La grande transformation du secteur public, annoncée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI lors du discours du Trône du 29 juillet 2020, est officiellement lancée. Après la création de l'Agence nationale de gestion stratégique des participations de l'Etat (ANGSPE) et l'adoption, en Conseil des ministres, de la politique actionnariale de l'Etat, le chantier entre dans sa phase opérationnelle. Ce jeudi 26 janvier, le Conseil de gouvernement a adopté le projet de loi n° 56.24 portant transformation de l'Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM) en Société Anonyme. En vertu de ce texte, l'institution dirigée par Amina Benkhadra sera dotée de nouveaux organes de gouvernance, pourra diversifier ses sources de financement et, à terme, ouvrir son capital à des investisseurs privés. Né de la fusion du Bureau de recherches et de participations minières (BRPM) et de l'Office national de recherches et d'exploitations pétrolières (ONAREP), l'ONHYM est un acteur central dans deux domaines stratégiques pour le pays : l'énergie, en particulier le gaz naturel, et l'exploitation minière. Sur le premier volet, l'institution pilote non seulement le méga-projet du gazoduc Afrique-Atlantique, dont elle supervise les études techniques, les négociations avec les gouvernements impliqués et la mobilisation des financements, mais elle développe également le futur réseau domestique de distribution de gaz naturel, à travers sa filiale OMCo. Se chiffrant à des milliards de dollars, ces investissements ne pourront se faire sans la mobilisation de capitaux étrangers. Quant au domaine minier, et malgré les efforts de cartographie et d'exploration entrepris par l'ONHYM sur l'ensemble du territoire afin de mieux valoriser le potentiel du sous-sol marocain, les investissements restent, en excluant les phosphates, en deçà des attentes, puisqu'ils n'atteignent que timidement le milliard de dirhams. Lorsqu'on connaît la valeur ajoutée de ce secteur pour l'économie nationale, et son potentiel à dynamiser des régions isolées comme l'Est du Royaume, ce sous-investissement interroge. Entreprise publique rentable et dynamique, l'ONHYM devra, avec cette réforme, changer d'échelle et doubler, voire tripler de taille dans les années à venir pour relever l'ensemble des défis qui l'attendent. La réussite de cette transformation conditionnera celle du vaste chantier de restructuration du secteur public initié par Sa Majesté le Roi il y a cinq ans.