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De la crise syrienne
Publié dans L'opinion le 18 - 10 - 2012


Par Ahmed El FADILI
Ce qui se passe depuis bientôt une année en Syrie fait mal au cœur et interpelle la communauté internationale et arabo-musulmane en particulier. Je ne pense pas, personnellement, (et j'espère me tromper) que Lakhdar Ibrahimi réussira dans sa mission. Lui-même a reconnu que c'était une mission quasi-impossible. C'est dire !
Je m'explique: au début des années 90 du siècle dernier, nous avions été invités en Irak par le gouvernement de Baghdad (sous le régime déchu de Saddam Hussein) en tant que journalistes de divers pays arabes et africains pour «célébrer» (oui «célébrer», «fêter») la victoire de Saddam contre l'Iran chiïte qu'on nous a présenté comme impie. A l'époque, notre culture «religieuse» et générale ne nous permettait pas de faire la différence entre «sunnite», «kharidjite», «chiite», etc. Bref, l'Iran que Saddam Hussein avait attaqué en premier, avant d'annexer, provisoirement, le Koweït, (2è guerre du Golfe), avait été mis presque sur les rotules. Pour «preuves», le ministère de l'information qui nous encadrait nous a emmenés à la frontière pour nous faire voir, entre autres, des dômes de mosquées anciennes calcinées et éventrées, de l'autre côté de la frontière. Des joyaux de l'architecture musulmane avec «Zellij» à l'iranienne, des tours (minarets cylindriques) etc. et des villages désertés, car les lieux qu'on nous a fait visiter se trouvaient dans des vallées alors que nous nous trouvions au faîte d'une montagne ou d'un monticule. Puis, on nous a invité à une soirée dînatoire dans une véritable cave d'Ali Baba, appelée judicieusement «Abou Naouass». C'était une boîte de nuit où se mêlaient dignitaires du régime de l'époque, invités étrangers, péripaticiennes, agents de renseignement. C'est alors qu'un «confrère» irakien, sûrement chargé de me surveiller (et que j'ai retrouvé 2 ou 3 années plus tard en Yougoslavie, lors d'un sommet des Non alignés, avec un insigne (badge) officiel qui ne trompe personne) m'a raconté cette anecdote à propos de Hafed Al Assad, père de Bacchar, alors président de la Syrie et «initiateur» de ce que j'appelle la «dynastie présidentielle», bien avant Z. El Abidine, Moubarak et autres. L'anécdote en question, sous forme de boutade, disait: «Assadoun alayya ou arnaboun fil Joulan» Traduction : Lion (fauve, prédateur) contre moi et lapin au Golan. A l'époque Damas avait soutenu Téhéran contre Baghdad lors de la 1ère guerre du Golfe, ce que l'Iran le lui rend bien aujourd'hui. Car même si, en principe du moins, les deux régimes syrien et irakien sont issus de la même matrice «baâthiste», ce sont, en fait deux communautés diamétralement opposées culturellement, politiquement, religieusement et même, si j'ose dire, historiquement.
Politiquement d'abord, ce sont deux pays qui prétendent partager (officiellement du moins les idéaux du Baâth) mais qui n'ont rien d'autre en commun, ni le dialecte, ni le référentiel religieux ou culturel, ni politique. Historiquement, ensuite, Baghdad avait été le fief des Abbassides et Damas, celui des Omeyyades. Or l'on sait tous ce que les uns et les autres ont fait pour divulguer l'Islam ou, au contraire, pour le rabaisser au plus bas. Du point de vue religieux, les irakiens sont en majorité sunnites, avec tout de même une assez forte minorité chiite et kurde, alors que le pouvoir en Syrie est détenu, depuis des décennies, par une faible minorité «alaouite», une secte ou confrérie chiite qui n'a rien de commun avec la dynastie régnante au Maroc ou les autres descendants d'Ali de par le monde.
Ce qui fait mal au cœur maintenant, c'est que en trois guerres israélo arabes, le régime syrien (père et fils) n'a pas tiré autant de balles, fait exploser autant de bombes, y compris celles prohibées par la communauté internationale, poussé autant de citoyens à se réfugier en Turquie, en Jordanie et ailleurs.
Même Israël n'a pas tué autant de syriens, à ma connaissance, et causé autant de dégâts en plus d'un demi siècle de conflit israélo arabe en Syrie, excepté l'occupation du Golan, une colline considérée pour lui comme stratégique pour surveiller les mouvements du voisin (tout comme la petite montagne qui, au début des années soixante, servit à nos voisins algériens pour quasiment voir nos mères préparer nos repas, lors de la «guerre des sables» et bombarder la seule école primaire de Figuig où je me trouvais alors, croyant que tout le monde s'y était réfugié alors que nous-nous trouvions dans un autre «ksar» bien à l'abri.
Quid, maintenant, du soutien de l'Iran au régime d'Al Assad, que je comparerais à Néron, tandis que Benmansour a comparé Kaddafi à Caligula, tous deux étant manifestement des psychopathes et des pyromanes, et du véto de la Russie et de la Chine au Conseil de sécurité de l'ONU ?
Si Téhéran approuve et encourage le bain de sang en Syrie, c'est parce que c'est le fait d'affidés du régime minoritaire «alaouite», chiite en place, ce qui à terme, pourrait affaiblir les régimes de la péninsule arabique, à plus ou moins forte minorité chiite, tels le Qatar, le Koweit, l'Iraq, etc. et permettre ainsi un retour et une domination de la «Grande Perse» sur toute la région du golfe arabique, mais que Téhéran considère comme persique. L'appellation n'a pas d'importance en soi, mais le contrôle stratégique et militaire, si.
Quant au soutien de la Russie et de la Chine, deux membres permanents du C/S de l'ONU, il ne peut s'expliquer que par deux raisons : la 1ère économique et commerciale, car Moscou comme Pékin, entretiennent de longue date des relations étroites avec Damas (ventes d'armes, carburant et des affinités, quoique ténues, entre baâthisme (laïcité prononcée, «universalisme»: le Baâth prétendait pouvoir fédérer l'ensemble de la «Oumma arabe» sous son étendard (réécoutez la très belle chanson de Mohammed Abdelwahab à la gloire de ce parti) et les défunts communisme soviétique et maoïsme chinois qui, eux, nous promettaient un «avenir radieux» et des «lendemains qui chantent».
La globalisation et la mondialisation rampantes, tout comme le libéralisme débridé ne nous promettent pas moins, et avec la prolifération des circuits informels de trafics en tous genres, de groupes terroristes, etc. je ne suis pas certain que le drame syrien connaîtra un épilogue avant que la majorité de la population, au moins, ait été décimée ou que le régime en place soit défait. Car il ne s'agit pas d'une personne seulement, mais d'une caste (minoritaire, certes, mais qui a tous les pouvoirs et privilèges et qui refuse de se rendre à cette évidence que le peuple a aussi droit à la vie, à la dignité et, ne serait-ce qu'à un semblant de démocratie et de respect), mais aussi d'énormes intérêts économiques, commerciaux et politiques. En soutenant Al Assad, l'Iran veut, surtout, avoir un œil et une oreille sur Israël qui jure de détruire son programme nucléaire et, chemin faisant se présenter, si possible, comme le «protecteur» des autres pays de la région contre la menace sioniste. La Turquie, elle, cherche à se prémunir contre le sécessionnisme kurde et à éviter l'afflux de davantage de réfugiés qui, d'une manière ou d'une autre, pourrait menacer sa stabilité et sa croissance. L'Occident, lui, malgré ses gesticulations, n'a aucun intérêt à mettre fin à cette tragédie, par quelque moyen que ce soit, car plus le monde arabe (et musulman) s'affaiblira, plus Israël sera en sécurité et ses intérêts dans la région seront protégés. Tout simplement.


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