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Le nécessaire débat
Liberté d'expression
Publié dans L'opinion le 30 - 10 - 2009

Sale temps pour la presse. C'est peu dire de l'offensive que les autorités mènent contre quelques journaux et certains journalistes. Le ressac de l'Etat est d'autant plus durement ressenti que celui-ci nous a habitué depuis une dizaine d'années à de la pédagogie, parfois à des formes souples de coercition, pour donner corps au couple liberté - responsabilité. Il semble avoir perdu toute patience et c'est dommage. En même temps il est malheureux et non sans signification qu'il faille que les autorités cognent pour qu'apparaisse chez les professionnels de la presse, clairement pour les uns, plus timidement pour d'autres, une remise en cause des pratiques journalistiques dans notre pays et des appels à une déontologie plus respectueuse de ses propres normes.
Soyons clair: je n'ai pour ma part aucune inquiétude sur l'avenir de la liberté d'expression au Maroc. Nous traversons une phase de crispation, certes, mais je ne crois pas que l'élan émancipateur qu'ont connu les médias avec l'avènement de Sa Majesté Mohammed VI soit compromis. Il se poursuit et reprendra sa foulée naturelle dès que les mises au point nécessaires seront opérées. Ne serait-ce que parce que le pluralisme et la liberté d'expression qui en est le corollaire constituent le soubassement du projet de société que s'est donné le royaume à l'horizon 2025.
On évoque souvent la transition démocratique - des fois pour louer ses avancées, d'autres pour décrier ses pannes - mais c'est plutôt d'une démocratie en construction que l'on devrait parler. On la réalisera, rapidement si possible, doucement mais sûrement quand on ne peut faire autrement. Dans la vision que s'est donné le Roi pour son règne, la presse est «un acteur essentiel de la vie publique nationale et un partenaire incontournable de l'édification de la démocratie dans notre pays». Dans cette perspective, le souverain est conscient que «l'avènement d'une presse de qualité» n'est possible que si elle est assurée «de l'exercice de la liberté d'expression». Encore faudrait-il qu'elle se fasse «avec courage, sagesse et objectivité, armée de la vertu première, celle du discernement».
Or c'est précisément dans l'art de faire la part des choses que nous avons failli. Que les sujets sur la famille royale soient vendeurs est en soi flatteur. Lorsque une presse se spécialise dans le traitement de la manière dont les Rois éduquent leurs enfants, parle de la fortune royale ou s'incruste dans les lignes de la liste civile, on peut facilement concevoir que l'exercice relève de l'intérêt naturel que les journalistes portent à la première des institutions du pays. Cela s'est d'ailleurs fait sans accroc même si par moment les plumes se sont laissés entraîner par la facilité des tournures maladroites. Il en va autrement quand on s'amuse à s'immiscer dans la sphère des intimités ou à spéculer sur la santé du Roi en semblant ignorer qu'on rentre là dans le registre des actes susceptibles de semer le trouble au sein de la population ou de perturber l'ordre public.
Chacun aura deviné qu'il s'agit des fameuses lignes rouges dont le franchissement est considéré par certains comme un courageux défi à l'ordre établi. Leur existence même est perçue comme une abomination et une menace permanente à la liberté d'expression. Possible. Mais qu'on me montre alors cet Eden de l'anarchie qui évolue sans lignes de démarcation entre le permis et l'infaisable ! Deux cas qui nous sont familiers: l'Algérie et la France. En Algérie, l'armée populaire, son conflit avec le Maroc, le soutien du Polisario, la lutte contre les islamistes, pour ne citer que ces exemples, sont classés sanctuaires interdits à la profanation. En France, les valeurs fondatrices de la république, la laïcité notamment avec dans son sillage l'interdiction du port de signes religieux ostentatoires (surtout musulmans), Israël, la défense du Tibet, la condamnation de la chine, le rejet de la Russie… sont des lignes rouges dont la transgression expose, à des degrés divers, à l'exclusion sournoise et à la marginalisation extrême. Deux autres modèles sont éloquents. En Espagne et au Royaume Uni il est inconcevable que l'on parle ou s'adresse aux monarques sans la déférence exigée.
La presse est aussi faite pour divertir. Rire, oui. Mais rire de tout et de rien non. La liberté d'expression par ailleurs est une chose qui repose sur la bonne information et s'appuie sur le commentaire et l'analyse les plus justes possible. Tout autre chose sont les tentatives de désacralisation des symboles de l'Etat qui ont besoin de tout leur prestige pour pouvoir tenir pleinement et efficacement leur rôle. Vu sa centralité dans la vie nationale, il est normal que la monarchie fasse l'objet d'un suivi journalistique sans obséquiosité bien sûr, mais sans irrespect non plus. Essayer par contre d'entamer l'ascendant de la fonction royale par le rabâchage tannant, souvent malveillant, de ses faits et gestes, de son présent et de son histoire, relève de l'aventurisme.
La déliquescence des valeurs a été parfois telle que l'on a trouvé normal que des séparatistes brûlent le drapeau national sur le campus marocain. Au nom de la sacro sainte liberté d'expression, des journaux ont estimé banal de se transformer en tribune pour le Polisario. En son nom encore, des magazines, c'est une vérité établie aujourd'hui, se sont adonnés pernicieusement à des tentatives calculées de fragilisation des institutions du pays pour finir en acteurs consentants de luttes qui les dépassent.
Dix ans déjà qu'on est dans le même débat. Ici même en janvier 2003 j'écrivais qu'il faut «se garder de voir dans les nouvelles marges de tolérance une forme de laxisme ou une impuissance de l'Etat. Un retour de manivelle demeure à l'ordre du jour». Ce que nous disions tout simplement, nous étions une poignée à le faire, est que la presse a, sans conteste, sa propre responsabilité dans la surveillance de la société. Mais ce qui est au cœur des débats n'est autre que son rôle dans la relation des faits, le discernement entre l'utile et le dommageable à l'évolution de la liberté. Sa fonction de censeur, parce que elle en a une, est effectivement de mettre à l'indexe les comportements répréhensibles, notamment lorsqu'ils émanent des responsables officiels et se rapportent à la gestion des affaires publiques. Reste à savoir à partir de quel moment et sur la base de quelles preuves un journaliste ou un journal sont-ils fondés de désigner à la vindicte populaire et à l'information judiciaire un présumé coupable ? Les dégâts de l'usage du conditionnel pour se dédouaner de toute vérification de l'information sont assez connus pour que l'on mette entre les mains de ce verbe de l'incertitude la dignité des gens, leur honneur ou encore l'ordre public. La liberté ne consiste pas à prendre des libertés avec la grammaire de la société. Pour Montesquieu, père de la séparation des pouvoirs, elle est le droit de faire ce que les lois permettent. Si on les trouve scélérates, et elles peuvent l'être, il faut militer pour leur modification, pas pour leur transgression.
Le discours du Trône de 2004 avait souligné la nécessité pour la profession de se doter d'un ordre pour une autorégulation d'une profession sérieusement exposée à la manipulation et à la désinformation. Moins d'une année plus tard, les assises de Skhirat, mars 2005, le corps de la presse s'est mis d'accord sur un processus qui s'inscrit dans ce sens. Un contrat programme a été signé, le principe de la révision des lois a été acceptée, la création au sein de la justice d'une chambre spéciale pour les questions relatives à la presse a été souhaitée et les assises ont clos leur travaux sur l'indéfectible relation du couple liberté - responsabilité. Quatre ans après il est grand temps de faire collectivement le point de la situation.
Naïm Kamal


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