C'est grâce à Georges Méliès que les décors sont devenus une partie intégrante des films. Il fut le premier, parmi d'autres tâches pionnières, à utiliser un décor dans des films qui ne sont en fait que la reproduction de ses pièces de théâtre avant d'illustrer ses premiers scénarios. Déjà élément fondamental dans l'élaboration d'une pièce de théâtre, le décor va acquérir la même importance lors de la conception et réalisation des films. Il faut désormais dessiner, fabriquer et placer les décors avant toute opération de tournage. Les décorateurs de scènes, architectes de décor, comme les menuisiers, plâtriers et autres artisans, sont constamment sollicités pour contribuer à la réalisation des films et parfois leurs œuvres sont largement appréciées et récompensées. Les festivals à compétition les plus modestes attribuent des Prix de mérite aux meilleurs décorateurs de films au même titre que les autres spécialités. Cependant, les décors ont beaucoup plus d'importance au cinéma qu'au théâtre. Une pièce peut parfaitement se jouer dans un décor extrêmement schématique et même devant un simple rideau, alors qu'on s'attend moins à une action cinématographique en dehors d'un cadre réel et authentique. Le réalisme qui s'attache à la chose filmée semble appeler obligatoirement le réalisme du cadre et de l'environnement. Au cinéma, le concept de décor comprend aussi bien les paysages naturels que les constructions humaines. Les décors, qu'ils soient d'intérieurs ou d'extérieurs, peuvent être réels ou construits en studio. On construit les décors en studio par vraisemblance historique, soit pour des raisons d'économie, soit pour des raisons techniques. Mais on construit aussi les décors par volonté de symbolisme, par souci de stylisation et de signification. Ainsi, on peut définir un certain nombre de conceptions générales du décor à commencer par le décor réaliste qui est en fait celui de la plupart des films de l'école réaliste française des années 30, des cinéastes soviétiques et américains, en particulier les westerns, et l'école italienne de l'après-guerre quand les cinéastes avaient une vision rigoureusement réaliste, pointilleuse et directe de la vie. Dans cette perspective, le décor n'a pas d'autre implication que sa matérialité même. Il ne signifie que ce qu'il est. Puis le décor impressionniste qui est choisi en fonction de la dominante psychologique de l'action. Il conditionne et reflète à la fois le drame des personnages. Les réalisateurs de cette veine ont un grand sens des atmosphères. Enfin, le décor expressionniste, qui contredit le précédent en général naturel, et qui est, lui, presque toujours artificiellement créé en vue de suggérer une impression plastique en convergence avec la dominante psychologique de l'action. Ce mouvement rejette le réalisme, le naturalisme, l'impressionnisme et se fonde sur une vision subjective su monde, la traduction de l'intériorité exprimée par la déformation, la stylisation, l'abstraction et le symbolisme.