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Pour une diplomatie culturelle : Le Sahara marocain, la preuve par « Désert » de J-M.G Le Clézio

L'œuvre romanesque de Le Clézio entretient un rapport plus que particulier avec le Maroc et plus précisément avec le Sahara. Conscients de la spécificité de ce lien, des enseignants- chercheurs de la faculté des lettres de Béni Mellal ont organisé un colloque international intitulé : Le Clézio et le Maroc (2004).
Les intervenants ont mis en exergue la richesse symbolique de cet attachement au sud marocain et cette grande connaissance de la géographie en question, sans oublier bien évidemment l'Histoire des tribus Sahraouies. De ce fait, le récit littéraire, certes une pure fiction, ne serait-il pas une preuve de l'authenticité et de la légitimité d'une cause d'un pays ? Sans vouloir relancer un débat aussi ancien que le monde –le texte littéraire en tant que document sociologique et historique- notre propos, dans ce modeste travail, sera de montrer comment la fiction qui se ressource de l'Histoire -avec sa grande hache comme l'a bien dit Georges Perec- pourrait attester d'un fait ou d'une vérité historique.
Un récit doublement mené
Force est de constater que le thème du sud est présent dans l'œuvre leclézienne bien avant la publication de Désert (1980). Dès le premier roman de Le Clézio, Le Procès-verbal (1963), Adam Pollo cherche le désert en fuyant les artères des villes tentaculaires comme dans Le Déluge (1967) où ce même espace de prédilection s'empare du monde. Les allusions au désert se multiplient dans La Guerre comme dans l'Extase matérielle ; les personnages y voient un espace de salut qui pourrait délivrer l'âme des contraintes imposées par la civilisation technicienne. Les récits se suivent à un rythme presque régulier et c'est à ce moment que Le Clézio publie Désert en 1980.
En effet, le récit littéraire est doublement mené : l'histoire de Cheikh Ma-alaïnine et celle d'une descendante des hommes bleus, nommée Lalla. Le Clézio présente un traitement symbolique de l'Histoire du Maroc car, avant tout, il s'agit d'un roman et non d'un document historique. La légende du Cheikh est savamment racontée ; l'écrivain s'est basé sur des faits historiques et des documents. Ainsi, la littérature se joint à l'Histoire pour rappeler des évènements politiques survenus durant la période allant de 1909 à 1912.
En outre, l'auteur défile des personnages historiques qui ont joué un rôle dans l'histoire du Maroc, et qui ont contribué à dresser la carte géopolitique du pays en cette période très sensible de l'histoire de notre pays (certainement selon le récit ) :
-Le Sultan Moulay Hafid
-Cheikh Ma alaïnine
-Moulay Hiba (fils de Ma alaïnine)
-Dr Mauchamp
-Colonel Mangin
-Le Clézio s'est arrêté sur la signature du traité du Protectorat et sur les évènements politiques qui allaient le suivre pour parler de la lutte contre les forces française et espagnole. Certes les batailles se suivent mais le résultat est toujours le même : les guerriers du Sahara sont à chaque fois vaincus par une armée bien structurée et bien munie des armes les plus sophistiquées de l'époque. C'est à ce moment que l'auteur donne libre cours à sa plume pour décrire la barbarie moderne des Européens face à un peuple qui ne possède que la foi en Dieu et en ses chefs spirituels à défaut d'une véritable stratégie de guerre. Le comble, toujours selon Le Clézio, c'est lorsque ce sont des Africains (en l'occurrence des Sénégalais) qui exterminent d'autres Africains (les troupes marocaines venues du Sahara.
Le Clézio décrit la longue marche des trois caravanes venues du fond du désert, plus précisément de Saguiet el hamra et qui se dirigent vers le nord. En chefs de guerre, Cheikh Ma El Ainine et ses deux fils Lardhaf et Saadbou guident les troupes (familles et soldats) vers le Nord du royaume. La traversée n'est pas du tout heureuse ; les difficultés climatiques, la fatigue, la soif, sans oublier bien évidemment la crainte des troupes françaises qui guettaient les guerriers du désert donnent à ce déplacement un caractère apocalyptique. Traversant les Hamadas et les dunes de sable par un temps cruel, les hommes bleus s'affaiblissent. Arrivée à la rivière du Souss ; ils se sont installés mais Hélas ! « la mort est arrivée », nous dira Le Clézio.
Dans de telles circonstances, l'invocation des gloires du passé, c'est-à-dire des récits des temps d'or, peuple les soirées et sauve la mémoire. Les hommes du désert parlent de la politique –traité d'Algésiras- mais évoquent également des faits historiques, tel le soutien du Roi à Cheikh Ma Alaïnine pour bâtir la ville de Smara. Cependant, les récits ne peuvent rien contre la faim et la soif. Les tribus du Souss ne peuvent tendre la main aux tribus sahraouies par crainte des représailles des Français. Ironie du sort ou destin : Ma alaïnine est décédé et enterré à Tiznit, ville du Souss. L'étau se resserre autour des hommes du désert et c'est à ce moment que Le Clézio raconte les péripéties de batailles où les troupes de soldats guidées par les fils de Ma alaïnine sont vaincues. Il s'agit bel et bien de la bataille de Bou Dnib et celle plus célèbre encore de la plaine de Tadla.
La lecture de Désert, comme de Gens des nuages ou encore de Poisson d'or atteste d'une documentation inouïe de Le Clézio au sujet de l'Histoire du Maroc. De menus détails concernant le traité de Protectorat ou bien les batailles qui ont opposé les Marocains aux Français et aux Espagnols sont présentés par le biais d'une narration fluide. La documentation touche également les origines de l'enseignement soufi du Cheikh ainsi que l'hagiographie de ses maîtres.
De la littérature à l'Histoire
Poésie, roman, théâtre, filmographie, hagiographies (prises en charge parfois par un récit littéraire) de personnes spirituelles du Sahara marocain sont à considérer comme des documents qui pourraient aider à mieux connaître un aspect plus pratique de la littérature et par conséquent de l'Histoire de notre pays.
Ecrire un roman ou l'enseigner (ce qui ne veut pas dire la même chose) serait une action rentable en l'attachant à sa grande histoire ; il ne s'agit pas d'en relever les racines historiques mais d'une démarche inverse : aller du récit littéraire à l'Histoire. De cette manière, la littérature ne serait pas perçue - certes à tort par certains- comme une activité de récréation (et non de création), permettant à un écrivain de fabuler ; au contraire, elle sera vue comme un travail parallèle à l'écriture de l'histoire d'une société et partant de son imaginaire à une période donnée.
C'est dans ce sens que nous nous sommes intéressé à un grand roman de l'Histoire du Maroc, écrit par un Français. Ajoutons que Le Prix Nobel de littérature, décerné à Le Clézio en 2008, rend hommage à l'écrivain « des ruptures », mais également aux peuples qu'il a défendus, aux tribus de Sahara qui ont lutté contre l'Occupation étrangère au Maroc et à ces personnages peu communs qui envahissent en silence l'œuvre leclézienne . Saluons au passage un grand ami du Maroc et plus précisément un fin connaisseur du Sahara.


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