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Echanges extérieurs : Le Maroc tire-t-il profit de ses ALE ? [INTEGRAL]
Publié dans L'opinion le 17 - 08 - 2023

Durant les deux dernières décennies, le Royaume s'est engagé dans une cinquantaine d'ALE, majoritairement déficitaire. Le Maroc en tire-t-il profit autrement ?
En 1991, le Maroc, qui cherchait à améliorer son intégration dans l'économie mondiale, négociait son premier accord de libre-échange (ALE) avec le pays de l'Oncle Sam, ouvrant ainsi une nouvelle page dans la politique commerciale du Royaume. Depuis le temps, le pays a enchaîné les accords, qui se comptent aujourd'hui par cinquantaine, générant quelque 400 milliards de dirhams de dividendes pour l'économie nationale. Un chiffre épinglé par moult experts et politiques, qui soulignent que les dispositions desdits accords sont en deçà des attentes, tout en appelant à leur révision. Car oui, l'essentiel des échanges commerciaux du Maroc se fait avec l'Europe et ceux-ci affichent un déficit commercial de 134,9 MMDH en 2022, soit une aggravation de 29,7% par rapport à 2021, selon les derniers chiffres de l'Office des Changes. Même son de cloche du côté des Etats-Unis ou encore des pays d'Asie, avec lesquels le déficit continue de se creuser. La mouture de certains ALE a bel et bien été révisée, à l'instar de celle de l'accord avec Ankara, afin de rééquilibrer ne serait-ce qu'en partie la balance, mais il n'en demeure pas moins que le manque à gagner reste abyssal.

Voir les ALE dans leur globalité !

Dans sa dernière intervention sur le sujet, le ministre de l'Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, a indiqué qu'il faudrait évaluer ces ALE dans leur intégralité, ainsi que sur leur impact sur les investissements et la création d'emplois, plutôt que de s'en tenir uniquement au déficit de la balance commerciale. 99% des exportations du Royaume sont effectuées dans le cadre des ALE et leur révision «pourrait bien avoir des conséquences désavantageuses sur les 400 milliards de dirhams qu'ils génèrent, ainsi qu'aux 400 milliards de dirhams supplémentaires auxquels nous aspirons grâce à l'augmentation de nos exportations», avait avancé le ministre devant les députés, estimant que si ce marché n'était pas ouvert, le déficit serait encore plus important et la capacité du Maroc à attirer les investisseurs et à créer des emplois serait réduite. Un constat partagé par El Mehdi Ferrouhi, professeur d'économie et de finance à la Faculté d'Economie et de Gestion, Université Ibn Tofail de Kénitra, qui donne l'exemple des investissements directs étrangers (IDE) américains au Maroc, lesquels ont explosé depuis l'entrée en vigueur de l'ALE atteignant 90,77%, 50,57% et 38,89% en 2007, 2009 et 2010 respectivement.



Toutefois, si lors de l'établissement des ALE, le Maroc s'est fixé comme objectif la promotion des exportations et l'amélioration de l'attractivité du pays en matière d'IDE, logiquement, toute évaluation de ces accords doit faire le bilan sur la base de ce cadre référentiel. C'est ainsi que le ministre a défendu les accords tels que celui avec l'Union Européenne, qui donne accès à un marché de 500 millions de consommateurs, permettant au Maroc d'attirer des investisseurs «qui contribuent à la création d'emplois et, parallèlement, à l'augmentation de nos ventes sur ce marché». En témoignent les résultats obtenus dans des secteurs comme l'automobile et l'aéronautique qui se sont développés dans le sillage de l'ALE UE-Maroc et ont créé des dizaines de milliers d'emplois, bien qu'ils aient bénéficié d'un généreux soutien gouvernemental, via les zones franches, les parcs industriels, les exonérations fiscales... et la liste n'est pas exhaustive.

El Mehdi Ferrouhi appelle, cependant, à adopter plus de mesures favorisant le renforcement du tissu économique national, de sorte à rendre les sociétés marocaines plus compétitives, à la fois pour préserver leur position au niveau local et faciliter leur sortie à l'international.

Accords de nouvelle génération

Ceci dit, le Royaume explore l'éventualité de nouveaux accords avec d'autres pays, comme le Royaume Uni, le Brésil ou encore Israël, qui s'inscriraient dans une logique win-win. «Face aux entreprises israéliennes ou britanniques, je ne pense pas que nos entreprises puissent tenir tête dans des secteurs qui nécessitent des technologies de pointe, telles que l'industrie militaire, les fintechs, l'informatique, ainsi que les industries lourdes. D'où la nécessité de développer les secteurs où le Maroc dispose d'un avantage compétitif, tels que l'agriculture, la pêche, le secteur minier, les énergies renouvelables, etc.», souligne notre économiste, notant que les filières comme l'industrie pharmaceutique, l'automobile ou encore l'aéronautique, peuvent également être une source de valeur ajoutée pour le Royaume.

Mais pour ce faire, la prochaine mouture des ALE marocains devrait incorporer des dispositions favorisant la fluidité et l'expansion des chaînes de valeur entre les différentes parties, ainsi que leur extension vers des acteurs tiers, notamment en Afrique. Une attention particulière devrait être portée aux règles liées à l'investissement, la fiscalité, le transport, la douane, les normes, afin que le Maroc puisse tirer pleinement profit de ces accords et de leurs retombées en matière d'investissements. «Il faudrait promouvoir les IDE israéliens et britanniques, en veillant au transfert du savoir et de technologie», recommande Ferrouhi, notant que le Maroc dispose d'une forte infrastructure et d'une main d'œuvre qualifiée prisée par les investisseurs étrangers.

L'idée est d'avoir des ALE équilibrés et structurés de manière à maximiser les avantages pour les Marocains et ne pas seulement refléter des modèles abstraits, à l'instar de ceux conçus dans les débuts de l'actuelle décennie, au moment où le Maroc était dans une position désavantageuse.

3 questions à El Mehdi Ferrouhi « Il faudrait également que nos entreprises soient plus compétitives afin de pouvoir exporter plus et bénéficier des avantages des ALE »
Le Maroc est déficitaire dans la majorité de ses ALE, pourtant, certains analystes soutiennent les accords scellés par le Maroc, du fait de leur impact sur les investissements. Quelle est votre lecture de cet état des lieux ?

- C'est vrai que le Maroc est déficitaire dans plusieurs accords de Libre-Echange, mais les avantages des ALE ne se limitent pas uniquement à l'équilibre commercial. Si on prend le cas des IDE américains au Maroc, on remarque qu'avant l'entrée en vigueur de l'accord de libre-échange en 2005, leur évolution en 2002, 2003 et 2004 était respectivement de 1,82%, 4,29% et -42,81. Cependant, à partir de 2007, les IDE américains ont atteint 90,77%, 50,57% et 38,89% en 2007, 2009 et 2010 respectivement. Ceci montre que malgré le fait que la balance commerciale est déficitaire, ce qui est normal et logique du fait du niveau de développement de l'économie américaine comparativement à celle marocaine, les IDE ont augmenté, ce qui a eu un impact positif sur notre économie.
- En quoi ces ALE ont-ils influencé les flux de capitaux, notamment en termes d'entrées et de sorties de fonds étrangers dans le secteur financier marocain ?
- Les ALE ont eu un impact positif sur les flux de capitaux. Tout comme le cas des Etats-Unis, les IDE d'origine arabe ont augmenté, notamment ceux des Emirats Arabes Unis dont le flux constitue 57,4% des flux des pays du Golfe pour la période allant de 2005 à 2015. En 2021, les Emirats Arabes Unis étaient notre deuxième partenaire commercial arabe. Les investisseurs sur le marché boursier marocain sont également concernés. En effet, d'après le dernier rapport de l'Autorité Marocaine du Marché des Capitaux (AMMC) de 2022, la part des capitaux étrangers sur le marché boursier marocain est principalement d'origine du Moyen-Orient (51%) et d'Europe (42,5%), deux groupements ayant des ALE avec le Maroc.
- Les accords avec certains pays portent, par contre, atteinte à certains secteurs, tels que le Textile. Comment l'Etat peut-il garantir de bonnes conditions de concurrence pour les opérateurs locaux ?
- Effectivement, le secteur du textile marocain avait subi entre 2013 et 2017 les conséquences des politiques de subventions turques octroyées aux entreprises du secteur du textile ainsi que les barrières administratives à l'encontre des entreprises marocaines, ce qui s'est traduit durant ladite période par une hausse de 175% des importations d'origine turque. Ceci a été bénéfique pour le consommateur marocain qui pouvait se procurer des produits de textile et d'habillement à des prix très compétitifs et largement inférieurs aux prix des produits d'origine marocaine, mais cela a également causé la faillite de plusieurs sociétés marocaines qui ne pouvaient proposer des prix aussi compétitifs. Des augmentations des droits de douane ont été appliquées, ce qui a eu un impact négatif sur les prix du textile et de l'habillement d'origine turque. Je pense qu'il faudrait renforcer les contrôles de qualité des produits importés. Il faudrait également que nos entreprises soient plus compétitives afin de pouvoir exporter plus et bénéficier des avantages des ALE.

Déficit commercial : Ça se creuse encore et encore !
Par continent, le Maroc a présenté un déficit commercial vis-à-vis de l'Europe, de l'Asie et de l'Amérique en 2022. Avec le vieux Continent, il s'est aggravé de 29,7%, passant de 104 MMDH en 2021 à 134,9 MMDH en 2022. La détérioration de la balance commerciale avec la France (-9,2 MMDH), avec l'Espagne (-7,8 MMDH) et avec la Fédération de Russie (-5,4 MMDH), explique dans une large mesure cette situation.
De même, le déficit commercial vis-à-vis de l'Asie s'est creusé de 48,9 MMDH pour s'établir à 133,2 MMDH en 2022, en raison principalement de l'aggravation du déficit commercial vis-à-vis de l'Arabie Saoudite et de la Chine.
Le solde commercial s'est dégradé également avec l'Amérique (-35,2 MMDH), affichant un déficit de 58 MMDH, imputable principalement au creusement du déficit vis-à-vis des Etats-Unis, du Trinité-et-Tobago et de l'Argentine. L'excédent enregistré vis-à-vis du Brésil a aussi baissé en 2022 de 6,5 MMDH.
Avec l'Afrique, la balance commerciale a marqué un excédent commercial en double. L'excédent commercial avec l'Océanie a, par ailleurs, reculé de 1,8 MMDH pour se chiffrer à 597 MDH.
Office des Changes : Le commerce du Maroc en chiffres
Les échanges commerciaux du Maroc, à l'instar des années précédentes, se sont effectués majoritairement avec l'Europe en 2022, avec une part de 58,8%, révèle le rapport annuel de l'Office des Changes sur le commerce extérieur du Maroc. «Les échanges avec l'Europe se chiffrent à 685,8 MMDH (milliards de dirhams) en 2022 contre 543,8 MMDH une année avant, soit une augmentation de 26,1% ou 141,9 MMDH. Cependant, le poids de ces échanges dans le total des échanges du Maroc baisse, passant de 63,4% en 2021 à 58,8% en 2022, précise ce rapport, élaboré selon le manuel des Nations Unies (IMTS 2010). Par pays, les échanges se sont effectués principalement avec l'Espagne (27,4%), la France (23,1%), l'Italie (7,7%), la Turquie (7,2%) et l'Allemagne (6,4%), fait savoir la même source, ajoutant que les transactions avec ces pays ont progressé respectivement de 22,3%, 29,1%, 28,9%, 30,3% et 33,3%.
Concernant les échanges du Maroc avec l'Asie, ils ont enregistré une croissance de 59% en 2022. Leur part dans le total des échanges est passée de 18,9% en 2021 à 22,1% en 2022. La Chine se positionne toujours en tête des partenaires asiatiques du Royaume, avec une part de 30% en 2022, toutefois en baisse par rapport à 2021 (40,2%).
De même, les transactions effectuées avec les autres principaux partenaires asiatiques ont enregistré des augmentations en 2022, l'Arabie Saoudite, l'Inde et les Emirats Arabes Unis grimpant respectivement de 31,2 MMDH (180,8%), 15,4 MMDH (59,4%) et 5,1 MMDH (47,8%).
Par ailleurs, les échanges avec l'Amérique se sont inscrits en hausse de 51,2% durant l'année écoulée. Cette évolution est le résultat de l'augmentation des échanges, principalement avec les Etats-Unis (25,6 MMDH), l'Argentine (6,9 MMDH) et Trinité-et-Tobago (6,5 MMDH). De leur côté, les échanges avec l'Afrique ont continué leur hausse entamée en 2021 (39,9%), avec l'Egypte en haut du podium.


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