Quand la Cour des comptes épingle les projets d'aménagement du réseau routier urbain de Meknès – Suite Nous continuons à publier le rapport de la Cour des Comptes sur la commune urbaine de Meknès, les dysfonctionnements qui entachent la chose publique se ressemblent et se suivent. Les recommandations de la Cour suffisent-elles pour exorciser les démons de la mal-gouvernance qui rongent la ville de Meknès. Aujourd'hui nous publions la 3ème partie de ce rapport qui met sur la sellette l'aménagement du réseau routier urbain. Manque de coordination avec les différents intervenants Il a été constaté que la commune ne coordonne pas suffisamment ses actions avec celles des autres intervenants au niveau des travaux de la voirie, ce qui ne permet pas d'éviter les externalités négatives. Ce constat est confirmé par la multitude de correspondances échangées entre la commune et les services de la Régie d'eau et. d'électricité (RADEEM) au sujet des impacts négatifs réciproques de leurs interventions. A ce niveau, il a été relevé ce qui suit: - Dégradation des travaux exécutés par endroit à cause de la multitude des interventions opérées par la RADEEM; - Arrêt des travaux du fait qu'ils ont coïncidé avec de gros travaux d'assainissement conduits par la RADEEM dans le même site; - Non exécution des travaux dans l'une des rives de la double voie BA 19 située au quartier « al bassatine » due au fait qu'après la pose des buses d'assainissement au milieu de la voie, l'épaisseur restante par rapport à la surface n'est que de 20 cm alors que la structure proposée par le laboratoire public exige une épaisseur plus importante, composée de : 10AC+20GNF+15GNA+5EB. Ainsi, une coordination préalable entre les différents intervenants demeure indispensable afin d'assurer le bon déroulement de la réalisation des projets de voirie. Insuffisances relevées dans la qualité des travaux exécutés Négligence des travaux de drainage des eaux pluviales et des équipements d'assainissement Le système de drainage des eaux pluviales n'a pas été renforcé par la mise en place de buses, de regards et d'avaloirs pour parer au déficit relatif à ces équipements, dont le rôle est incontestable dans la lutte contre la stagnation des eaux pluviales, pouvant causer l'affaiblissement du corps de la chaussée et sa dégradation. A cet effet, les observations suivantes ont été constatées: - L'étude n'a pas prévu pour les voies et tronçons de voies, ne disposant pas de système de drainage des eaux pluviales, de construire des caniveaux en béton pour évacuer ces eaux le long de la voie jusqu'aux avaloirs les plus proches. Il en découle une érosion et dégradation des extrémités de la voirie. Pour les voies des quartiers ne disposant pas de pente, il a été relevé que celles-ci connaissent une stagnation des eaux pluviales. Ceci incombe, comme ça été évoqué plus haut, à l'absence de travaux topographiques devant accompagner les travaux de reprofilage. Ces anomalies concernent certains tronçons de voies situées dans les quartiers «Water » et « Hassan Ibn Nouaman », objet du marché na 02/2008 lot n°2 et « Hay Al Ahmadia » et « Hay Alwahda », objet du marché n°02/2008 lot n°4; - Les avaloirs situés au niveau des quartiers « Ibn Rochd et Zahoua » ne sont pas opérationnels; soit parce qu'ils sont bouchés ou nécessitent une réfection, causant ainsi une stagnation d'eau de natnre à porter préjudice au corps de la chaussée; il semblerait que les habitants les ont obturés délibérément pour remédier aux mauvaises odeurs qu'ils dégagent suite à la disparition de leurs siphoïdes; - Le défaut de mise à la cote des regards d'assainissement placés au milieu de la chaussée de certains quartiers et axes routiers aménagés notamment dans le cadre des marchés: n° 01/08 lot 1 et n° 02/08 lot 4. Ce qui ne permet pas un bon calage des tampons d'assainissement à la bonne hauteur et présente par conséquent des risques pour la sécurité des véhicules; - Affaissement ou dégradation d'un nombre élevé de regards d'assainissement et des eaux pluviales mises à niveau dans le cadre du programme de travaux. Manque de travaux de revêtement des trottoirs Il a été relevé que les travaux routiers exécutés n'ont pas été accompagnés, pour un grand nombre de voirie, par les travaux de dallage des trottoirs; ce qui peut entrainer une détérioration précoce des voies aménagées sous l'effet d'infiltration des eaux pluviales à travers les trottoirs non revêtus. Insuffisances et malfaçons dans les travaux d'aménagement de voirie Marché n°01/08 lot n°1 L'examen du dossier de ce marché a révélé que les travaux ont été arrêtés juste après exécution de 10% du programme. La commission technique susvisée ayant constaté, en date du 26/08/2009, l'expiration du délai d'exécution contractuel depuis janvier 2009, avait recommandé de procéder à la résiliation du marché. Ce qui n'a pas été réalisé par la commune. L'entreprise a repris les travaux, et en date du 27/12/2011 les travaux ont été arrêtés de nouveau, après réalisation d'un taux de 57%. Cet arrêt étant imputé cette fois-ci à l'insuffisance des quantités prévues au marché par rapport au volume des travaux programmés. Pour y remédier, la commune a contracté un avenant au marché qui a été approuvé par les autorités de tutelle en date du 08/06/2012. Mais l'entreprise n'a pas repris les travaux et aucune justification n'a été fournie dans ce sens; ce qui dénote le manque de rigueur de la part de la commune face à une entreprise manifestement défaillante. Dans le but de contrôler ce qui a été réalisé, la Cour régionale des comptes a mené des investigations sur place en présence de l'ingénieur et du technicien de la commune chargés de suivre les travaux. Les observations suivantes ont été relevées : - Non conformité des travaux de terrassement et de compactage et de pose de bordures de voirie aux normes techniques au quartier « Sidi Baba » à coté de l'école « Ibrahim El Hilali ». En fait, les travaux ont été suspendus après intervention du laboratoire public qui les a déclaré non conformes; - Exécution de la couche de roulement par le mélange bitumineux de type GBB au lieu de l'enrobé bitumineux EB 0/10. Constat relevé par le laboratoire public dans son rapport n° 09/292/408. Ce qui affecte la qualité des travaux réalisés étant entendu que la couche de GBB est utilisée sous la couche de roulement; - Les chemins piétons à l'intérieur des quartiers utilisés aussi par les véhicules ont été renforcés par un revêtement en béton en l'absence de travaux de rabotage et de réglage de fond de forme qui doivent le précéder. Ainsi, les chemins aménagés comportent des bosses par endroit. Ce qui a poussé les habitants à exiger le remplacement du revêtement par béton par un revêtement bitumineux. Marché n°01/08 lot n°2 Outre le plan d'adaptation relatif à ce marché, deux autres plans complémentaires ont été établis, le premier adopté en date du 25/08/2009, suite aux défaillances relevées par la commission technique diligentée par l'autorité de tutelle, et contient des solutions du bureau de contrôle et de suivi visant à renforcer la structure de la chaussée par une couche épaisse de bitume de type GBB au dessous de la couche de roulement. Or, les quantités de GBB prévues ne pouvaient suffire pour réaliser toute la voirie fixée dans le programme des travaux, d'où l'adoption d'un deuxième plan par le bureau de suivi qui consistait à exécuter le reste du programme avec les quantités disponibles à savoir avec un reprofilage de la chaussée et une couche de roulement de l'enrobé bitumineux, il en résulte que certaines voies, prévues dans le programme, nécessitant un renforcement plus important, n'ont pas bénéficié de la structure appropriée. Il s'agit à titre d'exemple de l'avenue principale de « Hay Al Mansour » caractérisée par un trafic intense. Tandis que certaines voies de quartiers situées dans la même zone ont été aménagées avec une structure très renforcée compotant : Une couche de GBB de 8 cm et une couche de roulement d'enrobé bitumineux EB; ce qui dénote que ces travaux ont été exécutés d'une manière non conforme. A suivre `