Les Andalousies atlantiques ont soufflé leur 14ème bougie du 26 au 29 Octobre. Une rencontre musicale certes, mais au discours foudroyant d'espoir. Un festival qui étonne et qui rassure. Unique dans son approche, il caresse le cœur, titille l'esprit et boxe les idées reçues. La tolérance, il la prône depuis sa naissance. De par son poignant forum, mais aussi à travers ses spectacles pendant lesquels on saigne du même sang. Ce ne sont pas des fusions qui s'y opèrent, mais des sortes de rappels à l'ordre. Cela se produisait avant, ne se croise que rarement de nos jours. Mettre en phase juifs et musulmans, Palestiniens et Israéliens, humains et humains, c'est une douche d'espérance qui coule à flots. Une association pur hallal. Et pourquoi alors embêter le monde avec des thèses haineuses, parfois bouleversantes d'ignorance, souvent nourries de vengeance ? Lorsqu'on chante l'amour ensemble, on ouvre des bras prêts à enlacer l'avenir en y incluant la douleur du passé. Malheureusement, ce passé se conjugue au présent. Les Andalousies atlantiques militent, à travers un conclave ouvert, pour que tout soit dit et assimilé. Les rêves de ses acteurs ne deviendront réalité qu'avec le bon vouloir de ceux qui président aux destinées d'un peuple face à un autre et - fondamentalement - inversement. L'officiel est le poison incontournable de l'officieux. C'est en quelque sorte comme si on disait : «Je t'aime mais on ne m'autorise pas à le dire». Un droit bafoué, une relation saccagée. Cela est traduit par l'action inespérée de la Palestinienne Huda Abu Arquoub, responsable de l'Alliance pour la paix au Moyen-Orient, à l'origine du rassemblement des femmes de la région - juives et musulmanes - pour que la guerre soit réduite en cendres. A Essaouira, elle a loué les bienfaits de cette rencontre, tout comme son compatriote Ali Abu Awwad, emprisonné avec sa mère lors de l'Intifada1 et orphelin de son frère abattu par un soldat israélien. Aujourd'hui, il évolue en pacifiste à la tête de l'association Taghyeer. Il parle les yeux baissés, la voix monocorde, le message limpide. Il espère la stabilité là-bas et maintenant. Au Maroc, à Essaouira, il cherchait une oreille attentive. Il en a eues en masse et parmi elles celle d'André Azoulay, fondateur du festival : «C'est la fraternité qui devrait nous unir à jamais.» En définitive, ce festival est un trouble-fête aux adorateurs du chaos. Mohamed YACOUB