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Interview avec Dounia Ait Zakour : « Si nous ne périssions pas sous les bombes, nous mourrions de faim »
Publié dans L'opinion le 08 - 05 - 2025

C'est un cri de détresse que lance Dounia, l'une des Marocaines bloquées à Gaza. Entre bombardements, famine et espoir d'un retour au pays, elle témoigne de son quotidien terrifiant et lance un appel pressant aux autorités pour son évacuation et celle de sa famille.
-Votre absence au rendez-vous du 8 avril dernier au point de passage de Rafah pour votre rapatriement a été récemment sujet de débat au Parlement marocain. Pourriez-vous nous expliquer les raisons de cette absence et pourquoi vous n'avez pas pu en informer la mission marocaine à Ramallah ?
-Concernant mon absence au rendez-vous du 8 avril au point de passage de Rafah, il y a eu un malentendu. Je n'ai reçu aucune instruction précisant que je devais me rendre à Rafah pour être évacuée. Dès les premiers jours de la guerre, j'ai contacté l'ambassade marocaine à Ramallah pour leur demander de procéder à mon évacuation vers mon pays, le Maroc. Ils m'ont demandé de leur envoyer mes documents ainsi que ceux de mon mari, ce que j'ai fait. Par la suite, je les ai contactés quotidiennement, mais je n'ai reçu aucune réponse de leur part. Je n'étais pas informée de mon inscription sur la liste du point de passage de Rafah. Il est possible que cela soit dû aux fréquentes coupures de réseau qui ont affecté la bande de Gaza pendant des dizaines de jours, m'empêchant de communiquer avec ma famille. Il se peut qu'ils aient tenté de me joindre durant ces périodes d'interruption.
-Avez-vous été contactée par l'ambassade marocaine après cet incident ?
-L'ambassade m'a contactée récemment, au mois d'avril. J'avoue que cela m'a laissée perplexe. Ils m'ont demandé de leur envoyer mes documents et m'ont interrogée sur les raisons pour lesquelles je ne m'étais pas présentée à Rafah à la date indiquée. Je leur ai expliqué que je n'avais pas reçu cette information. Ils m'ont alors demandé une seconde fois mes documents, ceux de mon mari et ceux de mon fils qui a 5 mois, cette fois-ci.
-Quelles informations vous ont-ils communiquées concernant une éventuelle nouvelle tentative d'évacuation pour vous, votre mari et votre nouveau-né ?
-Il n'y a aucune nouvelle information concernant une éventuelle évacuation, hormis la période où je vous ai mentionné qu'ils m'avaient contactée pour obtenir les documents.
-Quels sont vos espoirs et vos attentes concernant votre éventuel retour au Maroc ? Comment imaginez-vous votre avenir et celui de votre famille une fois en sécurité ?
-Mon espoir est de vivre en sécurité dans mon pays, loin du bruit des bombardements. En tant qu'adulte, j'ai peur. Alors imaginez la terreur que ressent mon petit enfant de cinq mois face au bruit des balles ou des bombardements... Vous pouvez l'imaginer aisément. Et je désire vivre loin du bruit incessant des drones qui, si vous l'avez remarqué depuis le début de notre conversation, est très fort. Certains jours, ils sont si proches du toit que le bruit en devient insupportable. J'espère retourner dans mon pays, le Maroc, et revoir ma famille. Nous essaierons d'y construire notre avenir et celui de mon fils, afin qu'il puisse étudier et vivre dans un pays sûr.
-Avez-vous été en contact avec d'autres citoyens marocains bloqués à Gaza ? Si oui, quelle étaient leur situation et leurs préoccupations ?
- Après que l'ambassade m'a contactée récemment concernant les documents, ils m'ont mise en relation avec une jeune femme ici nommée Safaa, qui m'a intégrée à un groupe de huit Marocaines bloquées à Gaza. Nous avons fait connaissance. Leur situation et leurs craintes, je pense, ne sont pas différentes des miennes. Et il est possible que pour certaines, ce soit encore plus difficile. Certaines vivent dans des tentes, et d'autres subissent quotidiennement les bombardements et les tirs, tout comme moi, dans la peur et la terreur constantes.
- Vous êtes une citoyenne marocaine vivant à Gaza. Pourriez-vous nous raconter comment vous êtes arrivée à vivre dans cette région ?
- Je suis arrivée en juillet 2023, soit deux mois avant le début de la guerre. Depuis le Maroc, j'avais établi une procuration pour mon beau-frère ici afin qu'il soit mon tuteur, et mon mariage a été officialisé. Par la suite, je suis entrée en Egypte, puis je suis venue ici munie de mon acte de mariage pour rejoindre mon mari. Nous avons célébré notre union, et peu de temps après, la guerre a éclaté et a tout détruit.
-Comment vivez-vous les événements et l'escalade des opérations militaires israéliennes dans la bande de Gaza ? Quelles ont été les plus grandes difficultés rencontrées au quotidien ?
-Nous vivons dans la terreur et la destruction psychologique ! Chaque jour, nous redoutons de perdre nos proches, notre petite et grande famille, ou que notre enfant soit tué en martyr, nous laissant dans un chagrin inconsolable. Nous craignons également que l'un de nous soit tué, laissant notre enfant orphelin de père, de mère, ou des deux. La plus grande difficulté que j'ai rencontrée, c'est qu'après avoir été déplacée à Rafah, nous avons appris le bombardement de notre maison conjugale, un lieu chargé de souvenirs. Ce fut un chagrin immense, un véritable déchirement, et nous vivons dans le regret. Je me demande où nous irons après avoir quitté les tentes. Où allons-nous vivre ? Sans parler de la période de ma grossesse, où nous étions dans des tentes sans sanitaires... Avant la famine, nous recevions un système de colis contenant du sucre, de l'huile, des lentilles, des pois chiches, du thon ou des sardines. Lorsque ces colis ont commencé à manquer, un système de repas de charité a été mis en place. Par exemple, une personne recevait un soutien d'un pays, ce qui permettait à des gens de cuisiner des lentilles ou du riz et de les distribuer. Parfois, on recevait une louche, parfois deux... Parfois, il n'y en avait pas du tout. Quant au marché, les prix sont exorbitants. Les gens ne parviennent plus à subvenir à leurs besoins quotidiens. Un sac de farine qui coûte 1000 shekels (plus de 2000 dirhams) ; un kilo de sucre atteint 100 shekels. Les légumes coûtent jusqu'à 50 shekels. Il y a des gens qui n'ont pas mangé depuis au moins deux jours. Le gaz est coupé depuis deux mois. Nous devons allumer du bois pour faire du feu et cuisiner.
- Quel message aimeriez-vous adresser aux autorités marocaines et à l'opinion publique concernant votre situation et celle des autres Marocains bloqués ?
- Je les implore d'organiser mon évacuation, celle de mon mari et de mon fils, dans les plus brefs délais. Je ne veux pas être séparée d'eux et je ne veux pas qu'il leur arrive le moindre mal. Si nous ne périssions pas sous les bombardements, nous mourrions de faim, car la bande de Gaza est en proie à la famine. Je ne veux plus vivre cette période où je suis incapable de fournir de la nourriture à mon enfant, d'autant plus qu'il a commencé à manger. Les hôpitaux sont remplis d'enfants souffrant de malnutrition, et de jeunes enfants sont déjà morts de faim. J'espère vivement que les autorités procéderont à notre évacuation au plus vite. Je désire revoir ma famille et qu'ils puissent enfin rencontrer mon enfant. J'estime que c'est mon droit en tant que citoyenne marocaine. J'en ai assez de ce que j'endure depuis le début de la guerre à Gaza.


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