Au moins 41 personnes dont 28 civils ont été tuées dans des raids de la coalition antijihadistes dirigée par Washington jeudi contre une localité aux mains des jihadistes en Syrie, selon un nouveau bilan fourni vendredi par une ONG. La localité visée d'Al-Ghandoura, contrôlée par le groupe Etat islamique (EI), est située dans la province septentrionale d'Alep, à une vingtaine de km au nord-ouest du fief jihadiste de Minbej assiégé par les Forces démocratiques syriennes (FDS) soutenues par Washington. Selon Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), le bilan des frappes menées par les avions de la coalition s'est alourdi à 41 morts. Parmi eux figurent 28 civils dont sept enfants, alors que les 13 autres victimes n'ont pas encore identifiées pour savoir s'il s'agit de civils ou de combattants jihadistes, a-t-il précisé. Un premier bilan fourni la veille faisait état de 15 civils tués. Ces frappes sont intervenues le jour où la coalition internationale contre l'EI a reconnu de nouvelles victimes civiles dans des bombardements en Irak et Syrie ces derniers mois, qui ont fait au total selon elle 55 morts depuis le début de la campagne aérienne en 2014. Mais la coalition est accusée de sous-estimer largement leur nombre. Selon l'OSDH, les frappes de la coalition en Syrie ont tué environ 600 civils, dont 136 enfants. La coalition a annoncé mercredi l'ouverture d'une enquête formelle sur une frappe le 19 juillet près de Minbej, qui a fait au moins 56 morts selon l'OSDH. L'armée américaine enquête sur une frappe aérienne qui aurait fait des victimes civiles jeudi près de Manbij, dans le nord de la Syrie, a annoncé le commandement central de l'US Army. La coalition conduite par les Etats-Unis a mené plusieurs bombardements aériens près de Manbij au cours des dernières 24 heures, poursuit le Central Command dans un communiqué. Tenue par l'Etat islamique, la ville est assiégée depuis des semaines par les Forces démocratiques syriennes FDS. Elle a déjà été visée par de nombreuses frappes dont l'une s'est révélée particulièrement meurtrière dans les rangs des civils. Amnesty International a exhorté la coalition à «redoubler d'effort pour empêcher la mort de civils et à enquêter sur de possibles violations du droit humanitaire international». Couloirs humanitaires pour les assiégés d'Alep Sur un autre volet, la Russie, alliée du président syrien Bachar al-Assad, a annoncé des couloirs humanitaires pour permettre aux civils et combattants de sortir des secteurs rebelles de la métropole d'Alep, assiégés et bombardés sans relâche par le régime. L'opération russe pourrait ouvrir la voie à la reprise totale par le régime de cette deuxième ville de Syrie et porter ainsi un coup fatal à la rébellion qui lutte depuis cinq ans pour renverser M. Assad. Enjeu majeur du conflit, Alep est divisée depuis 2012 en quartiers tenus par le régime à l'ouest et secteurs contrôlés par les insurgés à l'est. A coups de barils d'explosifs et de raids aériens intensifs qui ont fait des centaines de morts et laissé en ruines les quartiers rebelles dans l'est d'Alep, les troupes du président Assad cherchent depuis des mois à reconquérir ce secteur où elles assiègent quelque 250.000 personnes depuis le 17 juillet. Parallèlement à l'initiative russe, M. Assad a décrété une amnistie pour tous les insurgés qui rendraient les armes dans les trois mois. Moscou aide militairement depuis plus d'un an le régime syrien dans sa guerre contre les rebelles et les jihadistes. Son aviation a participé aux bombardements des secteurs rebelles d'Alep. Constatant «une situation difficile», le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a annoncé une «opération humanitaire de grande ampleur» à Alep avec la création de trois couloirs pour «les civils pris en otage par les terroristes et pour les combattants souhaitant déposer les armes». Un quatrième doit être ouvert, dans le nord, sur la route du Castello, afin de permettre «le passage en sécurité des combattants armés», a-t-il ajouté.