant à l'écrivain, créateur, critique aussi bien qu'au ministre, c'est de relever le défi des obstacles et des considérations politiciennes pour assurer aux artistes une vie décente conforme à son statut et à ses ambitions légitimes. Ce faisant, le ministre aura accompli le challenge tant attendu… Je lui suggère également la refonte et la réactivation du Conseil national de la Culture et des Arts à même de souscrire aux impératifs que requiert la conjoncture, d'amorcer un dialogue tout azimuts au sujet notre réalité culturelle, d'élaborer une projection des politiques culturelles basée sur la particularité de la phase actuelle caractérisée par une ferme volonté de poursuivre la transition démocratique et réaliser le changement que supposent la modernisation et la mondialisation.
*Vous élaborez un autre ouvrage, cette fois sur les cent ans de la peinture au Maroc. Quelles en sont les principales lignes ?
-Permettez-moi de ne pas vous livrer la synthèse de l'ouvrage actuellement en préparation afin d'en réserver la primeur au lecteur. Je me bornerai toutefois à dire comme les anciens : le titre du livre en constitue la quintessence. Revenir sur un siècle de création nous conduit ipso pacto à évaluer la densité de cette création et la somme des acquis et réalisations en matière d'arts plastique. De même que le travail se propose d'instaurer un débat sur la thématique des questions afférentes à ces réalisations et de mettre en place une biographie pour chacun des artistes cooptés en raison de leur apport pour l'émergence d'une identité marocaine spécifique au cours du siècle considéré, ou que l'on pourrait considérer comme étant l'âge de la peinture marocaine moderne.
Je crois que ce livre propose (dont les chapitres de la thématique s'interprètent l'histoire et la lecture impressionniste) nous incitera à commémorer le premier centenaire de l'éclosion de la peinture au Maroc, eu égard à la dimension culturelle et civilisationnelle des arts plastiques dans notre pays.


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