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Il y a deux ans, Oussama Ben Laden fut tué dans un raid américain : Sa mort a-t-elle eu pour effet d'amoindrir la nuisance d'al-Qaïda
Publié dans L'opinion le 04 - 05 - 2013

Dans la nuit du 1er au 2 mai 2011, les membres de la «Team Six» des Navy Seals abattaient le leader d'al-Qaida, Oussama Ben Laden, dans sa villa d'Abbottabad, à 50 kilomètres de la capitale pakistanaise. Le raid américain mettait ainsi fin à plus de dix ans de traque. Retour sur l'après-Ben Laden, en cinq questions.
1- Sait-on vraiment qui a tué
Oussama Ben Laden?
Depuis le raid, le récit de la mort de l'ancien chef d'al-Qaida donne lieu à des récits divers et contradictoires de la part du commando des Navy Seals, baptisé «Team Six». En septembre 2012, un de ses membres, Matt Bissonnette, racontait dans un ouvrage, No Easy Day, qu'il faisait partie des trois hommes qui étaient entrés les premiers dans la pièce où était Ben Laden. Il déclarait qu'un de ses collègues avait d'abord tiré, mais que lui avait achevé le leader islamiste. Dans le magazine Esquire, un autre homme qui se présentait comme «le tireur» avait confié en février dernier avoir été le premier de la «Team Six» à entrer dans la pièce et lui avoir tiré deux balles dans la tête, en voyant qu'il allait s'emparer d'une arme. Cependant, un troisième membre du commando a qualifié cette version de «foutaise totale» sur CNN, indiquant qu'un éclaireur avait d'abord touché Ben Laden, avant l'arrivée d'autres membres du commando, dont «le tireur», qui avait achevé le leader d'al-Qaida… de façon bien moins héroïque, étant donné que dans cette version, Ben Laden n'avait pas de soldats à lui à portée de main. Le site de «Mother Jones» recense ainsi six versions différentes de sa mort.
2- Que deviennent les membres de sa famille,
qui vivaient avec lui?
Une vingtaine de personnes, dont une majorité de femmes et d'enfants, ont été retrouvées dans le complexe d'Abbottabad. Après avoir été interrogées et gardées dans un lieu tenu secret par les services de renseignement pakistanais, pendant plusieurs mois, les trois veuves de Ben Laden - Amal Ahmed Abdul Fateh, Khairiah Sabar et Siham Sabar -et les enfants ont été éjectés du pays. Les veuves sont reparties pour l'Arabie saoudite, sauf la plus jeune, Fateh, qui est retournée vivre dans son pays d'origine, le Yémen. «Elle a été réintégrée dans son clan», indique Mathieu Guidère, professeur des universités et spécialiste des groupes islamistes armés. Selon lui, «le Yémen et l'Arabie saoudite sont réfractaires à toute médiatisation de ces femmes, ils ne veulent pas qu'elles deviennent des attractions, et personne n'a réussi à les interviewer».
3 - Le Pakistan a-t-il protégé Ben Laden lorsqu'il vivait sur son sol?
Après le raid, la question a semé la zizanie entre le Pakistan et les États-Unis: Islamabad savait-il que le leader d'al-Qaida vivait sur son sol? Et que sa villa se trouvait tout près d'une prestigieuse institution militaire? Peu après le raid, la secrétaire d'État américaine d'alors, Hillary Clinton, avait annoncé qu'il n'y avait «absolument aucune preuve que quiconque au plus haut niveau du gouvernement pakistanais» savait. En janvier 2012, le secrétaire d'État à la Défense, Leon Panetta, estimait cependant que «quelqu'un devait être au courant» au sein des autorités pakistanaises. Le spécialiste Mathieu Guidère estime que «pour les États-Unis, le Pakistan ne savait pas». Car si les Américains avaient eu la preuve du contraire, les relations entre les deux pays auraient été beaucoup plus tendues qu'elles ne le sont aujourd'hui.
4 - Quelle est la stratégie
d'Ayman al-Zawahiri,
le successeur de Ben Laden?
Son nom est beaucoup moins connu en Occident. L'Égyptien Ayman al-Zawahiri a remplacé Ben Laden comme leader d'al-Qaida peu après la mort de ce dernier. «Contrairement à ce que l'on pense, indique toutefois Mathieu Guidère, al-Zawahiri est beaucoup plus actif, et plus idéologue, que Ben Laden. Depuis 2011, il a fait une dizaine d'interviews et de déclarations vidéo. Mais il est beaucoup moins médiatisé, car il n'a pas les mêmes réseaux qu'Oussama Ben Laden.» Selon lui, en effet, ceux de son prédécesseur étaient moyen-orientaux, les siens sont plus centrés sur l'Égypte et le Maghreb, des régions moins puissantes économiquement.
Si al-Zawahiri, qui se cacherait aujourd'hui entre l'Afghanistan et le Pakistan, a été moins audible, c'est aussi qu'il est arrivé en plein printemps arabe, et il n'était pas le seul à faire l'actualité. Selon Mathieu Guidère, «il a pris la tête de la mouvance au moment où le discours d'al-Qaida passait de mode: les régimes corrompus et les dictateurs soutenus par les Occidentaux - que le réseau islamiste combattait - étaient ébranlés par les peuples eux-mêmes».
5 - Comment la mouvance al-Qaida a-t-elle évolué ces deux dernières années?
Le printemps arabe a changé la donne, et al-Qaida a dû se repositionner. «En 2011, al-Qaida se posait en rempart des révolutions arabes, affirmant qu'il empêcherait le retour au pouvoir des anciens régimes, explique le spécialiste des réseaux terroristes islamistes. Puis, en 2012, al-Zawahiri a exhorté sa mouvance à aller vers les régimes qui n'étaient pas encore tombés et qui n'appliquaient pas encore la charia (loi islamique), comme le Mali (…). Cette année, il met la pression sur les gouvernements islamistes modérés (les Frères musulmans en Égypte, Ennahda en Tunisie) qui n'ont pas réussi à faire quoi que ce soit. Les gens commencent à douter de leur capacité à faire bouger les choses, ce qui renforce les extrémistes.» Selon l'expert, la nébuleuse reste une marque, revendiquée par de nombreux djihadistes à travers le monde, qui s'adresse à eux notamment par le biais d'Internet - et de sa revue, Inspire. Récemment, les djihadistes syriens Jabhat al-Nosra, l'un des plus puissants groupes de la rébellion anti-ont prêté allégeance à Ayman al-Zawahiri… tout en refusant de fusionner avec la branche irakienne d'al-Qaida.
Quel impact sur al-Qaïda ?
Cependant, la mort de l'«icône» ben Laden a eu pour principale incidence la disparition de celui qui incarnait al-Qaïda. Il exerçait une fascination certaine, autant chez les djihadistes que chez ses plus fervents opposants. Pour ses sympathisants, le «cheick» ben Laden a réanimé le jihad, la guerre sainte, et il est mort en martyr pour la cause. Pour éviter tout pèlerinage, son corps a d'ailleurs été inhumé en mer par les Américains, dans un endroit tenu secret.
Son successeur, l'égyptien Ayman Al-Zawahiri, incarne moins «physiquement» le réseau terroriste. Pour de nombreux analystes, le fait que Al-Zawahiri proviennent du Maghreb et non du Machrek, comme le Saoudien ben Laden, peut être un des éléments de sa moindre notoriété. En effet, c'est au Machrek, l'orient arabe, que se trouve la terre sainte. L'aura de cette origine est ainsi plus forte.
Al-Zawahiri est considéré comme le stratège historique d'al-Qaïda, mais il n'a pas l'assise et les contacts que pouvait avoir ben Laden. Les coûts répétés portés aux finances de l'organisation, ainsi qu'un réseau de contact beaucoup moins étoffé, ne permettent plus, ou beaucoup moins, à al-Qaïda version Al-Zawahiri de monter des opérations d'envergure.
Al-Qaïda, un réseau de «franchises»
Ainsi, depuis la disparition de ben Laden, la principale mutation du groupe terroriste est la montée en force de «succursales locales». Dans tout le monde musulman, des mouvements ont prêté allégeance à l'organisation centrale. Les menaces qu'elles incarnent sont moins globales, plus centrées sur des objectifs locaux. Certes, les ennemis à abattre, «croisés et Juifs», et les buts à atteindre restent les mêmes, comme l'instauration d'un grand califat régi par la charia. La multiplication des cellules a également accru les zones où al-Qaïda peut frapper.
Ces groupes, en rejoignant la «franchise al-Qaïda», ont intégré un ensemble à la visibilité internationale, en renforçant également l'unité du mouvement djihadiste dans son ensemble. Al-Zawahiri a encouragé l'émergence de ces antennes locales. En retour, celle-ci doivent suivre les commandements de l'organisation centrale. Avant de recevoir leur «imprimatur», les organisations candidates sont passées au crible par Al-Zawahiri et son commandement.
Les Nations unies et Interpol ont dressé une liste de ces groupes et personnes liés de près ou de loin à al-Qaida, à la suite des attentats du 11 septembre. La dernière version de cette liste, mise à jour en mars dernier, comporte des centaines de noms et d'organisations. Le pouvoir de nuisance de chacune de ces structures est loin d'être comparable.
Parmi celles-ci, Aqmi, al-Qaïda au Maghreb islamiste, est sans doute l'une des plus préoccupantes, car l'une des plus actives et structurées. Avant janvier 2007, cette organisation islamiste armée d'origine algérienne était connue sous le non de Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). Ce dernier a revendiqué de nombreux attentats, mais également des enlèvements de ressortissants occidentaux, afin de diversifier ses sources de financement. Récemment, l'intervention française au Mali, dont l'objectif était de détruire le foyer islamiste qui menaçait le pays, ainsi que toute l'Afrique de l'ouest, a provoqué un flot de menaces proféré par Aqmi. Dans de nombreux messages, le groupe a prévenu la France de prochaines représailles. Ces menaces ont depuis été relayées par Al-Zawahiri en personne. Dans un message, posté sur des forums islamistes en avril dernier, le numéro un d'al-Qaïda a notamment prévenu que la France « connaîtra le même sort que l'Amérique en Irak et en Afghanistan ». Il s'est aussi adressé directement aux musulmans du Mali, espérant les convaincre de résister afin d'« infliger une nouvelle défaite aux croisades mondiales ».
Dans l'inventaire des Nations unies et d'Interpol, on note également deux autres mouvements particulièrement nuisibles :
* al-Qaïda en Irak, fondé en 2004 par Abou Moussab Al-Zarqaoui, exécuté en 2006 lors d'un raid aérien par l'aviation américaine. Ce groupe est dirigé depuis 2010 par Abou Bakr al-Baghdadi al-Husseini al-Qurashi. L'organisation a revendiqué de nombreux attentats suicides.
* al-Qaïda dans la péninsule Arabique a été fondée en 2009 et opère au Yemen et en Arabie Saoudite. Le groupe a revendiqué l'attentat suicide du 21 mai 2012 commis à Sanna, la capitale yéménite, lors de préparatifs d'une parade militaire. Plus de 100 personnes ont trouvé la mort lors de cet attentat.
Le Front jihadiste Al-Nosra, qui agit en Syrie et combat le régime de Bachar al-Assad, a été le dernier groupe à rejoindre la nébuleuse en avril 2013. «Nous, le Front Al-Nosra, prêtons allégeance à cheikh Ayman al-Zawahiri (…) » a déclaré le leader Abou Mohammed al-Joulani du groupe dans un message audio posté dans un forum.
Il est délicat de dresser un organigramme complet et précis de la structure actuelle d'al-Qaïda et de ses affidés. L'organisation est à géométrie variable et des groupes apparaissent en fonction des conflits et des luttes qui secouent le monde musulman. Les alliances sont également fluctuantes selon les intérêts de chacun.
Par exemple, la position de l'Iran face à al-Qaïda est au centre de nombreux débats. Ce pays est-il un allié objectif de la mouvance djihadiste ? L'Iran, chiite, et al-Qaïda, d'obédience sunnite, se rejoignent sur certaines positions. Ils ont des ennemis communs. Mais même si certains combattants ont bien transité par le sol iranien, la situation en Syrie représente un point de discorde. En effet, l'Iran reste l'un des derniers soutiens de Bachar al-Assad, alors que pour al-Qaïda, il représente un objectif à combattre.
Émergence de «loups solitaires»
Il semble également beaucoup plus problématique et compliqué pour l'organisation de monter des opérations directement en Occident. Les mesures de sécurité renforcée prises à la suite des attentats du 11 septembre ont porté leurs fruits. La création d'une branche en occident d'al-Qaïda est aujourd'hui pratiquement impossible. Mais l'organisation encourage l'émergence de « loups solitaires » qui prennent le label de l'organisation. La mouvance a bien compris l'importance des nouveaux moyens de communication. Les forums djihadistes sont légion sur le web. Une revue en anglais, Inspire, a même été lancée en 2010, pour permettre à tous les apprentis djihadistes de passer à l'action.
Al-Qaïda est une hydre. Une organisation qui est aujourd'hui décentralisée. Opérant sur plusieurs fronts, sa menace est toujours réelle. Et comme cette créature mythologique, une fois une tête coupée, une autre la remplace.
Enfin Al-Zawahiri, comme Oussama ben Laden en son temps, est le terroriste le plus recherché au monde par le États-Unis. Sa traque a un prix, le même que ben Laden : 25 millions de dollars pour une information qui pourrait conduire à sa capture ou à sa mort.


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