Le réchauffement climatique serait-il moins important que prévu ? C'est bien ce que concluent des chercheurs norvégiens à la suite des résultats d'un nouveau projet de recherche sur la modélisation climatique, qui seront publiés prochainement. Ainsi, l'objectif de limiter le réchauffement climatique à moins de 2°C, fixé par les décideurs internationaux, serait plus facilement atteignable que le craignaient les experts. Les géophysiciens du Centre for International Climate and Environmental Research (CICERO) [1] ont collaboré avec les statisticiens du Norwegian Computing Center (NR) [2] sur une nouvelle approche de calcul du réchauffement climatique. Les calculs ont pu être réalisés à l'aide des ordinateurs haute performance du Norwegian Metacenter for Computational Science (NOTUR) [3]. Les chercheurs ont notamment réussi à réduire les incertitudes autour du mécanisme de rétroaction du changement climatique. On parle de rétroaction quand une composante du système climatique est modifiée par le changement climatique et que cette modification induite agit en retour sur le climat. Un nombre très important de facteurs influence le développement du climat. La complexité du système est encore augmentée par les phénomènes de rétroaction, comme le caractère amplificateur ou atténuateur des nuages, l'évaporation de l'eau, la libération du méthane présent dans le pergélisol ou encore la fonte des neiges et des glaces de mer dans la cryosphère. Les incertitudes sur ces phénomènes rendent très difficile l'estimation de la part des activités humaines dans l'augmentation de la température moyenne de la planète. Une façon simple de mesurer la sensibilité du climat est de calculer de combien la température moyenne de l'air augmenterait si nous devions doubler le niveau des émissions globales de CO2 par rapport aux niveaux de la période préindustrielle (autour des années 1750). Au rythme actuel, le doublement du CO2 dans l'atmosphère devrait arriver en 2050. Selon le GIEC [4], cette sensibilité du climat est probablement située entre 2°C et 4,5°C, le plus probable étant 3°C de réchauffement. Les résultats du projet proposent une estimation de l'augmentation de la température globale de 1,9°C. Caroline Leck [5], chercheur internationalement reconnue du département de météorologie de l'Université de Stockholm [6], s'est dite enthousiasmée par ces résultats qui, d'après elle, pourraient avoir un impact important sur les objectifs politiques liés au changement climatique, si ces résultats étaient confirmés par de nouvelles études. Le projet a été financé par le programme NORKLIMA [7], programme dédié au changement climatique et ses impacts en Norvège, géré par le Conseil Norvégien de la Recherche (RCN) [8]. Guilhem ORLHAC, Volontaire International Scientifique, SINTEF.