Rien sur le territoire marocain, en matière d'urbanisme, n'échappe à l'irrégularité, à l'illégalité et au chaos qu'y ont étalé et développé la mauvaise gouvernance, l'irresponsabilité et le mépris des lois. Ville balnéaire devant bénéficier de sa part d'un urbanisme modèle, conçu en fonction des besoins et choix de ses populations, ainsi que de sa vocation et de son avenir, Skhirate évolue suivant un canevas défaillant qui développe des paysages marqués par la laideur et l'insalubrité sous toutes ses formes. La Commune urbaine de Skhirate est une ville balnéaire qui s'étend sur une superficie de 45 km2. Elle est située entre les villes de Rabat et Casablanca. Le centre de la ville, plutôt pauvre et rural, est séparé de la partie balnéaire par l'autoroute reliant Rabat à Casablanca. La ville est aussi un centre de pêche apprécié pour sa situation géographique. Cependant, la ville est occupée par 33 noyaux d'habitats non réglementaires, soit plus de 4860 ménages, éparpillés aussi bien dans le centre, la zone agricole que la partie balnéaire. Les bidonvilles représentent 52% du parc de logements. Les noyaux les plus importants se trouvent au niveau du Douar Jdid (1.700 ménages) et du Douar Al Aarja (1.295 ménages). Absence d'une planification Les quartiers de la ville de Skhirate sont marqués par des insuffisances plus ou moins prononcées au niveau des équipements, des services et des aménagements de bases et l'occupation anarchique de l'espace. L'état général des quartiers dénote de l'absence d'un paysage urbanistique intégré et d'une vision urbaine d'ensemble. La commune de Skhirate représente la deuxième niche d'habitats non réglementaires au niveau de la préfecture de Skhirate. Le nombre des ménages qui habitent dans les bidonvilles s'élève à 4.811 sur un nombre total de 34.000 ménages recensés au niveau de la préfecture (soit 14%). En dépit des efforts consentis pour lutter contre l'habitat non réglementaire, le taux de résorption des bidonvilles n'a pas dépassé 54% des ménages recensés. Ainsi, et compte tenu de la croissance démographique et de l'urbanisation rapide, ce rythme et les synergies mises en oeuvre restent en deçà des objectifs escomptés. Délabrement des équipements publics et quasi-absence des espaces verts L'état de délabrement général des équipements publics (les réseaux de voirie, d'assainissement et d'éclairage public) limite les possibilités de réalisation d'un développement urbain équilibré de la ville et l'accompagnement de son essor socio-économique. Toutefois, et à l'exception d'un projet lancé en 2013 mais qui demeure sans vision intégrée, la commune ne dispose pas d'un programme de mise à niveau urbaine qui couvre la totalité du territoire communal. La ville de Skhirate présente plusieurs opportunités d'aménagement paysager vue ses caractéristiques géographiques et climatiques. Pourtant, mis à part la zone balnéaire, l'espace urbain manque d'espaces verts, même au niveau du centre de la ville et du boulevard principal Hassan II. Le territoire communal est composé de sept secteurs urbanistiques à savoir : Skhirate-centre, Skhirate-plage, la zone agricole, la zone stratégique, la ceinture verte, les zones de recasement, la zone industrielle. Toutefois, la gestion de ce territoire appelle les observations suivantes : La date de validité du PA de la ville de Skhirate a expiré depuis juin 2009. La commune autorise ainsi les opérations d'urbanisme sur la base d'un PA sectoriel non homologué, établi en 2005 pour l'intégration des quartiers bidonvilles. Pourtant, la commune n'a pas pris les démarches nécessaires pour l'élaboration d'un nouveau PA et son homologation. Seulement deux équipements publics parmi les 98 prévus par le PA ont été réalisés. En plus, plusieurs espaces réservés aux équipements publics ont été désaffectés, suite à l'expiration de la date de validité du PA, au profit de la construction de lotissements et d'ensembles immobiliers, et ce dans le cadre des dispositions de l'article 28 de la loi 12.90 relative à l'urbanisme. Il s'agit à titre d'exemple des lots objets des dossiers d'autorisation n°32/12, 363/13, 38/10, 535/11, 727/13 et 1032/12. Autorisation des constructions sur les réserves agricoles Plusieurs projets de lotissements, de logements sociaux et industriels ont été autorisés par dérogations au PA au niveau des réserves agricoles. En effet, parmi onze dérogations, sept ont concerné la désaffection de réserve agricole au profit de projets industriels et quatre au profit de projet de logements sociaux et de lotissements. Toutefois, et hormis l'importance des projets engagés, le changement d'affectation apporté sur le PA en l'absence d'études de planification et d'impacts risque de compromettre l'équilibre souhaité par les documents d'urbanisme.