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« CASABLANCA, ŒUVRE OUVERTE »
Quand la métropole inspire écrivains, poètes et artistes
Publié dans L'opinion le 15 - 03 - 2013

Après une première édition initiée par Alain Bourdon, directeur de l'Institut français de Casablanca en 1997, l'ouvrage « Casablanca Fragments d'imaginaire », comportant à l'origine douze textes d'écrivains et poètes, vient d'être réédité et augmenté de six nouveaux textes (Editions Le Fennec, Casablanca). Un autre volume regroupant plusieurs textes dans la même démarche est joint à cette réédition portant le titre de « Casablanca Poème urbain ». Les deux livres sont rassemblés dans un coffret sous l'intitulé « Casablanca œuvre ouverte ». On apprend que c'est une « commande de l'Institut français de Casablanca à l'occasion de la célébration du cinquantième anniversaire de sa présence au Maroc ». Contrairement à l'édition originale il n'y a pas de photos en noir et blanc d'artistes photographes qui illustraient les douze livrets rassemblés en coffret.
Comme le signalait l'éditeur à l'occasion de la première édition, à l'origine l'objectif de cette œuvre collective polyphonique, était de « prendre le contre-pied d'un cliché » très répandu qui prétendait que Casablanca, poumon économique du pays, née réellement au début du XXème siècle sur les ruines d'une ville antique Anfa, « est une ville sans âme ». Ce jugement à l'emporte-pièce, il est vrai, peut être mis sur le compte d'un soubresaut moralisateur en réaction à une ambiance d'affairisme sans merci, jamais démenti pendant un siècle, d'une cité moderne qui ne croit apparemment qu'au matériel, l'argent, le profit à tout prix. On ne serait pas loin de réduire la ville à une histoire de spéculation, de prédation etc.
Finalement depuis le temps la démarche plaidoyer fondant cette œuvre collective s'avère plutôt pertinente. Elle permet de faire découvrir une réalité de la ville de Dar el Beida bien plus complexe qu'il n'y parait où la laideur et la beauté peuvent coexister, où se bousculent comme dans une cohue la violence, les disparités, la misère et les signes de luxe provocant, mais aussi la tendresse, la nostalgie, le rêve, la fantaisie, le jeu de mémoire et donc l'imaginaire. L'idée d'une ville de Casablanca inspiratrice ne serait pas usurpée.
Depuis ce projet fondateur donc, il y a quinze ans déjà, rien n'a été réalisé de similaire. Il fallait presque s'attendre, au moins, à une réédition de ces textes et au plus à une suite. C'est ce qui a finalement été réalisé avec les deux options grâce à une complicité éditoriale de Didier Folléas, David Ruffel et Kenza Sefrioui qui annoncent qu'il ne s'agit pas d'écrire sur Casablanca mais bien plutôt à partir d'elle. La nuance est importante car c'est plus pour exprimer une émotion et dessiner l'image d'une ville qu'autre chose. Il est donc naturel que la réédition soit accompagnée par un second tome. Ce dernier est intitulé « Casablanca poème urbain ». Obéissant à la même démarche, on y cherche à montrer le Casablanca actuel avec pas moins de vingt textes.
Le premier tome comme dans l'original commence par un poème de Mohammed Bennis (traduit de l'arabe par Abdellatif Laabi). Plusieurs textes parlent de vie de quartiers. Ainsi Derb Soltane par Driss Chraibi évoquant cette maison familiale sise angle rue d'Angora et rue Ait Yafelmane construite par un maçon espagnol en 1938 « où j'ai situé l'action du « Passé simple » et « La civilisation ma mère ! » deux livres écrits sous les frimas ». Le Maarif raconté par Mohammed Zefzaf au temps d'un certain cosmopolitisme avec ces belles petites villas qui ne cachaient pas le ciel où familles espagnoles et italiennes avaient reproduit l'architecture de leur pays natal et aussi Driss El Khouri qui parle des incursions des enfants guenilleux de Derb Ghallef dans un Maarif de cinémas et de bars-restaurant aux terrasses animées La Presse et Le Magestic peuplés d'Européens. Dans « La cité des Habous » Abdallah Zrika raconte un quartier-monde « seul endroit à échelle humaine » avec ses kissarias, librairies et marché d'olives. Dans « Fragments d'une mémoire dispersée » Mostafa Nissabouri laisse entrevoir un Casablanca poétique en où histoire et légendes sont intimement imbriquées. Suivent des textes de Michel Chaillou, Tito Topin, Touria Hadraoui, Youssef Fadel, Jean-Michel Zurfluh, Didier Folléas, Abdellatif Laabi.
Faisant partie des textes rajoutés à la liste initiale de l'édition originale « A la clinique du docteur B » est un récit traduit de l'anglais, de Jan Morris, extrait du livre « L'Enigme » (Gallimard, 1989, traduit de l'anglais par Georges Magnane) révélant l'activité d'une clinique casablancaise spécialisée pour changement de sexe pour des transsexuels dans les années soixante. Dans « Les sources et le labyrinthe » Souad Bahéchar raconte la vie d'enfants casablancais de familles aisées entre les quartiers Tantonville, Franceville, Polo, Hermitage dans les écoles Abdelkrim Lahlou et Abdelmoumen non loin du no man's land Qtaa Ouled Aicha. Par contre dans « Aux confins de Casablanca » de Siham Bouhlal, c'est la vie dans le quartier périphérique pauvre Lalla Meriem anciennement dit Dayma du nom du grand cimetière à proximité, avec la ligne 10 au temps où il n'y avait qu'elle pour mener de la périphérie sud de la ville (Ben Msik) à Lmdina au nord, le vieux centre de la ville anciennement dite européenne avec ses gratte-ciels, cinémas, boutiques. Dans « Poèmes profonds jetés dans une décharge à Ain Sebaa » de Hamid Zaid il s'agit d'un texte rabelaisien plein d'humour et de fantaisie ironique où l'on a droit à une manière différente de raconter un quartier. Le volume se conclut avec « Casablanca n'est pas un film ni un animal ni un objet » par Tahar Benjelloun.
Le deuxième tome se démarque du premier par les voix nouvelles essentiellement jeunes bien que dans le lot on retrouve des contributeurs de l'ancien volume à savoir Zrika, Hadraoui, Fadel et un texte de Ahmed Bouzfour « La Maison bleue ». Dans ce nouveau livre conçu comme complément, il y a vingt textes d'écrivains, chercheurs, journalistes, musiciens, scénaristes. On retrouve la ville de différentes manières notamment à travers le ballon rond comme c'est le cas de Reda Allali qui raconte avec brio dans « Amour, gloire et tifos » une certaine passion du foot-ball incontournable dans la vie des Bidaouis entre les deux fameux clubs Raja et Widad. Hamid Zaid évoque avec son style de dérision qui lui est propre un coin de nuit dans « Un ange au Cintra ». Ecrivant en arabe Hamid Zaid, déjà cité plus haut, est le seul nouveau contributeur qui soit présent aussi bien au premier tome qu'au deuxième. Le texte où l'on devine la médina par le seul nom Boussbir, le môle tout proche du port, est celui de Mohamed Leftah extrait de son roman Hawa (Editions La Différence). Une nouvelle traduite de l'arabe « Un simple différence » de Malika Moustadraf, relate l'histoire plein de déréliction d'un garçon prostitué boulevard Mohammed V hantant les abords du Marché central. Dans « Avant de fermer la fenêtre » de Amira-Géhanne Khalfallah, la rue d'Agadir est signalée par la présence des femmes en Jellaba sur le pas de l'immeuble où habite la narratrice qui raconte, avec dirait-on une impuissante empathie, l'histoire dramatique de Ouardia. « La maison bleue » beau texte de Ahmed Bouzfour raconte la découverte de la ville de Casablanca qui lui appris la liberté. Un scénario de crime sur le boulevard d'Anfa « Barbu et Barbie à Casablanca » par Hicham Lasri où la violence de la rue est décrite comme au bistouri. Une sorte de méditation très ludique sur la contrefaçon avec évocation de Derb Ghallef traverse le « Houellebeck 7 dh à Derb Ghallef » par Driss C. Jaydane. Dans « Une esthétique de la laideur » Adelmajid Arrif dessine une descente dans les bas-fonds d'une ville abandonnée à son sort.
Autres textes qui évoquent des lieux ou une autre représentation de la ville : « Casa-voyageur » par Mohamed Elkhadiri, « C'est Casablanca » de Driss Abouzaid, « Chanter le malhoun à Casablanca » par Touria Hadraoui, « Capharnaüm » par Fadwa Misk, « Nous, notre père et la mafia » de Youssef Fadel, « Casablanca éclats de chair » de Mohamed Hmoudane, « Où habite Casablanca ? » de Abdallah Zrika.
Les seuls deux textes écrits initialement en darija appartiennent à des jeunes chanteurs, « Tobis » par Barry et « l'adieu » par Khalid Moukdar. Une histoire de déménagement d'un quartier à l'autre émouvante de sobriété dans « Nom de quartier Al Firdaous l'Hermitage » de Issam-Eddine Tbeur. « Lissassfa, la zone » de Hicham Houdaïfa » un reportage qui donne à voir une idée de la déréliction de la marge.
Si les textes en arabe du premier tome étaient traduits par Francis Gouin les nouveaux textes en arabe sont traduits en bonne partie par Mohamed Hmoudane mais aussi par Chadwane Bensalmia pour les textes en darija, Omar Berrada pour le texte de Ahmed Bouzfour « la maison bleue » et enfin une traduction du texte de Zrika « Où habite Casablanca, » de la plume de Amira-Géhanne Khalfallah qui semble bien restituer l'humour mélancolique du poète.
« Casablanca œuvre ouverte », éditions Le Fennec, Casablanca.


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