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Du Caire à Midelt, les destins croisés de deux hommes
Publié dans L'opinion le 14 - 03 - 2013

Le mois de février dernier, deux affaires différentes ont retenu l'attention des défenseurs des droits de l'Homme aussi bien en Egypte qu'au Maroc.
La première est l'affaire dite Hamada Saber. Un scandale déclanché après la diffusion sur une échelle internationale d'une vidéo présentant des membres de la police égyptienne battre un homme nu avec des matraques avant de le traîner au sol, puis de l'embarquer dans un fourgon blindé posté devant le palais présidentiel d'Al Itihadya.
La seconde affaire est celle provoquée par les agissements d'un membre du ministère public près du tribunal de Midelt qui aurait forcé un jeune homme de lui embrasser les chaussures. Un acte odieux qui, selon les dires de la victime, aurait été accompli avec la complicité de quelques agents de la police qui auraient procédé à l'arrestation du jeune Hicham d'une façon qui rappelle étrangement les années de plomb. Et si nous traitons des deux événements ensembles, c'est qu'ils présentent, à notre entendement, des similitudes frappantes dont nous évoquerons quelques-unes :
Évidemment, la première chose qui rapproche les deux affaires réside dans la situation socioéconomique des deux victimes. Il s'agit, en effet, dans l'un et l'autre cas d'un homme appartenant à la classe la plus pauvre de la société. Une pauvreté que les proches des victimes ont d'ailleurs exprimé de manière quasi identique. Ainsi, en répondant à une question sur les raisons ayant conduit son père à déclarer que les forces de l'ordre étaient en train de le protéger et non pas de le battre, le fils de Hamada s'est contenté de répéter: «je connais mon père, c'est un homme très pauvre (da boya ghalban awi)». Il en va de même pour la mère du jeune midalti qui a tenu à rappeler, dans une vidéo publiée sur Youtube, que son fils n'est qu'un homme pauvre qui n'a jamais fait de mal à personne.
Et si les familles des deux victimes tiennent obstinément à mettre en exergue leur situation sociale, c'est qu'elles sont persuadées, et à juste titre d'ailleurs, que tous les malheurs qui leurs arrivent sont la conséquence directe de leur indigence. Ainsi, c'est l'appartenance sociale de Hamada et de Hicham qui a encouragé leurs bourreaux de les traiter de la manière la plus avilissante que l'on puisse imaginer. Etre pauvre dans un pays sous-développé signifie que l'on fait partie, par malheur, de cette catégorie d'Hommes que d'autres peuvent sous-estimer, négliger, dédaigner, voire même offenser en toute impunité.
Certes, ces femmes et ces hommes jouissent en principe d'une myriade de droits sensés préserver leur dignité et l'inviolabilité de leurs corps. Mais ces droits demeurent en grande partie des formules vaines n'ayant aucune trace dans la réalité. Et l'on peut se demander si nos deux victimes éprouvent une quelconque consolation en apprenant que personne n'a le droit de porter atteinte à leur intégrité physique et morale. Malheureusement, la réponse à une telle interrogation ne peut être que négative car l'expérience leur a montré que le droit est souvent l'allié des plus forts. Ces individus qui, armés de leur richesse ou de leur position sociale, ne se posent même pas la question ni sur les limites de leur pouvoir ni sur l'étendu des droits accordés aux autres.
Le deuxième point commun qui rapproche les deux affaires que nous examinons ici, consiste dans l'ampleur de l'humiliation infligée aux victimes. En effet, qu'il s'agisse de Hamada dépouillé de ses vêtements et traîné sur terre ou du jeune Hicham contraint de se prosterner pour embrasser les pieds d'un autre homme, on se trouve face à ce que le philosophe français Pierre Zaoui décrit comme une exhibition publique, sans fuite possible, de sa propre déchéance ou de sa nullité originelle. Dans les deux cas on a été devant une manipulation de la honte par un surcroît de scénarisation et d'insistance dans l'exhibition des faiblesses d'autrui. C'était comme si on retournait la peau de l'autre pour la montrer à tous. C'était comme si les deux hommes se retrouvaient subitement expulsés de l'humanité. Trop bas, trop nul.
Dans les deux cas, c'est une affaire de spectacle, d'intimité exhibée, et aussi d'écart incommensurable entre celui qui se sent humilié et celui qui humilie. On ne se sent pas battu, on se sent infiniment battu, pulvérisé, réduit en poussière, retourné au néant.
Et c'est assurément la laideur des deux scènes qui a amené les citoyens en Egypte et au Maroc à manifester violemment leur désapprobation vis-à-vis de ce genre de pratiques. Ainsi, en plus de la démission du ministre de la culture, l'affaire Hamada Saber a donné lieu à une vague de contestations de la part de tous les égyptiens qui ont considéré la conduite des forces de l'ordre, non seulement comme une atteinte à la dignité d'un seul homme, mais comme une offense dirigée contre la société toute entière.
A Midelt, la réaction des citoyens a été aussi violente que celle des égyptiens. En effet, ce sont des centaines d'individus qui ont manifesté, devant le tribunal de première instance, clamant haut et fort leur indignation face à ce que leur concitoyen aurait subit. Cette manifestation a été également l'occasion pour les fils et petits fils des vaillants mineurs d'Ahouli et de Mibladen d'exprimer leur refus d'une humiliation qui heurte le nouveau concept de citoyenneté résultant de plusieurs décennies d'évolution de la société marocaine. Une humiliation qui nous ramène aux années de plomb et à cette page sombre de notre histoire que nous avons tournée il y a longtemps.
Enfin, les deux événements contribuent à démontrer le peu d'impact que les réformes politiques et juridiques ont sur certaines personnes dont la boite crânienne renferme toujours cette structure mentale archaïque qui ne saisit l'humain qu'à travers deux catégories : celle des suzerains et celle des vassaux. D'ailleurs, nous estimons que cette mentalité qui fut jadis à l'origine de l'esclavagisme et du féodalisme n'est, en vérité, rien d'autre qu'une maladie silencieuse qui touche beaucoup de nos contemporains les transformant, par conséquent, à des moyenâgeux qui se considèrent, chaque fois qu'ils possèdent une parcelle du pouvoir aussi minime soit-elle, comme des surhommes auxquels rien ne résiste. La seule chose qui particularise ces moyenâgeux du XXIe siècle et qui les rend imperceptibles est leur capacité à parler le langage de leurs contemporains, à avoir le même aspect vestimentaire qu'eux. Ces hommes ont également l'aptitude à conduire des voitures et à manier tous les gadgets qui symbolisent la modernité : ordinateurs, téléphones portables, tablettes électroniques, etc. sans oublier que ces individus disposent évidemment d'une adresse électronique ainsi que d'une identité électronique sur Facebook ou sur Twiter, voire sur les deux.


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